Plan Z

Chapitre 6

Le lendemain matin Ondine se réveilla de bonne heure en entendant le réveil sonner. Elle se leva et se mit en mouvement beaucoup plus facilement et rapidement que la veille. Elle se dirigea vers la cuisine pour préparer le petit déjeuner de son frère en faisant le moins de bruit possible. Ce dernier se leva une bonne demi-heure après et arriva dans la cuisine avec les yeux mi clos et les cheveux en pagaille. Ondine rit en le voyant arriver ainsi.

«Quelqu'un est réveillé.»

En réponse Lehyan grogna une suite de mots incompréhensibles. Ondine se contenta de cette réponse et posa un bol devant Lehyan amusée.

«Allez mange. Il faut que tu sois en forme pour ton premier jour.»

Lehyan mangea en silence tout en fixant un point imaginaire devant lui. Ondine rit devant ce spectacle tout en buvant son jus d'orange. Elle ne mangeait pas le matin mais un verre de jus frais ne pouvait pas se refuser.

Une fois la dernière cuillère de son bol avalée, Lehyan revint complètement à lui-même. Ses yeux étaient devenus bien plus clairs et il avait l'air de savoir où il était à présent. Il ne fixait plus le vide mais regardait sa sœur avec un petit sourire.

«Bien dormi? demanda Lehyan.

-Super bien. Et toi?»

Lehyan hocha la tête positivement avant de se lever pour laver son bol. Ondine lui prit des mains et lui dit d'aller se préparer pendant qu'elle faisait la vaisselle.

Lehyan alla donc dans sa chambre mais ressortit une bonne dizaine de minutes après toujours en pyjama. Il brandit un short ainsi qu'un t-shirt à l'instar d'Ondine.

«Tu penses que ça va ça?»

Ondine détailla les vêtements avant de répondre.

«Oui, oui. C'est parfait t'inquiète.»

Lehyan disparut de nouveau avant de réapparaître deux secondes après habillé. Il se brossa les dents et prit son sac puis suivit sa sœur jusqu'à la voiture. Ondine le déposa devant l'université. Lehyan la remercia et sortit de la voiture. Il lui fit un petit signe avant de continuer sa route. Ondine attendit qu'il ne soit plus dans son champ de vision puis repartit vers la maison.

En attendant l'heure de son rendez-vous au café, Ondine décida de se rendre utile et fit le ménage dans la maison. Une fois tout parfaitement brillant, elle s'assit dans le jardin avec un livre et profita de la chaleur du Soleil sur sa peau. Elle fit quelques poses dans sa lecture pour se reposer les yeux ainsi que pour répondre aux messages de ses amis.

L'heure du rendez-vous finit par arriver et Ondine remonta dans sa voiture et arriva au café une bonne dizaine de minutes en avance. Elle fit le tour des lieux légèrement stressée et finit par s'asseoir à une table. Elle se sentait mieux à présent qu'elle avait repéré les issues de secours au cas où la situation venait à dégénérer.

Deux minutes après l'heure exacte de leur rendez-vous, un couple assez jeune ainsi que deux enfants firent leur entrée dans le café. Ondine se leva devinant que ce ne pouvait être que le couple dont elle allait devoir garder les enfants. La voyant se lever, le couple lui sourit et se dirigea vers elle.

La mère était une grande brune assez fine et aux cheveux parfaitement lisses. Sa peau était blanche et sans aucun défaut et ses yeux bleus brillaient chaleureusement. Quant au père c'était un homme d'assez grande taille aux cheveux sombres et aux épaules carrées. Il portait une casquette ainsi qu'un short militaire. Son sourire chaleureux était coordonné avec les yeux de sa femme dont il tenait la main avec douceur. Quant aux enfants ils étaient les portraits crachés de leurs parents. Une petite fille aux longs cheveux bruns parfaitement lisses ainsi qu'aux yeux d'un bleu brillant. Un petit garçon aux cheveux sombres en pagaille et arborant un petit sourire amical.

Ondine souffla soulagée en voyant les enfants pour de vrai. Ils avaient l'air tout simplement gentils et bien élevés tout comme leurs parents. Ces derniers s'arrêtèrent devant Ondine et lui serrèrent la main chacun leur tour.

