Choisie par les Rois-Dragons

Chapitre 4

“Grand-mère, lève-toi, nous devons partir. Ils vont de porte en porte,” je chuchote, en mettant mes bottes trouées et en faisant rapidement mes lacets. Je tire mes cheveux en une queue de cheval, pour qu’ils ne me tombent pas dans le visage. En mettant mes lentilles, j'entends d'autres cris venant de l'extérieur et des personnes qui se battent.

“Allez, grand-mère, lève-toi”, lui dis-je, en tirant sur son bras. Elle secoue la tête avant de sortir un petit couteau du tiroir de la table basse pour le mettre sur ses genoux. Elle me regarde avec un air triste sur le visage.

“Cours, Elora. Je ne les laisserai pas savoir. Je ne ferai que te ralentir. Tu dois partir sans moi”, murmure-t-elle. Je la regarde, paniquée. De quoi parle-t-elle ?

“Non, grand-mère, allez. Nous devons partir maintenant”, lui dis-je, essayant de la faire se lever. Elle me repousse et secoue la tête.

“J'ai promis de te garder en sécurité. Je ne peux pas si tu ne pars pas maintenant.”

“De quoi parles-tu, grand-mère ? Promis à qui ?”

“Souviens-toi des histoires, Elora. Tu dois te souvenir des histoires. Maintenant, cours.”

“Non, je ne pars pas sans toi”, lui dis-je, les larmes coulant sur mon visage. Avant que quelqu'un ne frappe si fort à la porte que je pensais qu'elle allait se briser en mille morceaux.

“S'il te plaît, grand-mère, nous devons y aller.”

“Je t'aime, Elora”, murmure ma grand-mère avant de lever le couteau et de se trancher la gorge. Je crie et m'agrippe à son cou, essayant d'arrêter le saignement.

“Cours”, gargouille-t-elle. Juste au moment où ils ont enfoncé la porte, mes mains sont couvertes de son sang. L’adrénaline me submerge, et je file par la porte arrière, à travers les rues enchevêtrées de la ville. Je commence à sauter par-dessus des clôtures et à courir dans des ruelles. Mon corps crie alors que je me jette par-dessus une autre clôture pour atterrir dans une autre ruelle.

J'entends les cris paniqués des personnes dans les rues voisines. En courant derrière une benne à ordures, je me baisse rapidement, écoutant attentivement. J'entends un léger sanglot, seulement pour réaliser que cela venait de moi alors que des larmes chaudes coulent sur mes joues à cause de ce que ma grand-mère venait de faire. Les images sont gravées à jamais dans ma mémoire.

Je plaque ma main sur ma bouche, essayant de faire taire les bruits que je fais, ma respiration est erratique. Mon cœur bat si fort que je peux l'entendre. Regardant par-dessus la benne, je me baisse à nouveau derrière elle quand j'entends un homme crier, pointant dans ma direction.

“Toi là ! Arrête !” Je n'écoute pas ; au lieu de cela, je me mets à courir. Je cours jusqu'à la fin de la ruelle pour découvrir qu'elle est bloquée par un bâtiment et un mur de briques, formant une impasse. Je vois une benne à ordures et grimpe dessus, essayant d'atteindre l'échelle de secours, mes doigts agrippant la dernière marche et je fais descendre l'échelle vers moi. Entendant quelqu'un pleurer derrière la benne, je regarde en bas seulement pour remarquer une petite fille vêtue de haillons. Je tire l'échelle vers le bas et tends ma main vers elle.

“Où est ta mère ?” je demande, en la regardant, son visage taché de larmes.

“Ils l'ont emportée”, sanglote-t-elle.

Sans hésiter, je la soulève pour qu'elle puisse monter, et ensemble, nous courons vers le toit. Mais pas assez vite pour le vampire qui nous poursuit. Une main forte agrippe ma cheville, me tirant brutalement vers le sol. Je tombe douloureusement sur un homme, ma tête heurtant le sol avec un bruit sourd alors que je mords ma langue. Un autre homme récupère la fille, et j'entends son cri avant qu'un fort CLAC ne vienne de lui la giflant au visage.

Ses cheveux blonds sales et emmêlés sont tout ce que je vois alors que sa tête se tourne sur le côté, du sang s'écoulant de sa lèvre et le bruit de la chair sur la chair résonne dans la ruelle.

