Chapitre 7

2007 Words
Lehyan dû se réveiller légèrement plus tôt que la veille pour aller en cours. Sa sœur était de nouveau déjà debout et lui avait préparé son petit déjeuner avec amour. Il la remercia autant que son état de personne à moitié endormie le lui permettait puis s'assit et mangea le regard perdu dans le vide. Une fois complètement réveillé il insista pour faire la vaisselle mais sa sœur eut le dernier mot et il alla se changer. Il sortit habillé cette fois ci et sa sœur lui dit à quel point il était bien habillé. Une fois prêt, il monta dans la voiture d'Ondine qui le déposa à l'université. Lehyan fit signe à sa sœur avant de se retourner et d'aller à l'amphithéâtre pour son premier cours d'anglais et aussi son premier cours de la journée. Tim attendait Lehyan devant l'ampli et les garçons allèrent s'installer ensemble. Tim était entrain de raconter à Lehyan comment on pouvait faire un flan dans une brique de lait d'après i********: quand le professeur entra dans la salle. Les discussions prirent fin petit à petit et les élèves attendirent patiemment le début du cours. Quant à Lehyan il était figé de stupeur et d'horreur à la fois. «Qu'est ce qui t'arrive? demanda Tim.» Mais Lehyan ne répondit pas de suite. Il fixait son professeur d'anglais qui n'était autre que son voisin désagréable, Stanislas. Maintenant qu'il y pensait cela expliquait sa présence lors des inscriptions mais Lehyan ne pouvait pas y croire. C'était un cauchemar. Parmi toutes les personnes présentes sur Terre il fallait que ce soit lui. La personne qu'il détestait le plus dans cette ville et qu'il allait être obligé de voir toutes les semaines. Lehyan sortit son téléphone et envoya de suite un sms à sa sœur mais une voix froide et portante le figea. «Visiblement certaines personnes en ont déjà marre du cours.» Lehyan leva la tête sentant qu'il était celui auquel Stanislas s'adressait. Les regards tournés vers lui confirmèrent ce pressentiment. Quand leurs regards se croisèrent Stanislas eut un sourire. Lehyan en eut des frissons. C'était la première fois qu'il le voyait sourire et son sourire n'avait rien d'humain. Un sourire machiavélique et purement mauvais qui lui donna envie de le tuer sur place. «Ce n'est que le début d'année. Vous n'allez pas tenir bien longtemps à cette vitesse. Donnez moi donc votre téléphone pour que je vous aide à vous concentrer.» Lehyan serra le poing furieux. C'était exagéré. Ils n'étaient plus au lycée. Stanislas leva la main en signe d'impatience. Son visage avait perdu tout sourire mais ses yeux brillaient d'une lueur inquiétante. Lehyan finit par se lever étant obligé et il se dirigea à pas lourds vers le diable. «Vous viendrez me voir à la fin du cours.» Lehyan ne dit rien. Tous ces regards sur lui l'en empêchaient. Mais surtout il n'avait pas les mots. Il ne voulait même pas hurler. Il voulait simplement quitter ce cours. Or il ne pouvait pas. Il n'était pas venu dans cette fac pour redoubler. Il devait être irréprochable et cela se montra être bien compliqué avec un tel prof. Une fois de retour à sa place, Tim dévisageait Stanislas avec de gros yeux. «Décidément vous êtes destinés à être ennemis. Ce prof est un mur de glace. C'est bien connu qu'il déteste le genre humain. Mais là... Le destin vous réserve quelque chose de spécial. -Le destin n'a rien à voir avec ça.» Lehyan parlait le moins fort possible sentant qu'un écart minime pouvait lui valoir d'être repris de nouveau. Il devait être irréprochable. Il l'aurait été en règle générale. Lehyan ne discutait jamais en cours. Il écoutait toujours et prenait des notes avec sérieux. Mais il ne pouvait pas se concentrer à présent. Il n'aimait pas cet homme. Il avait déjà eu des professeurs qu'il n'avait pas apprécié mais celui là avait commis l'irréparable. Il avait été désagréable avec sa sœur. «Visiblement vous deviez être ennemis.» Stanislas se