«Bonjour Ondine, on te rencontre enfin pour de vrai. Je suis Caroline et voici Enzo.

-Enchantée.»

Caroline caressa la tête de ses enfants avec un sourire bienveillant. La petite se cachait derrière la jambe de sa mère tandis que le garçon détaillait Ondine avec curiosité.

«Et voici nos petits anges. Jodie et Antoine. Dites bonjour les enfants.»

Deux petits bonjour se firent entendre et les adultes sourirent. Ondine s'agenouilla au niveau des enfants et leur sourit avec douceur.

«Coucou les enfants. Je m'appelle Ondine. Je suis très contente de faire votre connaissance.»

Antoine sourit d'un coup comme s'il s'était décidé au sujet d'Ondine en qui il voyait une future amie à présent. Quant à Jodie elle sortit lentement de sa cachette avec ses gros yeux naïfs.

Ondine sourit aux enfants avant de se redresser et de s'adresser aux parents.

«Je pourrais leur payer une part de gâteau ou quelque chose?»

Caroline sourit à ses enfants.

«Je suis sûre que ça leur fera très plaisir. N'est-ce pas les enfants?»

Ondine suivit son regard et Jodie se cacha de nouveau quand son regard croisa le sien. Enzo rit.

«Elle n'est pas si timide en générale. Ne te laisse pas berner.

-Elle a l'air adorable.»

Ondine regarda Antoine à son tour.

«Et toi aussi tu es adorable.»

Antoine bomba le torse fière d'être qualifié d'adorable.

Enzo fit signe aux enfants de prendre place à la table puis les adultes firent de même. Peu après un serveur se rapprocha et demanda ce qu'il pouvait leur servir. Caroline et Enzo commandèrent deux cafés qu'ils refusèrent de laisser Ondine payer. Quant aux enfants ils prirent chacun une part de gâteau tandis qu'Ondine se contentait d'un verre d'eau.

Ils furent vite servis et Jodie oublia sa timidité dès qu'elle vit le gâteau. Elle le dévora sans ménagement et eut du glaçage plein le menton. Ses parents n'en finissaient pas de lui nettoyer le visage. Ondine sourit attendrie et aussi amusée par la scène.

Les parents profitèrent du fait que les enfants étaient occupés par leurs sucreries pour discuter.

«Alors Ondine, j'espère que rien n'a changé de votre côté. Vous pouvez toujours garder nos enfants les jeudi soirs?

-Oui, pas de soucis.

-Tant mieux. Dans ce cas ce sur quoi nous nous sommes mis d'accord jusque là reste valable. Ce serait parfait si vous pouviez aller chercher les enfants après l'école, que vous leur donniez à manger au goûter mais aussi le soir et que vous les couchiez. Ne vous en faites pas nous préparerons le repas vous n'aurez pas à cuisiner.»

Ondine hocha la tête.

«Cela me convient parfaitement.»

Caroline sourit.

«Super, c'est rare de trouver des babysitter aussi jeunes et avec tant d'expérience. Au départ mon mari était légèrement dubitatif. Vous savez il n'aime pas l'idée de laisser nos enfants à une inconnue. Mais le nombre d'enfants que vous avez gardés par le passé ainsi que votre enthousiasme ont fini par le rassurer.»

Enzo fit la grimace.

«C'est pas moi qui étais inquiet. C'était surtout elle.»

Caroline soupira amusée.

«Mais si c'est toi qui disais que tu préférais rentrer et garder les enfants que de les laisser à quelqu'un qu'on ne connaît pas.

-Je disais cela pour rater les cours de salsa mais j'ai fini par accepter mon triste sort.»

Caroline leva les yeux au ciel. Ondine sourit.

«Ne vous en faites pas. J'ai l'habitude de m'occuper d'enfants et je le fais avec plaisir. Tout va bien se passer. D'autant plus que vos enfants ont l'air d'être des plus agréables.»

Ondine sourit à Antoine qui se trémoussa sur sa chaise puis à Jodie qui lui rendit un petit sourire plein de chocolat.

Les enfants finirent leurs gâteaux et Ondine dit au revoir à la petite famille. En sortant du café elle remarqua une affiche qu'elle n'avait pas vue à son arrivée. C'était une simple petite feuille A4 sans couleurs ni images qui indiquait que le café était à la recherche d'un serveur.