“Laisse-la, c'est juste une enfant !” je crie. La petite fille humaine, qui semble avoir peut-être neuf ans, échappe à l'homme et court derrière moi, se cachant contre mon dos. Je la maintiens là, la protégeant de leurs yeux hostiles alors que d'autres hommes descendent la ruelle. Un grand homme en armure noire s'approche, ses cheveux tombant jusqu'aux épaules et une énorme cicatrice sur son visage, ses yeux cramoisis se reflétant étrangement alors qu'il nous fixe. Un Vampire.

“Dépêchez-vous, amenez-les au château avec le reste d'entre eux”, crie-t-il aux autres hommes. L'homme qui m'a attrapée me tire les cheveux, les racines se déchirant douloureusement de mon crâne alors que ma tête est tirée en arrière.

“Bouge”, me crie-t-il au visage. J'obéis, suivant l'homme vampire vêtu d'une armure noire. La petite fille s'accroche à l'arrière de ma chemise. Je sens ses mains trembler en réalisant qu'elle n'a pas de chaussures.

Me penchant, je la prends sous les bras et la soulève. Ses pieds sont comme de la glace alors que ses jambes s'enroulent autour de ma taille. J'essaie d'utiliser ma chaleur corporelle pour réchauffer son corps gelé. Quand nous arrivons dans la rue principale, je trouve une énorme file de femmes étant conduites vers le château. Ils nous poussent dans la file derrière d'autres femmes, toutes en sanglots, car elles avaient été arrachées de leurs lits au milieu de la nuit et séparées de leurs familles. Je pense à ma grand-mère et à la manière dont elle a mis fin à ses jours devant moi. J'essaie désespérément de comprendre pourquoi elle l'a fait. Je déglutis. Cela semble maintenant futile que j'ai été attrapée, bientôt morte avec elle. Que dirait-elle si elle savait ?

Je ne peux pas imaginer ma vie sans elle ; elle a toujours été à mes côtés. Je ne peux m'empêcher de ressentir la tristesse des femmes autour de moi alors que je sens mes larmes couler sur mes joues. Nous restons toutes là dans le froid pendant ce qui semble des heures, jusqu'à ce que tout mon corps devienne engourdi. Lorsque nous franchissons enfin les hautes portes du château, je trouve le groupe de femmes toutes séparées en lignes. Un homme que je reconnais comme étant un dragon se tient à l'avant, regardant tout le monde être traînées et alignées. Je suis dans l'une des rangées du milieu.

Quand je vois ses yeux scruter la foule, je baisse rapidement la tête, espérant qu'il ne m'ait pas remarquée en train de le fixer. Un autre homme marche le long de la première ligne en regardant chaque personne et en saisissant leurs visages pour examiner leurs yeux. Il les renvoie ensuite, et un autre homme les fait sortir à nouveau par les portes en fer une fois qu'elles ont été vérifiées et déclarées ne pas être celle qu'ils recherchaient.

Mes pieds sont engourdis par la neige qui s'infiltre dans mes chaussures. Le processus est long alors qu'il finit par renvoyer toutes les rangées avant la nôtre. Je place la petite fille au sol, la tirant derrière moi, essayant de la protéger de leurs yeux vigilants. Je m'assure de garder la tête baissée pour éviter de croiser le regard.

Le sol du château est sombre et lugubre. La seule lumière visible provient de la lune et de l'éclat des yeux de prédateurs malveillants qui nous entourent. Je résiste à l'envie de frissonner en remarquant combien de créatures obscures nous observaient, leurs yeux scrutant la foule, à la recherche de leur prochaine victime.

La petite fille sanglote. L'homme qui nous a amenées crie de se taire, ce qui la fait sangloter plus fort. J'essaie de la calmer, mais rien de ce que je fais ne la rassure. Devenant exaspéré par ses sanglots, le vampire s'approche, ses yeux rouges brillent intensément de colère, sa peau pâle presque grise sous la lumière de la lune. Il la saisit par sa robe sale et la tire devant tout le monde.

Je le vois lever un fouet, ayant l'intention de la frapper. J'entends le fouet siffler dans l'air avant de me jeter au-dessus d'elle, criant alors que je sens le fouet mordre dans la chair de mon dos. Ma chemise se déchire avant que je sente ma peau s’arracher, la neige sous mes pieds éclaboussée de mon sang. Je me laisse tomber sur elle, essayant de la protéger, quand j'entends l'homme hurler de colère pour que je bouge.