Le psychologue
1498 Words
*Angélique
Ça m’a fait bien fou de dormir avec Marco. Être dans ses bras et me réveiller à ses côtés m’avait manqué. Il est parti tôt pour pouvoir se changer et passer quelques coups de téléphone à son travail et à son ami qui s’occupe de sa maison et de mon chat.
J’attends l’arrivée de l’infirmière pour m’aider à la toilette. Elle arrive. C’est une belle rousse aux yeux verts. Elle me parait hautaine mais je n’y prête pas cas. Elle m’aide à la toilette lorsque Marco finit par revenir. Elle ne se gêne pas pour le dévorer des yeux. Je ne peux que la comprendre. Marco est un très bel homme qui fait succomber toutes les femmes qu’il veut.
Cette pimbêche se penche un peu plus juste pour attraper un tee-shirt propre pour me l’enfiler. Elle en profite pour aguicher Marco qui se trouve derrière elle. Je le vois jeter un coup d’œil et baisser la tête quand il me voit le regarder faire.
Avant de partir, celle-ci se colle à Marco et lui dit :
« Comme ça fait un moment que je te vois dans le coin, je me dis que peut-être tu as envie de t’amuser un peu. Je te donne mon numéro, comme ça on pourra passer un bon moment dans une chambre que tous les deux. »
Marco ne semble pas savoir comment réagir. Il prend le numéro mais ne lui répond rien. J’aurais aimé qu’il la rejette en lui disant qu’il était déjà pris, mais apparemment il ne voit pas les choses comme ça.
J’aurais dû me douter que ça n’allait pas durer. Qui voudrait de moi ? Il n’y a que me regarder : je ne fais aucun effort vestimentaire (toujours en jean et sweat), jamais aucun effort maquillage, jamais aucun effort pour paraître féminine. À quoi bon ? Je ne ressemble à rien et je parais encore plus ridicule quand je fais un effort car ce n’est pas moi.
L’infirmière finit par sortir de la chambre et Marco n’a pas bougé de place et n’a pas décroché un mot.
« Je suppose que tu comptes l’appeler. »
« Pourquoi tu dis ça ? »
« Depuis le temps que je suis dans le coma, tu n’as eu aucun rapport. Ça doit te manquer. Et en plus, c’est une femme qui rentre dans tes critères de sélections. »
« Ne dis pas n’importe quoi ! Je n’ai pas de critères de sélections et en plus, c’est toi que j’aime ! »
« Je ne sais pas … Peut-être que tu l’as dit sur le coup de la peur de me perdre et qu’aujourd’hui tu ne le penses plus. »
« Tu dis n’importe quoi ! Bien sûr que je le pense ! Et toi ? Tu le penses toujours ? »
« Oui, je t’ai toujours aimé. Ça a commencé quand Pierre s’est éloigné de moi. »
Il s’approche de moi, s’installe sur le lit et me prend dans ses bras. Je ne peux pas le nier. C’est la meilleure place au monde. Seulement, les doutes reviennent et la peur de l’abandon et de la trahison aussi. Tant de gens m’ont déçus et trompés. Tant de gens se donnent une image qui ne leur correspond pas. J’ai peur que Marco se fourvoie dans ses sentiments et confonde amour et forte amitié.
Et une question me hante : A-t-il fait les mêmes rêves ?
*Marco
Cette infirmière est culottée. Il est vrai que, il y a quelques mois, je l’aurai appelé sans hésiter mais aujourd’hui, tout est différent. J’ai Angélique. Nous nous sommes enfin avoué nos sentiments et j’en suis plus qu’heureux. Évidemment que je savais depuis longtemps que j’étais amoureux d’elle, mais j’avais trop peur de la perdre. Aujourd’hui, je vais tout faire pour la rassurer et lui faire comprendre que tout sera différent avec moi.
Nous nous sommes endormis dans les bras l’un de l’autre lorsque quelqu’un toque à la porte. Je dis d’entrer doucement pour faire comprendre à la personne que ma moitié dort.
Je vois entrer Mégane et Cédric. Ils me saluent, Mégane embrasse doucement sa mère et me demande comment elle va. Je lui dis qu’on attend le passage du médecin. Ils repartent en me disant qu’ils repasseront quand elle sera réveillée. Bien sûr, je les appellerai pour les prévenir.