Elle retourna immédiatement dans le café pour postuler. Le petit travail quelle cherchait avait été bien plus facile à trouver qu'elle n'aurait pensé. Elle s'était trouvée au bon endroit au bon moment et elle ne comptait pas laisser passer cette chance.

Ondine repéra le serveur près de la caisse et se dirigea vers lui d'un pas assuré.

«Bonjour, je voulais vous parler au sujet du post de serveuse. Vous avez déjà trouvé quelqu'un?

-Non pas encore.

-Super. Je voudrais postuler.»

Le serveur hocha la tête lentement. Il n'avait pas l'air des plus enjoués.

«Il va falloir vous adresser à la directrice du café, Madame Ervin.

-Ça marche. Ou puis-je la trouver?»

Le serveur haussa les épaules.

«Elle est sûrement dans son bureau comme d'hab.»

Ondine remercia le serveur avec un grand sourire avant de se diriger vers la porte qui lui avait été indiquée. Elle toqua assez fort pour se faire entendre et attendit que la voix derrière la porte l'invite à entrer. Elle poussa donc la petite porte rouge en bois et se retrouva face à une jeune femme légèrement enveloppée qui devait être la fameuse directrice.

«Bonjour.»

La femme sourit à Ondine et lui demanda si elle voulait s'asseoir ou quelque chose à boire. Ondine déclina son offre avec politesse avant de lui expliquer pourquoi elle était venue.

«Permettez moi de me présenter. Je m'appelle Ondine Szeledás. J'ai vu que vous cherchiez une serveuse et on m'a dis que personne n'avait encore obtenu ce post alors je me disais que j'allais tenter ma chance.»

La directrice se leva et fit le tour du bureau pour se retrouver devant Ondine.

«Je me doutais que vous veniez pour ce post. Dis moi, je peux te tutoyer?

-Évidemment.

-Merci alors s'il te plaît tutoie moi aussi.

-Je vais essayer.

-Donc, tu as déjà travaillé dans un café?

-J'ai déjà été serveuse mais c'était dans un restaurant. J'y ai travaillé pendant trois ans et j'ai adoré ce travail.

-Pourquoi l'as-tu quitté alors?

-J'ai dû déménager parce que mon frère a été accepté dans une université ici.

-Oh, je vois. Tu aurais des références à me faire lire ou ton CV?

-J'ai les deux mais malheureusement je n'ai pas pensé à les prendre avec moi aujourd'hui. Je pourrais vous les ramener demain ou un peu plus tard dans la journée? Il me faut seulement vingt minutes pour faire l'allée retour.

-Non pas de soucis tu me les rapporteras demain ne t'en fais pas.

-En attendant je peux commencer de suite si vous voulez. Vous pouvez me mettre à l'essai.»

La directrice sourit. L'enthousiasme d'Ondine lui plaisait pas mal. Cela changeait se son autre serveur.

Soudain la porte s'ouvrit et un homme d'une quarantaine d'années fit son entrée. Il s'arrêta en voyant Ondine et s'excusa.

«Pardon je ne savais pas que tu étais occupée. Je peux revenir plus tard.»

Il allait fermer la porte mais madame Ervin l'interpella.

«Attends Aurélien. J'étais justement sur le point de mettre cette jeune femme à l'épreuve. Elle peut très bien être notre nouvelle serveuse.»

Le fameux Aurélien sourit en entendant cela.

«Je suis content d'entendre ça. Qui aurait cru que nous trouverions quelqu'un si vite?»

Il tendit la main à Ondine qui l'accepta avec plaisir.

«Je suis Aurélien Ervin le mari de Maëva.

-Enchantée. Je m'appelle Ondine Szeredás. Je travaillerais ici avec plaisir.

-Heureusement que tu dis ça. Ici on ne travaille qu'avec plaisir.»

Il fit un clin d'oeil à Ondine qui rit. Ils pensaient tous les deux au deuxième serveur sans le dire.

Maëva sourit à son tour.

«Certains n'expriment pas leurs sentiments de la même manière que les autres. Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas récompenser leur travail.»

Aurélien prit sa femme dans ses bras avec une douceur et une joie qui toucha Ondine.

«Tu as un dont pour voir le potentiel en toute personne.»