présenta avec sa froideur et son détachement habituel et plus personne n'osa utiliser son téléphone ou ne pas écouter. Une fois les présentations faites, Stanislas commença son cours durant lequel à chaque fois qu'il interrogeait quelqu'un cela tombait sur Lehyan. Ce dernier arrivait à répondre avec brillant ce qui l'emplissait d'une satisfaction négative. Quant à Stanislas même s'il était irrité par les bonnes réponses de Lehyan, il n'en montra rien. Cependant ses questions devinrent de plus en plus dures et Lehyan eut de plus en plus de mal. À la fin du cours Lehyan était épuisé. Tim le regarda désolé. «Wow, il t'aime vraiment pas ce prof. Tu as dû lui faire quelque chose dans ton ancienne vie. -C'est pas une raison. Un prof doit mettre de côté ses ressentis. -Oh te sens pas privilégié. Il n'aime personne. Il te le fait juste ressentir. D'après mon frère il ignore les gens en général. Il s'en fiche de tout. -J'adorerais qu'il m'ignore...» Tim dit à Lehyan qu'il allait l'attendre dehors et Lehyan attendit que tout le monde sorte pour aller au bureau de Stanislas. Ce dernier mit du temps à le remarquer. Comme s'il avait oublié sa propre punition. Il finit par relever la tête vers Lehyan. Il le regarda irrité par sa présence. Ses yeux verts semblaient lassés. Toute la joie ou méchanceté qu'il avait vu sur son visage quand il avait demandé son téléphone s'étaient volatilisés comme s'ils n'avaient jamais existés. «Vous direz à vos parents de venir chercher votre téléphone dans mon bureau. -Vous ne pourriez pas me le rendre s'il vous plaît?» Lehyan avait mal au cœur en disant ces mots de politesse. Stanislas le sentait bien et Lehyan était persuadé que ça l'amusait. «C'est la procédure. Vos parents viendront chercher votre téléphone. Je vous laisse les mettre au courant.» Lehyan souffla et sortit. Il était au bord de la crise de nerf. Tim le vit et ne dit rien. À midi Lehyan se calma un tant soit peu. Stanislas lui faisait pitié. Il était tellement exécrable qu'il ne devait pas avoir d'amis. Il devait s'amuser et faire des connexions comme il le pouvait. Lehyan s'en voulait de s'être énervé ainsi. Sa sœur avait réussi à rester bien plus impartiale. Alors qu'il s'était calmé Ami passa par là et vint dire bonjour à Lehyan avec un sourire. Elle fit aussi la bise à Tim qu'elle ne connaissait pas. Ami dit à Lehyan qu'elle allait s'acheter un sandwich et le manger au Mur. Elle lui avait envoyé un message sur f*******: mais il n'avait pas dû voir. Tim sourit. «Visiblement tu dois aller au Mur.» Ami sourit. «J'aime pas cette obligation. Je vois plus ça comme une insistance pour la bonne cause. Vous devriez venir.» Les garçons acceptèrent et ils allèrent tous les trois au magasin acheter des sandwichs ensemble ainsi qu'un paquet de chips. Quant à Ami elle prit aussi une bière. Une fois leurs sacs remplis ils suivirent Ami qui prit la direction du Mur. Tim en avait déjà entendu parler par l'intermédiaire de son frère alors il ne posa pas de questions. Ils arrivèrent en une dizaine de minutes et le Mur était entouré d'une bonne vingtaine de personnes éparpillés en petits groupes. Certains mangeaient, d'autres parlaient, il y en avait qui fumaient ou buvaient. Ami dit bonjour à tout le monde avant de se diriger vers un petit groupe qui était assis à la gauche du mur. Ami s'approcha de la fameuse Jocelyne qui se retourna en entendant sa voix et arbora un grand sourire. Lehyan et Tim la saluèrent à leur tour. Jocelyne avait des cheveux bruns mi-longs ainsi que des yeux fortement maquillés. Lehyan n'aimait pas le maquillage en général mais Jocelyne avait mis tellement de soin dans le choix des couleurs que c'en était devenu de l'art. Ami sourit. «J'adore tes yeux Jocelyne! Tu as vraiment un talent. Ça fait ressortir le brun de tes iris.» Jocelyne sourit touchée et porta une main à son maquillage. Lehyan sentait que cela représentait