Chapitre 9 – Jeux de Pouvoir et Lignes Franchies
907 Words
Leya
L’Après-Coup
Je suis encore là, adossée à la voiture, les muscles tendus, le cœur battant à un rythme que je refuse d’analyser.
Rafael est parti, me laissant seule avec le poids de ce qui vient de se passer.
Son regard. Son souffle. Cette proximité dangereuse qui aurait pu…
Non.
Je secoue la tête et me redresse. Ce n’est rien. Juste une montée d’adrénaline. Je refuse de donner un autre sens à ce moment.
Mais alors pourquoi ai-je encore l’impression que sa main est sur moi ?
Le manoir est silencieux quand j’entre. Dante n’est pas là, mais certains de ses hommes me jettent un regard en coin. Ils savent que la mission a été un succès, mais ils attendent autre chose. Une faille. Une faiblesse.
Je leur offre un visage impassible et me dirige vers l’étage.
Le calme de ma chambre est une illusion. Loin d’être un refuge, elle est une cage où mes pensées tournent en boucle.
Rafael.
Ce qu’il a dit. Ce qu’il n’a pas dit.
Et ce que j’ai ressenti.
Je passe une main dans mes cheveux, exaspérée. Je ne suis pas là pour ça. Je n’ai pas le droit à ça.
Alors pourquoi son regard me hante encore ?
Le Test
Le lendemain matin, Dante m’attend dans le grand salon.
Il est assis sur son fauteuil habituel, un verre d’alcool ambré à la main. Son regard perçant m’évalue dès que j’entre.
— Alors ?
Je croise les bras.
— Mission accomplie. L’échange s’est fait. Quelques tensions, mais rien d’ingérable.
Un sourire effleure ses lèvres.
— Rafael m’a déjà tout raconté. Je voulais juste voir comment toi, tu allais le dire.
Je serre la mâchoire. Bien sûr. Tout est toujours un test avec lui.
— Et alors ? Je passe ou je suis recalée ?
Dante repose son verre et se lève, s’approchant lentement.
— Tu es intéressante. Trop de fougue, mais une intelligence qui compense.
Il s’arrête à quelques centimètres de moi.
— Le problème, c’est que l’intelligence ne protège pas toujours des balles.
Je ne détourne pas le regard.
— Je sais encaisser.
Son sourire s’élargit.
— J’espère pour toi. Parce que la prochaine mission sera un vrai test.
Je ne cille pas.
— Quelle mission ?
Il se tourne vers Rafael, qui vient d’entrer, silencieux comme toujours.
— Explique-lui.
Rafael croise mon regard, impassible.
— Ce soir, on entre dans le territoire ennemi. On doit récupérer une information capitale. Et cette fois, il n’y aura pas de négociation.
Plongée dans l’Enfer
La nuit tombe, étendant son voile d’ombre sur la ville.
Nous sommes trois : Rafael, moi et un autre homme nommé Luis. L’opération est risquée, mais Dante veut tester mes limites.
Nous avançons dans les ruelles sombres, nos pas feutrés sur le bitume. L’entrepôt se dresse devant nous, imposant, gardé par cinq hommes armés.
— On passe par derrière, murmure Rafael.
Nous contournons le bâtiment, nous fondant dans l’obscurité. L’air est chargé de tension, de cette électricité propre aux nuits où tout peut basculer.
Un bruit de pas nous fait nous figer.
Un garde sort fumer une cigarette.
Luis le neutralise en silence, un mouvement rapide, précis. Mais un deuxième garde surgit, et cette fois, il nous voit.
L’alerte est donnée.
Tout explose.
Des coups de feu éclatent. Luis se jette à couvert. Rafael riposte avec une précision chirurgicale.
Moi, je suis en mouvement, évitant les balles, me rapprochant.
Un homme se précipite vers moi. Je l’esquive, l’attrape par le bras et lui brise le nez avec mon coude. Il hurle, tombe en arrière.
Un autre arrive.
Je me baisse au dernier moment, lui fauche les jambes. Il s’écrase au sol, groggy.
Rafael abat le dernier garde.
Le silence retombe, lourd, seulement troublé par nos respirations saccadées.
Nos regards se croisent.
— Joli travail, souffle Rafael.
Mais nous n’avons pas le temps de savourer la victoire.
Un bruit sourd résonne.
Une porte métallique s’ouvre violemment.
D’autres hommes arrivent. Beaucoup plus.
Nous devons fuir.
Rafael attrape mon poignet, et nous courons dans la nuit, l’adrénaline brûlante dans nos veines.
Mais nous ne sommes pas seuls.
Une balle siffle près de mon oreille. Un impact éclate contre le mur à ma gauche.
Luis riposte, mais il est ralenti. Je le vois grimacer, sa main pressée contre son flanc.
— Il est blessé ! crié-je.
Rafael ne réfléchit pas. Il change de direction, m’ordonne de le suivre.
Nous nous engouffrons dans une ruelle étroite, courant à perdre haleine.
Les sirènes résonnent au loin.
Nous atteignons une vieille maison abandonnée.
Luis s’effondre sur le sol poussiéreux.
Je m’agenouille à ses côtés, déchirant un morceau de ma chemise pour comprimer sa blessure.
— Ça va aller, reste avec nous, murmuré-je.
Son visage est pâle, mais il hoche la tête.
Rafael, lui, est déjà en train de sécuriser l’endroit, vérifiant chaque sortie, chaque fenêtre.
Quand il revient, son regard se pose sur moi.
Il est sombre, intense.
— Tu t’en es bien sortie.
Je ne réponds pas. Je suis encore sous le choc, la chaleur du sang de Luis sur mes mains.
Rafael s’accroupit près de moi.
— Regarde-moi.
Je lève les yeux, et tout ce que je vois dans son regard, c’est une certitude glaciale.
— C’était ton premier vrai test. Et ce n’est que le début.
Je déglutis, incapable de détourner le regard.
Parce que je sais qu’il a raison.
Et quelque chose me dit que la prochaine fois, ce sera encore pire.
- Writer
