M. Caro ferma les portes et les verrouilla. Il portait un smoking. Il me lança un regard furieux mais ne dit rien. Je reculai.
"L'Alpha est en route. Vous partirez bientôt !" Dit-il sèchement.
"S'il vous plaît, M. Caro, je peux vous donner tout l'argent que j'ai économisé à la banque," proposai-je, implorant, les yeux remplis de larmes.
M. Caro rit. "L'Alpha est milliardaire. Je doute que vous puissiez surenchérir pour acheter votre liberté auprès de moi."
Une larme s'échappa, coulant sur ma joue.
"De plus," dit doucement M. Caro, presque en s'excusant dans son ton, "il ne s'agit pas vraiment d'argent dans le cas de l'Alpha. Je mettrais ma vie en danger, ainsi que celles de tous mes employés, si je ne vous livrais pas à lui."
Je fermai les yeux, prenant de profondes respirations. Je me sentais étourdi. Je reculai en titubant. J'entendis un cri. Mes yeux s'ouvrirent brusquement.
"Pourquoi ne l'as-tu pas attrapée, frère ?" Hurla Sylvia, descendant les escaliers dans sa robe bleu poudre vaporeuse et ses talons aiguilles, sa sœur à sa suite dans une tenue similaire.
"Parce que, sœur, je ne peux pas risquer que l'Alpha sente ma présence ou celle de tout autre mâle sur elle !" Dit M. Caro comme si la raison était évidente.
Salvia acquiesça, d'accord. "Le frère a raison !"
Les sœurs m'aidèrent à me relever, chacune me soutenant. Je mis mes bras autour de leurs épaules. Elles supportaient facilement mon poids. Elles étaient étonnamment fortes pour des femmes minces et glamour. Elles me portèrent dans une pièce du manoir que je n'avais jamais vue auparavant. C'était une sorte de salon avec de beaux meubles entourant une grande table basse. Des étagères de livres longeaient un mur. Il y avait un grand piano, un énorme globe terrestre et une cheminée colossale. Elles m'installèrent sur un canapé. Je m'adossai. La pièce tournait. Je secouai la tête pour essayer de l'arrêter. J'étais médecin mais je n'étais d'aucune utilité pour moi-même en ce moment. J'étais assez sûr que mon étourdissement était psychologique ou psychosomatique.
"Où est Rose et les autres filles ?" Je voulais avoir l'air exigeant mais ma voix était faible.
"Aux enchères," dit M. Caro, parlant comme si j'avais posé une question idiote.
"Les enchères ne sont pas ici ?" Demandai-je.
"C'est dans la maison de vente aux enchères sur le terrain, oui," dit Salvia.
Quelle était la taille de cet endroit ? Comment allais-je m'échapper d'ici ? Je ne pouvais pas courir davantage pour l'instant. Je devais savoir à quoi je faisais face.
"Pourquoi l'Alpha me veut-il ?" Demandai-je, devinant déjà la réponse.
"Tu es sa compagne," dit M. Caro, me regardant comme s'il me plaignait d'être si lente à comprendre.
Compagne, quel mot désuet et animalier.
"Tu veux dire qu'il achète une... esclave sexuelle," dis-je, le terme me faisant paniquer.
Mon cœur battait la chamade et mes yeux s'emplirent de larmes.
"Une esclave ?" Dit Salvia. Elle semblait horrifiée. "Tu es loin d'être une esclave."
"Tu auras des serviteurs et un manoir plus beau que celui-ci," dit Sylvia, souriant.
"Mais je serai un objet. Sa propriété," dis-je sèchement. C'était à mon tour d'agir comme s'ils étaient stupides.
"Non, il a dû organiser les choses de cette manière parce qu'il est impatient et n'avait pas le temps de t'expliquer les choses. Quand il t'a vue, il a su que tu étais la bonne. Nous organisons ce genre de choses pour les loups-garous puissants, alors il nous a appelés immédiatement," dit M. Caro, en buvant maintenant un verre de vin rouge.
Loups-garous ? Pas encore ça. Ces gens étaient des lunatiques.
"Vous vous attendez à ce que je croie que vous êtes tous des loups-garous sauf Boris qui a dit être humain comme moi," dis-je, roulant des yeux.