beaucoup pour elle. C'était sa manière de s'exprimer. C'était elle. «Merci beaucoup. J'adore ton haut.» Ami se mit à danser sur place. «Merci c'est à ma maman mais je lui ai volé.» Lehyan se rendit compte que Jocelyne n'était pas vraiment bien dans sa peau. C'est pour cela qu'elles étaient de si bonnes amies avec Ami. Cette dernière était pleine de joie de vivre et de compliments tandis que Jocelyne devait être fortement mal à l'aise quand on la fixait parce qu'elle portait une perruque pour cacher son s**e de naissance. «Je suis fasciné par ton maquillage, dit Lehyan. Ami a raison tu as du talent. Je n'aurais jamais cru que tant de couleurs iraient ensemble. -Aww... C'est super gentil merci beaucoup.» Jocelyne était gênée et ne savait que répondre mais Lehyan voyait qu'elle était touchée au plus au point. Le quatuor s'assit et dégustèrent leurs sandwichs en discutant. Jocelyne ne parla pas beaucoup mais n'était pas mise de côté. Ce fut surtout Ami qui dirigea la conversation et Lehyan découvrit en même temps que les filles le côté fataliste de Tim. Il s'était douté de choses vu toutes ces fois où il avait parlé de destin mais n'avait pas vraiment prêté attention. «J'estime que tout est écris. Je crois et je peux avoir tord mais je pense que nous avons chacun notre destin tout tracé et quoi que nous fassions nous ne pourrons jamais y échapper. -Donc nous devions manger ces sandwichs à cette place, maintenant? demanda Ami fascinée. -Pas forcément. Il y a des petites actions tellement sans importance qu'ils ne doivent pas être écris mais je pense que des choses comme quand nous allons mourir sont écris et inévitables. -Donc tu ne regardes pas à droite et à gauche quand tu traverse la route. -En effet. Si je dois mourir alors je ne pourrai pas l'éviter. Quoi que je fasses.» Ami hocha la tête très intéressée par la tournure de la conversation. «Je trouve ça triste personnellement. J'aime penser que j'ai le choix. À quoi bon vivre si nous ne pouvons pas apprendre, choisir, évoluer. Est ce vraiment notre vie si on nous ordonne de faire des choses? -Je vois plus ça comme un conseil.» Tim fit un clin d'oeil à Ami. «Je vois le destin comme un aimant, une fin. Il nous attire mais c'est à nous de choisir quel chemin prendre. Le fait que tout soit écris ne veut pas dire que tu peux faire ce que tu veux. Sinon c'est là que tu perds ton humanité. Nous sommes libres de ça donc nous pouvons être heureux. -Mais ça veut dire que quelque part notre bonheur est écris. -À une certaine étape peut être mais tout le monde préfère être heureux. Ils ne vont pas se poser de questions s'ils sont bien.» Pendant qu'ils discutaient le petit groupe regardait le Mur se faire recouvrir se tags frais. Tim et Ami avaient des visions très différentes de la vie mais à la fin du débat ils finirent par se rejoindre avec l'idée que l'humanité a des penchants égoïstes et que ceux l'argent ne fait pas le bonheur. Ils auraient continué à parler pendant des heures si Ami n'avait pas été appelée pour décorer le Mur. Elle se leva enjouée et traça à l'aide d'une bombe violette un visage. Un visage de femme qui donnait froid dans le dos et en même temps était magnifique. On sentait la douleur sur ses traits aussi bien que la tendresse et la fragilité. Lehyan détailla le dessin d'Ami pendant de longues secondes voulant le garder en mémoire pour toujours. Quand Ami eut fini elle tendit la bombe à Lehyan. Ce dernier l'accepta avec plaisir mais une fois devant le Mur il se figea pour réfléchir. Que devait-il tracer? Il finit par demander d'autres couleurs et dessina un oiseau. Un colibri majestueux dont les ailes partaient en fumée alors qu'il prenait son envol.  Ami se rapprocha quand Lehyan eut fini et elle lui tapota l'épaule avec son grand sourire brillant. «Tu es magnifique, Lehyan. On dirait un secret enfouie.»
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