Ondine et Lehyan appelèrent donc Tatiana, leur ancienne voisine et ce qui se rapprochait le plus d'une mère pour eux. Elle décrocha si tard que les enfants crurent même qu'elle n'allait pas répondre mais ils finirent par entendre sa voix cassée à l'autre bout du fil.
«Allô?
-Allô ,Tatiana?
-Ondine, quel plaisir de t'entendre. Ton frère est avec toi?
-Je suis là aussi, Tatiana.»
Ils l'entendirent sourire de l'autre côté du combiner.
«Je suis tellement contente de vous entendre les enfants. Tout s'est bien passé? La maison est en bon état?
-Oui, tout se passe parfaitement bien pour l'instant. Nous avons acheté les meubles et Lehyan s'est inscrit à l'université.
-Tu verrais le bâtiment. C'est énorme! On se croirait au Moyen Âge.
-Et tu commences quand les cours?
-Lundi qui arrive. Il nous reste un petit jour de repos avant de se lancer dans les cours.
-Tout va bien se passer, tu vas voir. Tu vas adorer l'université. C'est beaucoup plus libre que le lycée et vous êtes beaucoup plus nombreux. Mes années à la fac étaient incroyables. Je ne les oublierai jamais.
-Je compte profiter de ces années moi aussi.
-Mais il faut travailler aussi.»
Lehyan sourit.
«Je sais, je sais.
-Je ne m'inquiète pas pour toi tu as toujours été sérieux. Tout est une question d'équilibre dans la vie. Amuse toi mais écoute en cours.
-Ne vous en faites pas, Tatiana. Je vais surveiller mon frère.
-Je n'en doutais pas. Et toi Ondine? Tu as rencontré la famille chez qui tu allais garder les enfants?
-Non, pas encore. Ils m'ont donnée rendez-vous dans un petit café lundi.
-Très bien. Bon, je dois vous laisser les enfants. Prenez soin de vous.
-C'est promis.
-On s'appellera souvent.
-J'attends votre prochain appel dans ce cas. Bonne soirée.
-Bonne soirée.»
Lehyan et Ondine décidèrent de continuer sur leur lancée et s'éloignèrent légèrement le temps d'écrire à leurs amis. Lehyan avait eu de nombreuses connaissances au lycée mais n'écrivit qu'à ses quelques vrais amis. Ces derniers lui répondirent presque dans la seconde. Ondine quant à elle envoya un message sur le groupe snap de ses amis du lycée. Ils s'étaient rencontrés en première quand ils s'étaient retrouvés dans la même classe. Un groupe s'était créé et ils étaient restés de très bons amis depuis. Ondine écrivit aussi à ses deux meilleures amies qu'elle connaissait depuis plus longtemps et envoya quelques petits messages à des potes de l'ancienne ville.
Une fois que tout le monde fut prévenu de leur arrivée et de leurs premiers jours dans leur nouvelle maison, Lehyan décida d'appeler ses amis qui s'étaient regroupés le dernier jour de vacances. Il ne les appelait pas souvent quand ils habitaient encore près les uns des autres mais il avait reçu un message à propos de leurs vacances à Amsterdam qui avait réveillé sa curiosité et comme ils ne pouvaient pas se voir en vrai il était contraint de les appeler.
Il appela Milo qui avait le plus de chances de décrocher et il décrocha au bout de la troisième sonnerie.
«Yupp?
-Salut c'est Lehyan.
-Lehyan? C'est bizarre j'avais un ami qui s'appelait Lehyan. Il a déménagé et je n'ai plus jamais entendu parler de lui.
-Haha. Très drôle.
-p****n ça fait du bien d'entendre ta voix. Alors la maison elle est vraiment bien?
-Franchement elle est cool. J'aime beaucoup.
-Faudra que tu nous invite pour la crémaillère.
-Avec plaisir. Vous venez quand vous voulez.»
Lehyan entendait les autres en fond.
«Coucou Lehyan! cria Illyas.
-Tu veux pas revenir? renchérit Erwann.
-T'as raté un de ces trucs! s'exclama Yoan.
-Oh ta gueule! cria Erwann.»
Lehyan sourit. Ses amis lui manquaient quand même.
«Bon allez racontez moi ce truc de ouf qui s'est passé à Amsterdam.
-Franchement tu vas te pisser dessus. On pouvait pas attendre la prochaine fois qu'on se verrait pour te raconter.
-Stop au suspense. Raconte.»
