Je me réveil un peu plus tôt que d’habitude aujourd’hui, je n’ai pas très bien dormi cette nuit en me faisant des films sur ma rentrée de septembre. Est-ce que l’école sera envahie de paparazzis ? Est-ce que les élèves et le corps enseignant vont m’apprécier ? Bref, des questions auxquelles je n’ai pas de réponse.
- Bonjour, chérie.
J’embrasse tendrement Morgan qui est encore enroulé autour de moi.
- Tu as bien dormi ?
- Pas trop, je n’ai pas arrêté de réfléchir.
- Ca fais une semaine que tu dors mal, tu devrais peut être arrêter de te poser ce genre de question et ne pas travailler.
Je me sors de ses bras et me relève sur le lit.
- Quoi ?
- J’ai assez d’argent, tu n’es pas obligé d’aller travailler.
- Je n’ai aucune intention de rester à la maison.
- Écoute, je voulais te l’annoncer autrement mais...
Morgan se tait et se frotte nerveusement la nuque.
Bon sang, qu’est-ce qu’il a fait ? Une connerie, c’est certain vu sa tête.
- Morgan ?
- J’ai écris en ton nom à l’académie pour leur donner ta démission.
J’en reste tétanisée. Il ne m’a pas fait ça, c’est impossible ! Je regarde Morgan attentivement, essayant de voir un sourire pour me faire comprendre qu’il voulait me faire marcher mais rien. Sans ni le regarder ni lui parler, je saute du lit et m’habille. Des larmes brûlantes de rage coulent sur mes joues sans que je ne puisse les retenir.
- Lexie, s’il te plaît. Je pensais que ma décision te conviendrait.
Je sors de la pièce sans lui accorder aucune importance. Il veut prendre des décisions sans tenir compte de mon avis, comme si je n’existais pas ? Parfait ! On va voir qui va gagner à ce jeux là ! Je vais le rayer totalement de mon champ de vision et de mon audition. Je descends et pars dans la cuisine.
- Bonjour Suzanne, dis-je en essayant de cacher ma peine.
- Bonjour, oh Lexie, vous ne vous sentez pas bien ?
- Je vais très bien merci, répliqué-je sèchement.
Ce que j’ai ne regarde absolument PERSONNE !
- Bien, vous voulez déjeuner ?
- Pour ma part se sera un café et deux croissants Suzanne, merci, demande Morgan derrière mon dos.
- Monsieur, il n’y a plus de croissant, je...
- J’ai justement envie d’un croissant aujourd’hui, je vais en chercher ne vous en faites pas Suzanne.
- Merci, mademoiselle.
Je me lève de mon tabouret de bar accolé à l’îlot central, je fais mine de pas voir la main de Morgan qui chercher a m’arrêter.
- Lex...
Je contourne Morgan, prend les clés de MA voiture et m’enferme dedans, consciente que Morgan me suit toujours. Avant que la porte du garage ne s’ouvre complètement, Morgan frappe à la vitre, il essaie d’abord d’ouvrir ma portière mais impossible. Toujours en l’ignorant et dès que cela m’est possible, je recule et pars. Je suis toujours très en colère.
- Bonjour mademoiselle, que puis-je pour vous ? Me demande le vieil homme.
- Je voudrais un croissant s’il vous plaît.
L’homme acquiesce, me tend la poche avec le croissant et prend la monnaie dans sa main. J’arrive chez Morgan, qui a l’air soulagé de me voir revenir.
- Lexie, je suis désolée je pensais que...
L’ignorant totalement, je me rassoie à ma place au comptoir.
- Suzanne, est-ce que je pourrais avoir votre fameux chocolat chaud avec la mousse s’il vous plaît ?
- Avec plaisir. Monsieur, un second café ?
- S’il vous plaît Suzanne.
Morgan s’installe à mes côtés, comme à son habitude. Il n’ose pas me toucher, je pense qu’il a peur que je le rejette.
Tu te trompes chéri, je t’ignore, physiquement et tout le reste, si tu me touche, je ferais comme si ce n’étais clairement pas le cas. Tu verras combien c’est horrible de ne pas avoir l’impression d’exister assez pour qu’on ne te prenne pas pour une personne à part entière.
De plus, il passera merveilleusement bien avec les croissants que ma ravissante fiancée est allée me chercher ce matin.
Les compliments ne t’aideront en rien mon chéri.
Je prend la poche et prend le seul croissant qu’il y a dans celle-ci. Je froisse la poche et mange délibérément le croissant devant Morgan pour qu’il comprenne bien que je n’en ai pas pris pour lui.
- Super, murmure-t-il.
Oh, ça fait mal quand je ne te prend pas en compte ? Je compatis.
- Suzanne, pouvez-vous nous laisser seuls s’il vous plaît ?
Suzanne ne répond même pas et d’étale comme une prisonnière libérée, pour ma part, je poursuis mon déjeuner, dans le plus grand silence.
Ça fait du bien parfois, d’être seule !
