LXXXVI La mère morte Camm ar Guluch, ainsi appelé parce qu’il boitait d’une jambe, était cordonnier à Plougrescant. Il avait épousé en premières noces Louise-Yvonne Marquer, une femme douce, un peu triste, qu’on voyait rarement sourire, et qui semblait prédestinée à ne pas être longtemps de ce monde. Elle mourut, en effet, en donnant le jour à une petite fille qui était tout son portrait. De sorte que Camm ar Guluch resta veuf, avec l’enfant. Mais il n’était pas homme à faire durer son veuvage. Et comme, malgré son infirmité, c’était un assez joli garçon, qui gagnait bien, il trouva vite un autre parti. Moins de trois mois après la mort de Louise-Yvonne Marquer, il se remariait avec une jeune fille de Saint-Gonéry qui était, comme caractère, tout l’opposé de sa première femme. Autant ce