Milo inspira un grand coup avant de se lancer. Il devait parler assez fort pour se faire entendre. Il devait surtout hausser la voix pour surpasser celle de Erwann qui n'arrêtait pas de se justifier pour quelques raisons inconnues, du moins pour l'instant, de Lehyan.
«Donc on est allés à Amsterdam. C'était archi cool. On t'enverra les photos sur le groupe. Franchement les rues sont super cozy et les musées sont incroyables. J'y retourne le plus vite possible. Enfin. On est allés en boîte plusieurs soirs de suite. C'était assez cher et on s'est fais recal à un endroit parce qu'on était que des gars mais sinon l'ambiance était géniale. Je sais pas si ça s'est vu sur mes snaps mais c'était énorme. Le dernier soir on est retournés en boîte et Erwann a répéré une meuf super canon assise à une table. On s'est foutus de sa gueule parce que on était sûrs qu'elle n'allait jamais lui parler. On a été sur le c*l quand elle lui a fais un clin d'oeil. Tu aurais dû voir Erwann il se sentait plus.
-Oh ça va! s'énerva l'intéressé en fond.
-Enfin bref. Ils ont passé de longues minutes à se regarder. Erwann n'a pas eu les couilles d'aller la voir pourtant ça faisait des heures qu'on le poussait à le faire.
-Ouais bah je voulais me faire désirer... grogna Erwann.
-Tu n'osais pas surtout.
-Finalement la meuf s'est levée et est venue vers nous. Erwann a failli tomber de sa chaise alors qu'il essayait de paraître détendu.»
Lehyan sourit en s'imaginant la scène.
«Nous nous sommes décalés pour leur laisser un peu d'intimité mais restions assez près pour tout entendre évidemment.
-Sinon c'est pas drôle.
-La meuf a direct proposé à Erwann d'aller dans une autre pièce. Nous avons failli nous étouffer pour la deuxième fois avec le contenu de nos verres. Quant à Erwann il s'est vraiment étouffé. Il a toussé de longues secondes et est devenu tout rouge. J'aurais dû prendre une photo...»
On entendit Erwann souffler en fond tandis que les autres riaient du malheur de ce dernier.
«Comme il était gêné la meuf lui a dis qu'elle a bien vu la manière dont il la regardait. Erwann a fini par accepter de la suivre et tu peux imaginer la suite. Sauf que après l'acte, la meuf s'est rhabillée et a demandé 1200 euros à Erwann.»
Lehyan sourit tandis que Milo explosait de rire.
«Pourquoi ça ne me surprend pas? se demanda Lehyan. J'imagine que c'était une prostituée?
-Yupp. Pour sa défense, aucun de nous ne s'était douté du métier qu'elle exerçait.
-Il a payé?
-Bah... Il était obligé.
-1200 balles putain... pleura Erwann.
-Il a pas à se plaindre on l'a aidé à payer alors qu'on a même pas pécho. On va dire que c'est le prix pour avoir bien rigolé.
-Moi aussi je veux payer. On ne s'ennuie jamais avec vous.
-Tu m'étonne. Tu vas bien t'ennuyer dans ta petite fac sans nous.
-Petite? Tu devrais te renseigner un peu. Il y a au moins vingt bâtiments.
-À ce point? Au temps pour moi alors.»
Ondine regardait Lehyan discuter avec un petit sourire. Elle appréciait beaucoup les amis de son frère. Ils étaient très gentils et présents. Elle les avait souvent invités chez eux dans l'ancienne ville et comptait les inviter de temps en temps dans leur nouvelle maison si la distance le leur permettait. Il fallait aussi qu'elle invite ses propres amis.
Les pensées d'Ondine dérivèrent vers ses deux meilleures amies. Chani et Ainoa. Chani reprenait les cours un mois après les autres ce qui lui permettait d'être encore en vacances avec son petit ami. Ondine ne voulait pas la déranger pendant ses vacances avec un appel. Elle se contenta donc de lui écrire. Cependant une certaine mélancolie s'empara de la jeune fille alors qu'elle repensait à tous les bons moments qu'elle avait passé avec ses amis. Elle eut soudain envie de parler de vive voix et appela sa meilleure amie, Ainoa. Cette dernière décrocha à la première sonnerie.
«Coucou ma belle! Je suis trop contente que tu m'appelles. Je pensais justement à toi.
-Oh trop mignonne... Ça fait plaisir d'entendre ta voix.