- Lexie, j’ai bien compris que tu étais en colère, tu m’en veux, j’ai capté aussi. Tu veux que je m’excuse, parfait, je suis vraiment désolé, mais ne m’ignore pas je déteste ça.
Je pince mes lèvres par réflexe pour que les mots ne sortent pas tout seul de ma bouche du genre : « Je ne t’en veux pas, c’est pire ! En colère ? Ça, c’est la litote du siècle sinon du millénaire. Je ne veux pas de tes excuses, ce qui est fait et fait. Tu détestes quand je t’ignore pourtant tu n’as pas penser une seule fois à moi en envoyant cette lettre à Ma place. »
- Je t’aime Lexie...
Ayant terminée mon petit déjeuner, je me lève et pars me préparer à la salle de bain adjacente à notre chambre. Bien sûr, je ne ferme pas à clé, comme d’habitude. Je suis sous la douche, la tête sous le jet d’eau essayant de détendre tous mes muscles raidis de tension sans y parvenir. Je me lave méthodiquement, quand je me rince, j’entends du bruit, la porte de la douche s’ouvre. Je sais que Morgan est là, heureusement pour moi, je sais qu’il également ce qu’il veut mais, malheureusement pour lui, je sais ce que je ne veux pas. Je ressors de la douche dès que possible laissant encore en plan Morgan. Je me prépare rapidement et descend dans le salon.
- Suzanne, l’appelé-je.
- Oui mademoiselle ?
- Je ne serais pas là de la journée, je rentrerai tard ce soir et repartirai très tôt demain matin jusque lundi matin.
- Mais monsieur part dimanche soir, vous ne voulez pas...
- Je reviendrai lundi matin, sans faute.
- Bien, mademoiselle, à ce soir.
- Non, ne m’attendais pas. C’est le week-end ce soir, allez voir votre fille si vous le souhaitez.
- Non, je vous attendrai ce soir.
- Tu pars où ? Demande Morgan.
- À ce soir dans ce cas Suzanne, dis-je en partant dans le garage.
Cette fois-ci, Morgan ne me suit pas, il doit avoir eu son quota de rejet journalier aujourd’hui. Je pars à la salle de sport voir mon frère.
- Lilie, ça ne va pas ?
Mon frère a toujours lu en moi comme dans un livre, bien que les larmes ne soient pas nécessaire pour lui montrer ma peine, elles commencent à se verser toute seule.
- Viens Lilie, raconte à ton grand frère.
Nous nous installons dans le bureau, papa est absent aujourd’hui, à une réunion des alcooliques anonymes.
- Je n’ai plus de travail, lui dis-je.
- Pourquoi donc ? Il ne t’ont pas déjà accepté à l’école.
- Si, mais Morgan leur a envoyé une lettre de démission de MA part, il me l’a annoncé ce matin.
- Pourquoi a-t-il fait ça ?
- Selon lui, il a assez d’argent sans que j’ai besoin de travailler.
- Mais c’est ridicule, le travail ne nous apporte pas que de l’argent, il nous apporte aussi des joies, des peines, des rires, des pleurs, des contacts humains.
- Je sais.
Je vois que mon frère m’observe avec suspicion.
- Qu’est-ce que tu as décidé de faire ? Pour te venger ? Quand je t’ai coupé les cheveux à tes 10 ans, tu avais pris de la colle et m’avais collé tes cheveux sur les miens. Du coup, maman avait dû me raser presque à blanc. Déjà à cet âge là, tu avais l’art de la vengeance en toi, alors qu’est ce que tu as décidé de faire ?
- Rien.
- Comment ça rien ? Lexie, il ne faut pas quitter Morgan à chaque fois qu’il fait une erreur c’est stupide et vous vous...
- Non, je ne l’ai pas quittée, j’ai juste décidé de ne rien faire.
- Tu abandonnes tes rêves, sans rien faire ? Sans rien dire ?
- Si, je viens de te le dire. Je ne fais rien. Je fais comme s’il n’existait pas, ce matin, il a dit vouloir des croissants, tout comme moi, j’en suis allée en chercher mais que pour moi. Je ne l’ai pas prévenu de mon programme d’aujourd’hui. Il m’a rejoint sous la douche je l’ai contourné.
- Bon sang Lexie t’es la meilleure à ce jeu là mais dans quel but tu le fais ?
- Pour qu’il comprenne à quel point ça fait mal de ne pas être considéré comme une personne à par entière.
- Camille est à la maison si tu veux.
- Merci Joshua.
Je pars chez Joshua et Camille et y passe ma journée. J’adore leur appartement. Il est assez grand, avec trois chambres, un séjour deux fois plus grand que celui de mon ancien appartement. Les murs sont peints en blanc et il y a des baies vitrées tout le tour le l’appartement avec des balcons. J’ai bien vu que Morgan avait essayé de ma joindre mais je n’ai pas répondu. À 22 heures, je décide de rentrer ce qui me fait arriver chez Morgan vers minuit environ.