M. Caro plissa les yeux. Je n'aurais pas dû dire ça.
"Tu vois comme elle est insolente ?" dit la voix de Boris. En parlant du diable.
Lui aussi portait un smoking mais le sien n'était nulle part aussi raffiné que celui de M. Caro.
"Enfermez-la dans une pièce jusqu'à ce que l'Alpha arrive," dit Boris.
"Jamais !" S'écria Sylvia indignée.
"Elle pleurera, fais-nous confiance, et ses yeux seront gonflés et l'Alpha sera tellement contrarié. Nous sommes déjà dans la panade à cause de ce bleu," dit Salvia.
Je voulais crier. J'étais tellement frustrée. C'était un asile de fous.
"Puis-je assister aux enchères ?" demandai-je soudainement, une idée me venant à l'esprit.
M. Caro haussa les épaules. Sylvia et Salvia semblaient ravies que je m'intéresse à leurs délires.
"C'est un piège," cracha Boris. "Elle est une petite renarde insaisissable."
M. Caro et ses sœurs ignorèrent Boris. Ils me conduisirent dehors. J'eus un aperçu d'une magnifique pelouse avec une grande fontaine jaillissant haut dans les airs. La lune était pleine et brillante parmi de nombreuses étoiles scintillantes. Il y avait des plantes en fleurs partout et des bancs pour s'asseoir tout en les admirant. La beauté de la maison contrastait tellement avec la laideur de la cave et de toute la situation.
J'étais placée entre les sœurs dans une voiturette de golf. M. Caro la conduisait à travers les jardins. J'essayai de mémoriser le paysage et de chercher des sorties. Nous arrivâmes à un autre bâtiment couvert de vignes fleuries. Elles me conduisirent à travers des portes doubles dans un grand hall majestueux aux hauts plafonds. Un orchestre jouait une belle symphonie. De nombreux serveurs en smokings portaient des plateaux de nourriture et des plateaux de vin. Des dizaines d'hommes élégamment habillés, avec quelques femmes ici et là, également richement habillées, formaient une foule devant une scène. Ils étaient tous étonnamment attirants et, par leurs teints et accents variés, il y avait une grande diversité parmi les invités. Des gens étaient venus du monde entier pour cette vente aux enchères. Je me sentais malade. Toutes ces personnes étaient complices de cela.
Les filles de la cave étaient amenées une par une pour être vendues aux enchères. Elles avaient été apprêtées aussi. Je repérai Rose. Elle était belle et effrayée. Elle était dans une robe de soie verte qui faisait écho à ses yeux. Elle était séparée de la foule de filles près de la scène lorsqu'un homme pointa son doigt ganté blanc sur elle. Deux hommes qui semblaient être des gardes l'emmenèrent à travers une pièce latérale. Elle ne se débattit pas. Je me précipitai après elle, à travers la même porte latérale. Les trois frères et sœurs me suivirent mais marchèrent avec désinvolture comme si je n'allais pas m'enfuir.
J'entrai dans une pièce similaire au salon de l'autre bâtiment. L'homme qui avait demandé Rose était maintenant assis sur un canapé, souriant malicieusement. Mon estomac se tordit.
"Rose !" Hurlai-je.
Rose me regarda, surprise. Je courus vers elle et lui lançai mes bras autour d'elle. Personne ne m'arrêta. L'homme qui voulait Rose avait l'air amusé.
"Nous devons sortir d'ici," murmurai-je à son oreille.
"Je ne peux pas," dit tristement Rose.
Je la regardai incrédule.
"Orchid," dit-elle doucement. "Ma famille doit une énorme dette à une meute plus grande, mais l'Alpha de cette meute est mon compagnon. C'est lui."
Elle désigna l'homme aux gants blancs dont le regard ne quittait jamais le sien.
"Il a payé toutes nos dettes, y compris les intérêts accumulés. Il a également donné à ma famille une grosse somme d'argent pour moi," dit-elle.
Je secouai la tête. "Tu ne peux pas être achetée. Tu es une personne," murmurais-je.
"Je dois partir avec lui," dit Rose gentiment. "Je n'ai jamais voulu me marier mais ma famille a conclu cet arrangement avec lui dans mon dos. Je n'ai nulle part où retourner."
Mes yeux piquaient de larmes.