Chapitre7

1074 Words
Gabrielle Je retournai dans la cellule et me plaçai dans un angle, le dos contre le mur froid. Que va-t-il se passer ? Je ne cessais de me poser la question. Allaient-ils enquêter ? Quelles investigations pouvaient-ils mener, alors que le club ne disposait d’aucune caméra de surveillance ? Serais-je condamnée ? me demandai-je, terrifiée. Tout semblait être contre moi. J’étais bien consciente que je n’avais aucun moyen de prouver mon innocence, et la froideur du commissaire n’arrangeait rien. Je passai la journée entière à broyer du noir. Allais-je finir en prison ? Telle était la principale question qui tournait en boucle dans ma tête. J'étais encore perdue dans mes pensées sombres quand la porte s'ouvrit brusquement. Un agent se présenta avec un chariot contenant le repas. Je sentis mon estomac se révulser à l'odeur. Je n'avais pas faim du tout. Je n'étais pas en mesure d'avaler quoi que ce soit. Il posa froidement devant chacune de nous un plateau et ressortit de la pièce sans un regard. Je restai à fixer mon repas, le regard vide. Je n'étais pas capable de dire ce qu'il contenait. L’après-midi se déroula dans une atmosphère lugubre, à l’image de mon humeur. Je restai recroquevillée dans un coin de la cellule, jusqu’à ce que mes muscles endoloris m’obligent à me redresser. J’étais encore perdue dans mes pensées lorsque j’entendis la clé tourner dans la serrure. Cette fois, un officier entra, apportant notre dîner. Il le posa devant nous, et une fois de plus, ressortit sans un mot. Mon regard se posa un instant sur mon assiette, avant de se détourner et de se perdre à nouveau dans les méandres de mon esprit tourmenté. Je ne saurais dire à quel moment le sommeil me gagna, mais je me réveillai à sept heures du matin. Je me demandais encore par quel miracle j’avais pu m’endormir, tant mon esprit était en tumulte. Je pense que les effets de la nuit d’insomnie, l’agitation et l’anxiété avaient finalement eu raison de moi. Je me redressai péniblement, et mon regard se posa sur mes plateaux de nourriture de la veille. Ils étaient complètement vides. Mes deux voisines de cellule avaient apparemment très faim. Une forte envie d’uriner me saisit aux tripes. Je me levai brusquement et me mis à frapper frénétiquement sur les barreaux de la cellule. - Hé, que se passe-t-il ici ? Où vous croyez-vous ? demanda une voix brusque, près d’un quart d’heure plus tard. - Pardon, monsieur, j’ai urgemment besoin d’utiliser les toilettes. Il me regarda d’un air méprisant avant de se détourner et de s’en aller. Je restai debout pendant près d’une demi-heure avant de réaliser qu’il ne reviendrait pas. J’étais en train de retourner m’asseoir, tout en contractant désespérément mes muscles pelviens pour éviter de m’uriner dessus, quand j’entendis la clé tourner dans la serrure. - Suivez-moi, lança l’officier avec arrogance. Je poussai un « ouf » de soulagement en lui emboîtant le pas. Il prit au préalable la peine de refermer la porte à double tour, avant de m’indiquer les toilettes quelques minutes plus tard. J’y entrai avec soulagement et me précipitai sur le pot de WC, une fois mes vêtements retirés. Ils étaient dans un état piteux, mais je n’en avais cure. Je me libérai, me lavai les mains et sortis des toilettes en ouvrant la porte du coude, tant l’insalubrité qui y régnait me retournait l’estomac. - Vous avez fini ? demanda l’agent, une forte irritation dans la voix. - Heu… s’il vous plaît, j’aurais besoin de prendre un bain… et d’une brosse à dents aussi, balbutiai-je, tout en jetant un regard circulaire autour de moi. - Vous vous croyez dans un salon de soins ? lança rudement l’agent, avant de m’empoigner sans ménagement par le bras et de me jeter brutalement dans la cellule. Je tombai lourdement sur les fesses et émis un petit grognement de douleur. J’avais horreur de me plaindre, et je ne voulais absolument pas leur donner cette satisfaction. La matinée se déroula sans encombre. Nous n’avions pas eu droit au petit-déjeuner, mais je n’en avais cure. Je n’avais pas faim, pas du tout. Je me demandais simplement ce que l’avenir me réservait. Il était 13 h quand j’entendis de nouveau la clé tourner dans la serrure. Une dame se présenta à nous, tirant devant elle un chariot. Je la parcourus brièvement du regard avant de détourner la tête. Elle disposa un plateau devant chacune d’entre nous, et je fus soulagée quand je la vis s’emparer des assiettes vides des jours précédents qui jonchaient ça et là la cellule. J’espérais que l’odeur nauséabonde qui régnait dans la pièce s’atténuerait un peu. - Pourquoi sa nourriture est-elle différente de la nôtre ? s’exclama l’une des femmes, en fronçant les sourcils. - Je n’en sais rien, lança la dame en haussant simplement les épaules. Je levai brusquement la tête à cet instant et plissai les yeux en regardant nos plateaux. Le mien était différent du leur en effet… J’avais droit à une bouteille d’eau minérale, tandis qu’elles ne disposaient que d’un simple verre en plastique. Leur nourriture était servie dans un plateau compartimenté, sans le moindre soin, exactement comme les jours précédents. La mienne, en revanche, reposait dans un bol en porcelaine blanche, accompagné d’une petite assiette et d’une louche en métal. - Qui es-tu ? demanda la dame en me regardant d’un air suspicieux, les bras croisés contre sa poitrine. - Ah ! Certainement la maîtresse d’un homme haut placé, lança une autre, avec un sourire en coin et un air hautain. Tu ne sais pas ce que c’est, les filles d’aujourd’hui… prêtes à tout pour un peu de luxe. - C'est honteux, répliqua la dame, un air dédaigneux sur le visage. Je décidai de ne pas répondre à leurs provocations. Je n'en avais d'ailleurs pas la force. Je me sentais à bout. Je me laissai simplement aller contre les parois et fermai les yeux. J’étais encore somnolente le lendemain matin quand la porte de notre cellule s’ouvrit à nouveau, cette fois avec une brutalité encore plus marquée. - Madame Aminata Koné, veuillez me suivre, annonça une voix ferme. Je me redressai, clignant des yeux, encore embuée de sommeil. - Vous êtes déférée au PPA ( Pôle Pénitentiaire d’Abidjan), en empoignant brutalement l'une des femmes présente dans ma cellule. Un froid glacé me traversa. Mon Dieu... ferai-je la même fin que cette femme ? me demandai-je, le cœur battant à tout rompre.
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