La rencontre

872 Words
Le dernier concert de la tournée vient de s'achever. Le public était en feu et les gars dans les loges n'arrêtent pas de crier de joie. Je suis moi-même très heureux. Un peu déçu que la tournée soit terminée mais logiquement lorsqu'un chapitre s'achève, un autre commence. C'est la fin de cette tournée, il y en aura sûrement bientôt une autre, qu'elle soit pour mon groupe, pour le collectif ou pour moi-même. J'ai à peine le temps de me changer qu'il faut déjà que nous repartions retrouver nos supporters pour signer des autographes et prendre quelques photos. Au début je trouvais un peu gênant que des gens que je ne connaissais pas veuillent prendre des photos avec moi, mais je m'y suis fait et finalement j'aime ces moments avec le public. Ça nous permet de rencontrer ceux qui nous supportent et de les remercier. Et avec les années j'ai compris que les gens préféraient les artistes ouverts et proches de leur public. Perso' je le fais naturellement même si mon but n'est pas qu'on m'aime mais qu'on aime mon rap. Enfin bref, on y est. Le moment de rencontrer notre public parisien est arrivé. Je m'installe derrière un grand comptoir. Je me demande pourquoi il est si grand d'ailleurs. La sécu' doit flipper que certains tentent de passer par-dessus pour nous sauter dessus. Je pense pas que ça devrait arriver puisque ce n'est pas le genre de réaction d'un public de rap, mais de nos jours il y a des fous partout donc vaut mieux prendre des précautions si on veut rentrer chez nous en un seul morceau. Les supporters défilent les uns après les autres. Il y a beaucoup de petits, genre 10-13 ans. Ça me dérange pas, au contraire, c'est à leur âge que j'ai moi-même commencé à m'intéresser au rap. Et c'est dans ces moments-là qu'on se rend compte que notre musique touche beaucoup de monde, de différentes tranches d'âge. Une jeune femme s'approche de moi après avoir lancé un dernier sourire à Naïm. Elle se poste derrière le comptoir. Je lui souris. Elle hausse un sourcil. - C'est bien ici le bureau des plaintes ? Demande-t-elle. Je fronce les sourcils. - Le concert ne t'as pas plu ? Je lui demande. - Si. C'était bien. Jusqu'au moment où je me suis retrouvée piétinée par une magnifique paire d'Air Max blanches. Je me pince les lèvres pour ne pas rire. En parlant, elle m'a montré sa joue un peu égratinée. La pauvre, je l'ai pas loupée... - Je suis désolé. Je voulais pas te faire mal. - Encore heureux que ça n'est pas été intentionnel ! - Une autre plainte ? - Oui. Je peux savoir pourquoi le comptoir est si grand ? On me rappelle déjà assez souvent que je ne fais pas plus d'un mètre soixante. Je ris légèrement. - Ça, ce n'est pas moi qui l'est choisi, désolé. Elle hausse les épaules comme pour me dire que ce n'est pas grave. - Au fait, c'est quoi ton prénom ? Elle semble surprise que je lui demande. D'ailleurs, je sais même pas pourquoi je l'ai fait. Je ne m'en souviendrais sûrement même pas à la fin de la soirée. - Atesa. - C'est joli, Atesa. Moi c'est Elios. Je lui tends ma main et j'avoue que j'ai l'air un peu c*n sur le moment. Elle doit sûrement connaître mon prénom et j'en ai la confirmation en la voyant se retenir de rire. Mais heureusement elle joue le jeu. Elle serre ma main en souriant. - Enchantée Elios. Je vois un gars de la sécurité approcher alors je lui propose de prendre une photo avant qu'il ne la vire. - Tu déconnes ? T'as vu ma tête ? Elle s'offusque.  - Elle est bien ta tête. - Non. J'ai une tête post-concert avec mes cheveux en pagaille et ma joue égratinée. - On s'en fout. Moi aussi j'ai une tête post-concert et pourtant ça fait une heure que je prends des photos avec des gens. - T'as raison. Mais je ne veux pas de photo. Je voudrais juste que tu me signes ça. Elle me tend un petit carnet bleu. - Au nom d'Achille. Je hausse un sourcil en la regardant. - C'est mon cousin. Elle précise. - T'es grecque ? - Non. Enfin c'est compliqué. Je ne cherche pas plus loin et signe le carnet. J'allais pas m'éterniser avec elle, d'autres personnes attendent. - Et voilà. Je lui rends ses affaires et elle me remercie. - Au revoir, Atesa. - Au revoir, Elios. ~~~~~~~~~~~~ - Voilà, c'est comme ça que tout a commencé entre elle et moi. - Je trouve ça romantique de rencontrer l'amour en concert. Lance Paris rêveuse. - N'importe quoi. Priam secoue la tête à la remarque de sa sœur. Toujours en désaccord ces deux-là. Je suppose que c'est parce qu'ils sont en pleine adolescence. Ça ira mieux en grandissant. - Bon, maintenant au lit. Dis-je en me levant de mon fauteuil. - Quoi déjà ? S'étonne ma petite brune et pour une fois son frère à l'air d'accord avec elle. - Oui déjà. Il est bientôt minuit. - Mais t'as pas fini de nous raconter ton histoire. - La suite demain. Aller au pieu les mioches. Ils marmonnent des choses incompréhensibles mais finissent par obéir. Paris m'embrasse la joue et contre toute attente, Priam l'imite. - Bonne nuit, papa. - Bonne nuit, mes enfants.
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