En début d’après-midi, un médecin entre dans le chambre. Ce n’est pas le Docteur Chepniers. Celui-ci se présente en tant que le Docteur Lotharius, psychologue. Il est grand, des cheveux courts aussi noirs que ses yeux. Je ne m’explique pas mon malaise en sa présence. Une chose est sûre, je ne laisserai pas Angélique seule avec lui.
« Bonjour Monsieur, je suis le Docteur Lotharius. Je suis psychologue et je suis là pour Madame Larcier. »
« Pourquoi Angélique aurait-elle besoin d’un psy ? Avec sa fille, nous sommes pas pour elle. Elle n’a pas besoin de séance. »
« Excusez-moi Monsieur mais vous êtes qui pour Madame ? »
« Je suis son compagnon. »
« Ah, d’accord, je ne savais pas. Ce n’était pas stipulé dans son dossier. »
« Et alors ? Ça n’a aucune importance. »
« Vous avez raison, mais je vous demanderais quand même de sortir de la chambre pendant que je discute avec Madame. »
Au même moment, Angélique se réveille. Le docteur se présente à elle et, instinctivement, elle se blottit dans mes bras. Il lui explique que, suite à une tentative de suicide, c’est un suivi normale avant de pouvoir quitter l’hôpital. Elle demande à ce que je reste pendant les séances mais il refuse catégoriquement. Je la rassure en lui disant que je reste devant la porte. Et je sors.
*Angélique
La présence de cet homme me met mal à l’aise, je ne comprends pas. Il me fait penser à quelqu’un mais je ne vois pas qui.
« Excusez-moi Docteur, je n’ai pas bien compris votre nom. »
« Ce n’est pas grave Madame Larcier, je suis le Docteur Lotharius. »
Un frisson inexplicable me parcourt le corps, un flash-back d’une scène de mes rêves me revient en mémoire mais tout est flou. Je vois vaguement une jeune fille s’enfuir d’une tente, je vois ensuite dans un brouillard un homme sur une estrade parler à une foule et je m’évanouie.
*Docteur Lotharius
Ce n’est pas grave ma petite Angélique, nous avons tout le temps pour parvenir à mes fins. J’en ai mis du temps à te retrouver, je ne vais pas te lâcher de sitôt. Marco n’est pas un obstacle comme à chaque vie où je t’ai retrouvé. Celle-ci est la dernière et la bonne. Tu m’appartiens depuis le jour où tes parents m’ont donné ta main. On va l’avoir notre mariage car une parole est une parole, même à travers les siècles et les réincarnations. À très bientôt Angélique.
J’en ai traversé des vies et des réincarnations pour te retrouver. La malédiction vous a rendus faibles et malheureux, mais vous arrivez toujours à vous retrouver. J’ai espéré que cela s’arrête mais vous finissez toujours à vous aimer et à mourir. La malédiction ne me suffit plus. Je veux réclamer mon dû, c’est-à-dire : toi ! Toutes mes réincarnations n’ont pas suffi à vous détruire pour punir votre offense. Alors, je change de méthode et je vais t’enlever et te garder avec moi jusqu’à la fin des temps. Mais pour ça, je dois réussir à t’éloigner de Marco, t’amener à le détester et à tomber amoureuse de moi. Et pour ça, j’ai quelques idées.
* Marco
Le docteur sort enfin de sa chambre. Il m’explique que ça n’a pas duré longtemps car Angélique est trop fatiguée et qu’il reviendra demain.
Je rentre dans la chambre et me couche auprès de ma belle. Elle semble trembler et faire un cauchemar. Je la réveille en douceur en lui déposant des bisous sur la joue. Elle ouvre les yeux et colle sa tête contre mon torse.
« Il me fait peur le psy, Marco. »
« Pourquoi ? »
« Il me rappelle quelqu’un que j’ai vu pendant mon coma. Je sais que ça va te paraître fou mais, pendant mon coma, j’ai fait comme des voyages dans le temps où je nous ai vu dans différentes vies. Je sais, c’est dingue, mais c’est comme si nous étions des âmes-sœurs. »
« Non, ce n’est pas fou car j’en ai fait toutes les nuits tout le temps que tu étais dans le coma. »
On se regarde, choqués. On se raconte, chacun notre tour, les rêves que nous avons faits, et là, stupeur ! Non seulement, nous avons fait les mêmes mais en plus ils se suivaient dans la chronologie. Cela veut donc surement dire que la malédiction serait vraie…
Qu’allons-nous faire ? Comment ? Et surtout ? Comment savoir si c’est vrai ?
- Writer
