Chapitre 4

949 Words
Gabrielle Je retournai à ma loge après mon intercalation avec Léna et étais en train de me changer quand la porte s’ouvrit brusquement sur Martin. Dans ma colère, j’avais oublié de la fermer, comme d’habitude. Ce dernier entra dans ma loge et referma la porte derrière lui, ce qui me fit déglutir péniblement. - Tu n’as pas vraiment assuré durant le dernier spectacle, dit-il d’un ton plein de reproches en se rapprochant de moi. - Désolée, mais… je… Je ne savais que répondre pour me défendre. Accuser Léna ? Je n’avais pas de preuves pour le démontrer. - Euh, je suis désolée, j’ai été un peu déstabilisée par la musique. - Je vous paie grassement pour apprendre vos chorégraphies, lança Martin d’un ton tranchant. Il nous paie grassement, dit-il ? J’eus envie de rire à ces mots. Notre salaire était tout simplement minable. N’eussent été les pourboires, je serais partie d’ici depuis belle lurette. - Désolée encore. J’essaierai de m’améliorer. - Euh... ce n’est pas suffisant, mais si tu te montres, euh... disons, coopérante, je pourrais fermer les yeux là-dessus, dit-il, le ton désormais chargé d’envie. J’avais juste envie de gerber en le voyant me regarder comme si j’étais un morceau de viande appétissant. Je me demandai soudain s’il n’était pas lui, le cerveau derrière cette manigance. Je secouai aussitôt la tête. Non, ce n’était pas possible. Il était bien trop avide d'argent pour risquer quoi que ce soit qui pourrait ternir l’image de son business. - Désolée, je... On frappa à la porte, et l’un des gardes fit irruption dans ma loge. - Désolé de te déranger, boss. Il y a un client dans la salle qui fait du vacarme. Il demande à te parler. - J’arrive, dit Martin en sortant précipitamment de ma loge, non sans me lancer un regard menaçant, comme pour dire que ce n’était que partie remise. Je m’habillai à la hâte et sortis presque au pas de course. Je ne voulais pas risquer qu’il revienne et me trouve là. Une fois hors du local, je poussai un soupir de soulagement en voyant mon taxi garé, qui m’attendait. Je montai précipitamment, et il s’éloigna rapidement. Mon Dieu, ce n’étaient que de petites victoires, une sorte de sursis, mais jusqu’à quand allais-je réussir à lui échapper ? Une semaine s’était écoulée depuis la dispute avec Léna. Elle se tenait à distance et ne m’adressait plus la parole. Bah, tant mieux ! Je décidai de me concentrer sur mon travail, de faire ma tâche du mieux possible, car malgré tout, cette situation me stressait énormément. Martin avait encore tenté quelques approches, mais plus de manière aussi directe. J'étais dans ma loge, en train de me changer, lorsque j'entendis frapper à ma porte. Rapidement, j'enfilai mes vêtements de ville et me dirigeai vers l'entrée. Il était déjà deux heures du matin, et mon tour de travail venait de s'achever. Mon taxi devait arriver d’un instant à l’autre. Je savais que Martin se tenait de l’autre côté de la porte, il venait presque tous les soirs à la fin de mon service. Je respirai profondément et ouvris la porte d’un geste décidé. Je refusais de laisser transparaître le tremblement qui parcourait mon corps. Mais l’homme qui se tenait devant moi n’avait rien du regard chargé de luxure auquel il m’avait habituée. Non, Martin affichait une expression sombre, impassible, presque étrangère, et cela m’intrigua, m’effraya presque. - Oui ? dis-je d’une voix froide. - Je dois te parler. C’est important, répondit-il en jetant un regard derrière moi. - Je t’écoute, répliquai-je, le cœur battant. Je ne l’avais jamais vu avec une expression aussi sérieuse sur le visage. - Un client, la semaine dernière, s’est plaint d’avoir perdu son bracelet. Un bracelet en or, paraît-il. En quoi cela me concernait-il ? pensais-je, sans oser formuler la question à voix haute. - Il soupçonne l’une des danseuses. Il affirme l’avoir porté au début de la soirée, mais s’est rendu compte, à un moment, qu’il avait disparu. - Je vois, murmurai-je, d’une voix que j’espérais calme, alors qu’un véritable tumulte faisait rage dans ma poitrine. Un silence lourd de sens s'installa entre nous. Martin ne semblait pas intentionné à le rompre. Il se contentait de me fixer. - Quand le bracelet a-t-il disparu ? demandai-je, espérant de tout cœur que cela se soit produit un soir où j’étais absente, même si la présence même de Martin dans ma loge me faisait clairement comprendre que j’étais sans doute là quand c’est arrivé. - La semaine dernière. J’étais justement ici avec toi quand j’ai été appelé. Je m’en souvenais parfaitement. - Nous avons cherché partout, sans trouver le bracelet. Le problème, c’est que le client est revenu ce matin, menaçant de porter plainte. - Je vois. En quoi puis-je être utile ? demandai-je. - En rien. Je dois simplement fouiller les loges de tout le monde. Je ne remets pas en cause ton intégrité, mais tu comprends que je ne peux faire aucune exception, répondit-il d’un ton aimable. Je hochai simplement la tête, m’efforçant de rester calme. Il se mit à ouvrir les tiroirs les uns après les autres. Je poussai un soupir de soulagement quand il se redressa, bredouille. Je n’avais rien à me reprocher, mais je n’étais pas la seule à utiliser ma loge. Les femmes de ménage y entraient régulièrement, et il arrivait parfois qu’elle soit prêtée à certaines filles venues pour des prestations occasionnelles. Martin tourna ensuite la tête, et son regard s’attarda sur l’armoire où je laissais généralement mon sac et mon téléphone avant de commencer mes prestations. - J’y jette un coup d’œil et je m’en vais, dit-il en s’approchant de l’armoire. - D’accord, répondis-je d’une voix sereine.
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