Chapitre 3

1290 Words
Adena Nous sommes arrivés au ranch ce matin, j’ai passé tout le vol enfermée dans la cabine à fulminer de rage à l’encontre de mon enfoiré de mari. Je suis sidérée qu’il envisage réellement de faire quelque chose d’aussi grave. Il me colle un môme dans les jambes, et encore une fois contre mon gré. Il s’évertue à contrôler ma vie et m’en imposer tous les aspects. Tim est venu frapper à la porte quand nous avons atterri, donc je l’ai suivi directement vers un Hummer en évitant soigneusement Devon. Je n’ai plus du tout envie de le voir, ni lui parler pour le moment. Il fait déborder le vase, j’ai envie de l’étriper. Je suis restée inhabituellement silencieuse dans la voiture. Je me sens vraiment seule et trahie. James, que je croyais de mon côté, s’est finalement avéré être le meurtrier de mon père. J’avais placé une certaine confiance en lui, et maintenant je ne peux plus compter sur son soutien ni sa bonne humeur pour alléger quelque peu les ténèbres qui m’assaillent de toutes parts. Je m’entends très bien avec les autres, Scott, Tim, Preston et Bill. Je déteste Jackson en revanche, mais c’est réciproque… Les autres soldats, les moins « gradés » dans l’estime de Devon, je ne leur parle pas vraiment. Il ne me reste que Frank sur qui je puisse encore compter. - Comment tu te sens Adena ? Demande Scott en me jaugeant de son regard bienveillant. Scott est le soignant de l’équipe, il sort avec Mike, le directeur du ranch, depuis très longtemps, ils se sont installés là-bas après que Mike ait subi un traumatisme. Il est fort comme un taureau, légèrement plus petit que Devon, ses bras sont couverts de tatouages, il est toujours tiré à quatre épingles, la barbe taillée, les sourcils parfaitement dessinés, malgré son attirail de soldat, il est impeccable en permanence. Il a fait des études d’infirmiers et ne les avait pas terminées quand Mike s’est fait agresser, pourtant, il a quand même tout laissé tomber pour suivre l’homme qu’il aimait. Aujourd’hui, il décharge son surplus de colère sur nos cibles et soigne nos blessures lorsque c’est nécessaire. Il m’a été maintes fois d’un grand secours, et je l’adore. - Je suis excédée de colère, Scott… Comme tu t’en doutes, réponds-je plus sèchement que je ne le voudrais. - Est-ce que tu vas avoir besoin de quelque chose pour te calmer, ou est-ce que tu vas parvenir à contenir ta rage ? - |À ton avis, cinglé-je sans lui adresser un regard. - Je pense que tu vas te maîtriser, assure-t-il sur le ton de la plaisanterie. J’ai conscience que cette gentillesse n’est rien d’autre qu’une menace déguisée. Je sais parfaitement qui sont les hommes de Devon. Au cours des mois qui se sont écoulés, j’ai eu l’occasion d’apprendre à les connaître, de les mettre au tapis, et ils ont découvert à peu près tous les aspects de ma personnalité lunatique… Nul doute que quelles que soient les amabilités qu’ils ont à mon égard, ils exécutent les ordres du patron. Je l’ai appris à mes dépens avec James, sûrement le meilleur des acteurs de la b***e. J’ai obtenu leur respect par mon sacrifice quand j’ai fait en sorte qu’il ne meure pas bêtement, et j’ai encore le goût amer de la forme qu’ont pris ses remerciements. Je n’ai absolument pas leur loyauté quoi que je fasse. Ils se contentent de tempérer nos ardeurs réciproques, du moins, de mieux faire passer les pilules que Devon me fait avaler. Cependant, je ne perds pas de vue le plan que je suis en train de préparer. Puisqu’il s’imagine que je vais rester ici à couver le marmot qu’il m’accroche à la cheville, je vais exploiter ce temps pour mettre sur pied une opération de grande envergure. Parce que peut-être que mon mari pense que ma vengeance s’est accomplie avec la mort de Davault, mais ce n’est pas le cas. Non, ma