Maëva avait essayé de rester impassible mais son visage se fendit d'un sourire quand son mari la regarda droit dans les yeux avec son regard enfantin.

Ondine regarda ses pieds gênée mais heureusement pour elle Aurélien lâcha Maëva se doutant qu'elle devait se sentir à part. Maëva sourit à Ondine avec douceur.

«Il y a un uniforme dans les vestiaires. Tu peux l'enfiler.

-Merci beaucoup!

-J'espère que j'ai vu juste en ce qui te concerne.

-Vous ne serez pas déçue madame.

-S'il te plaît, appelle moi Maëva. Et tu n'as pas à me tutoyer.

-Pardon j'avais oublié.»

Ondine se rua dans les vestiaires et se changea. Une fois prête mentalement, elle sortit et rejoignit le serveur ramolli. Ce dernier la détailla des pieds à la tête avec une lenteur presque ennuyante.

«On dirait que tu as eu le job.

-Pas encore. Je suis en essai.

-Oh.

-Tu travailles ici depuis longtemps?

-Ouais.»

L'arrivée d'un consommateur sauva Ondine de cette conversation gênante. Elle se tourna vers le serveur et lui demanda si elle pouvait s'en charger. Son collègue la laissa faire volontier. Ondine se débrouillait comme un chef. Elle retenait les commandes sans problème et les apportait en un temps record. Elle remarqua à un moment le couple de propriétaires la regarder avec des sourires satisfaits. Cela redonna de l'énergie à Ondine qui fit son travail avec un grand sourire.

Alors qu'elle faisait ses allés retours, une jeune femme de l'âge d'Ondine aux cheveux d'un blond discret attachés en queue de cheval. Ondine lui demanda si elle pouvait lui apporter quelque chose mais la jeune femme lui répondit qu'elle attendait quelqu'un.

Ondine continua donc à servir les clients. Les minutes passaient mais personne ne venait rejoindre la jeune femme. Cette dernière regardait son téléphone toutes les secondes et tapotait nerveusement la table de son index. Ondine grimaça en la voyant soupirer.

Entre deux commandes Ondine mit de l'argent dans la caisse et alla chercher un milk shake au chocolat qu'elle déposa devant la jeune femme avec un sourire triste.

«Je ne pense pas que la personne viendra... dit Ondine tout bas.»

L'inconnue eut un petit rire nerveux.

«Je ne penses pas non plus.»

Elle sourit à Ondine reconnaissante.

«Merci.

-Entre filles on doit se soutenir.

-Tu as bien raison.

-T'inquiète pas je sais que tu trouveras mieux.

-J'espère...»

Sur ce un nouveau client arriva et il était clair que le deuxième serveur endormi près de la machine à café n'allait pas le servir. Ondine se remit donc en mouvement et continua ainsi jusqu'à ce que la directrice l'appelle ainsi que son collègue.

«Je suis très contente de toi Ondine. Tu me rappelles moi même à mes débuts en tant que serveuse.

-Merci madame.»

Un regard qui se voulait sévère de la femme envers Ondine la fit reformuler.

«Merci beaucoup Maëva.

-Tu peux commencer quand?

-Dès demain. Je suis libre tous les jours à part le jeudi. Je garde des enfants.

-Pas de soucis je le note. D'ici demain ton contrat sera près. Il contiendra tes horaires que tu pourras échanger avec tes collègues si tu veux ainsi que ta première fiche de paye.

-Déjà? C'est le début du mois.

-C'est pour nous avoir aidés aujourd'hui.

-Merci encore c'est trop aimable.»

Maëva sourit vraiment heureuse d'avoir engagé Ondine.

«Le restaurant a dû pleurer votre perte.»

Ondine sourit gênée.

«Ondine je te présente Rodrigue. Je compte sur vous pour vous diviser le travail tant que Georgina ne sera pas rétablie. J'aimerais qu'il n'y ait pas de différents au travail. Vous êtes tous les deux égaux et quand on travaille dans la bonne humeur c'est d'autant plus agréable. Si jamais vous avez un problème n'hésitez à venir m'en parler ou à Aurélien. Nous serons toujours là pour vous écouter.»

Ondine acquiesça sentant qu'elle allait se plaire dans cette ville.