-Alors raconte moi tout. Quoi de neuf?»
Ondine se laissa tomber sur le canapé mais très vite après se releva et se mit à faire les cents pas dans toute la maison.
«Meuf... Cette ville est magnifique.
-Oui! J'ai vu les photos. Ça donne trop envie!
-Il y a la plage même pas à cinq minutes et les vagues sont parfaites.
-Le rêve...
-Si tu ne reprenais pas les cours si tôt je t'aurais invitée...
-Arrête de remuer le couteau dans la plaie.»
Ondine sourit.
«T'as hâte de retourner en cours? Tu te sens prête?
-En vrai... Ouais. J'aime bien on apprend des trucs passionnants.
-Tu n'es pas trop stressée?
-Hum... Il y avait un petit stresse quand je devais me spécialiser pour la deuxième fois mais avec le recul je pense que j'ai bien choisi.
-Du moment que ça te passionne c'est le plus important.
-T'inquiète je t'enverrai mes cours.
-Non, mais t'embête pas. Je pense que t'auras déjà assez de choses à faire comme ça.
-Mais ça m'embête pas du tout. Au contraire. Tu vas m'aider si jamais je comprends pas. Et si jamais tu comprends pas quelque chose je peux t'expliquer. Ça m'entraînera.
-Alors merci beaucoup.
-Enfin bref assez parlé de moi. Raconte moi tout. As-tu fais de nouvelles rencontres? T'as trouvé un petit boulot? Tout le monde a pleuré ici quand tu as quitté le restau.
-J'ai pas vraiment eu le temps de chercher pour l'instant mais je pense que ça va le faire. C'est une grande ville il y a sûrement des places à prendre. Et puis j'ai déjà le babysitting.
-Tu rencontres quand les parents déjà?
-Demain dans un café du coin. J'espère qu'ils sont cool. Ils avaient l'air quand on a échangé des messages mais ça reste des messages. Ils peuvent être différents en vrai.
-T'inquiète je suis sûre qu'ils seront super cool. Ils vont t'adorer quoi qu'il arrive donc tu n'as pas de soucis à te faire.
-Sinon on a rencontré nos nouveaux voisins.
-Ah oui? Ils sont comment?»
Ondine ne put s'empêcher de penser à Stanislas. Cet homme désagréable et inhumain.
«Eh bien... Notre voisine de droite est une femme d'affaire. Elle a l'air très gentille et elle est super classe mais elle a l'air tout le temps occupée.
-Certains sont amoureux de leur travail. Chacun ses coups de cœur.
-Sinon nos voisins de gauche c'est un couple âgé adorable. Ils nous ont invités à prendre le goûter chez eux et on a super bien discuté. C'était super sympa.
-Oh tant mieux. Faut se créer un réseaux de bonnes relations quand on déménage et ça m'a l'air bien parti.
-Mouais... Ça pourrait être mieux quand même.
-Comment ça?
-Le couple âgé a quatre fils. Ils ont tous déménagé et ils vivent leur vie. Sauf un. Le plus jeune.
-Okay...
-Il s'appelle Stanislas. On l'avait croisé deux fois avant de découvrir qu'il était notre voisin. À la plage et à l'université lors des inscriptions de mon frère. Les deux fois je lui ai foncé dedans sans faire exprès...»
Ainoa rit.
«Bah dis donc tu perds pas de temps. C'est la meilleure façon de faire des rencontres après tout.
-Je suis pas si sûre que ça. Stanislas n'avait pas l'air ouvert à la relation. Bien au contraire. Je n'ai jamais rencontré de personne aussi froide, mal élevée et désagréable au monde.
-À ce point?
-Tu n'imagines même pas. J'ai l'impression qu'il va m'étrangler à chaque fois qu'il m'aperçoit.
-Ça se trouve c'est sa manière de montrer qu'il est intéressé. Mais du coup tu me l'as pas dis. Il est peut être beau.
-Ah non. Franchement il est pas beau. Je suis la première à dire que la beauté est subjective mais comment puis-je trouver quelqu'un de si froid beau? Il n'y a vraiment rien. Il ne m'aime pas ça se voit.
-T'es sûre de ça? demanda Ainoa malicieusement.
-Je suis sûre à cent pourcent. J'adorerais ne plus jamais avoir à le croiser.
-On verra dans quelques mois...
-S'il m'aura pas tuée d'ici là...
-Il a pas intérêt.»