dernière victime m’a donné un nouvel os à ronger, et il est hors de question pour moi d’abandonner. Tant qu’Alessio Cotti n’aura pas été rayé de la carte. Je veux exterminer cette enflure-là aussi, qu’il comprenne qu’il a commis l’erreur de sa vie en tournant le dos aux Ottovelli. J’étais tellement à l’ouest quand je l’ai rencontré au Belfiore, mon glacier italien préféré à Syracuse, que je n’avais pas identifié une seule seconde ses projets meurtriers. Mon père lui accordait une confiance sans bornes, et il en a payé le prix fort, maintenant, c’est à mon tour de me déchaîner... Je passe l’après-midi enfermée dans mon bureau à réfléchir au plan que je vais fomenter. Je refuse catégoriquement d’offrir à Devon la faveur de ma compagnie pour le dîner, donc je décide de rester cloîtrée jusqu’à ce que Maria frappe à la porte timidement. - Entrez ! Dis-je sèchement. Maria est la gouvernante de Devon, c’est la femme la plus charmante qui soit. Elle ajoute une touche de douceur dans ce repaire de vautours assoiffés de violence. Elle a soigné mes blessures à de multiples reprises, et les états plus ou moins graves dans lesquels je me trouvais, nous a laissé de longues heures de conversations pour apprendre à nous connaître. - Bonsoir Adena, comment allez-vous ? Me demande-t-elle de sa voix douce. - Depuis quand êtes-vous au courant de son projet ?! Je sais pertinemment qu’elle comprend immédiatement ce dont je parle, je n’ai pas besoin de commencer par les préambules, elle est forcément complice de cette situation. - Depuis plusieurs semaines, répond-elle l’air coupable. - Et vous n’avez pas essayé de le dissuader ?! M’écrié-je alors, Maria ! Vous réalisez ce qu’il fait ?! Mais est-ce qu’il n’y a que moi qui aie encore les pieds sur terre ici ?! Est-ce qu’ils ont tous complètement perdu l’esprit ?! - Adena, ce petit n’aura aucun avenir sans nous, aucun. Son père était un criminel endurci criblé de dettes, Devon s’est chargé de ses affaires, et de remettre de l’argent à sa grand-mère… Mais la dame est âgée et peine à s’occuper du petit trop longtemps… - L’orphelinat aurait été plus judicieux, tranché-je implacable, vous vous rendez compte qu’il pourrait devenir une cible ?! - Vous savez très bien que Devon prend les décisions et qu’il ne revient pas souvent en arrière. Je soupire, elle a raison, Devon a la cruelle réputation d’être intraitable lorsqu’il prend des décisions, j’en ai déjà fait les frais. Mais je trouve que cette fois, ça va vraiment trop loin… Impliquer un enfant dans nos affaires, c’est prendre un risque démesuré et totalement inconsidéré. - Je me retrouve impliquée dans ce merdier malgré moi ! - Je sais Adena, je suis désolée… - Ce n’est pas votre faute… De toute façon, nous ne faisons que marcher dans la direction que choisit Devon ! Même s’il déraille totalement ! Elle me laisse à mes fulminations, puis je finis par abandonner mon bureau, l’humeur orageuse. Je refuse catégoriquement de lui réchauffer son lit, donc je prends la direction de mon ancienne chambre. Je ne veux voir ni ne parler à personne, ils essaieraient tous de me réconforter, ou pire, de tenter de me faire croire que ce n’est pas si grave, et que je m’y ferais... Mais qu’ils aillent tous se faire foutre, p****n ! Facile à dire pour eux, ils ne sont pas impliqués ! Je referme la porte derrière moi et replonge instantanément dans les souvenirs que cette pièce m’inspire… Surtout des mauvais d’ailleurs. La découverte de ma captivité, les longues semaines de convalescence, infligées par les stigmates de Devon d’abord, puis Davault ensuite. J’enlève seulement mes chaussures avant de me coucher sur le lit. Dès demain, je placerai mes pions, que la partie commence…
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