8-2- Elle

1174 Words
À bout de souffle, leurs corps encore empreints de chaleur, Cyana et Nath s'étreignaient, comme s'ils cherchaient à prolonger l'instant, pourtant fragiles sous le poids de l'évidence. — Dis-moi ce qu'il se passe... murmura Nath, la voix basse mais ferme. Cyana hésita, les yeux fuyants. Elle voulait tout dire, mais quelque chose la retenait. Sa respiration trahissait son anxiété. — Nath... je... Écoute, laisse tomber. Je vais tout arranger, tu verras, dit-elle, la voix tremblante. Mais Nath secoua la tête. Sa mâchoire se crispa, une lueur de frustration allumait ses yeux. — Non, Cyana, je refuse de croire que tu peux arranger une situation que tu refuses même de me révéler. Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre... un homme ? demanda-t-il, un mélange de doute et de douleur perçant dans sa voix. Cyana sentit son cœur se serrer. Elle mordit doucement sa lèvre, incapable de soutenir le regard de Nath. Il s'approchait dangereusement de la vérité, mais comment pouvait-elle lui dire ? Comment admettre ce qu'elle-même craignait de comprendre ? — J'ai peur... avoua-t-elle enfin, la voix presque inaudible. J'ai peur de ce que tu penseras de moi, et si, après ça, tu ne me regardais plus jamais de la même manière. Le silence qui suivit ses mots était assourdissant. Nath, immobile, la fixait intensément. Chaque seconde pesait davantage, comme une menace invisible qui les entourait. — Je ne peux plus continuer comme ça, Cyana, dit-il d'une voix rauque, la gorge nouée. C'est soit tu me dis ce qu'il se passe, soit je mets un terme à cette relation. Le cœur de Cyana se figea, manquant un battement à l'entente de ces paroles. La peur qu'elle ressentait depuis des semaines semblait enfin matérialisée. Elle savait qu'elle devait parler, mais elle craignait que ses mots n'effacent à jamais ce qu'ils avaient construit. — Je... vais... il... y... Nath, s'il te plaît... La voix de Cyana tremblait, ses mots vacillaient comme si elle s'accrochait à une vérité qui lui échappait. Christian, impassible, l'interrompit, son regard dur comme de l'acier. — Ne perds plus ton temps avec elle. Elle te ment depuis le début. Cyana va se marier avec un autre homme. La révélation claqua dans l'air, résonnant comme un coup de tonnerre dans le silence oppressant de la pièce. Le cœur de Nath se serra instantanément, ses yeux passant de Christian à Cyana, cherchant désespérément un signe, un mot qui démentirait cette trahison. L'ombre de la confusion plomba son regard, tandis que Cyana, figée, restait sans voix. — Cyana ? Mon frère... il plaisante, n'est-ce pas ?, La voix de Nath était fragile, presque brisée. Il me ment, n'est-ce pas ? Christian se redressa, son visage toujours empreint d'une froideur qui ne lui ressemblait pas. — Je ne t'ai jamais menti, Nath. Le silence était lourd, tendu, comme une corde prête à rompre. Nath s'accrocha à ce dernier fil d'espoir, mais il sentait déjà le sol se dérober sous ses pieds. — Pourquoi tu fais ça, Christian ? Pourquoi ? Le regard de son frère se durcit encore davantage. — Parce que je refuse que tu continues à te bercer d'illusions. Elle t'a menti, Sa voix se fit plus tranchante, presque implacable. Cyana va épouser un autre homme. » Le souffle de Nath se fit court, son cœur battant de plus en plus vite. Il chercha à attraper le regard de Cyana, mais elle, impuissante, baissa les yeux, incapable de soutenir ce flot de douleur qui émanait de lui. — Cyana, regarde-moi. Regarde-moi et dis-moi que ce n'est pas vrai. Elle resta immobile, le visage fermé, sa gorge nouée par les mots qu'elle ne pouvait prononcer. Et quand elle baissa encore la tête, Nath fit un pas en arrière, comme frappé de plein fouet. — Nath... murmura-t-elle faiblement, sa voix à peine audible. — Ne t'approche pas de moi !, hurla-t-il soudain, reculant brusquement, les yeux brillants de larmes. Tu m'as menti pendant tout ce temps ! Cyana tendit la main, cherchant à combler le fossé qui se creusait entre eux, mais Christian, rapide et implacable, s'interposa, la retenant d'un geste brutal. — Qu'est-ce qui te prend, Christian ? Laisse-moi lui parler ! , s'écria-t-elle, son désespoir grandissant. — Éloigne-toi de mon frère !, cracha Christian avec une colère qu'elle ne lui connaissait pas, Reste avec ton futur époux de m***e ! La transformation de Christian était brutale, saisissante. Ce n'était pas l'homme qu'elle avait connu. Ce visage, ces mots, cette violence contenue... Cyana réalisa, avec effroi, qu'elle ne reconnaissait plus celui qui se tenait devant elle. Était-ce sa vraie nature qui refaisait surface, ou était-ce elle, avec Yanie, qui l'avait changé ? Comme un fantôme surgissant dans cette tempête de révélations, Yanie apparut à la sortie de l'infirmerie. Son visage pâle et désemparé assistait, impuissante, à cette scène surréaliste qui se déroulait sous ses yeux. Tout semblait se passer au ralenti. Les mots, les gestes, la trahison. Et puis, avant même qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, l'apparition de Daniel, le chauffeur de Cyana, s'imposa dans la pièce comme une ombre menaçante, perturbant encore davantage cet équilibre déjà fragile. Le silence s'alourdit. Tous attendaient la prochaine explosion, comme des spectateurs figés dans une tragédie dont ils ne pouvaient plus s'échapper. — Daniel... euh, je... Cyana bredouillait, cherchant ses mots, mais Daniel, imperturbable et professionnel, la coupa d'une voix ferme : — Vous êtes priée de bien vouloir aller à la voiture, madame. Monsieur est avec moi et vous attend. Le ton autoritaire de Daniel laissa la pièce en suspens, et Nath, qui n'avait pas bougé, sentit une vague de colère monter en lui. Son visage se durcit, ses poings se serrèrent, et il s'avança d'un pas décidé. — Qui est-ce ? Je veux le rencontrer, le voir de mes propres yeux, cet homme avec qui tu me trompes !, Sa voix s'éleva, tremblante de rage. Tu t'es donnée à lui sans une pensée pour ce que je pouvais ressentir ! J'ai le droit de savoir qui il est, au moins ça ! Cyana, bouleversée, fit un geste en arrière, cherchant à calmer la tempête qui grondait en lui. — Nath, je t'en supplie, n'essaie pas. Va-t'en, je ne veux pas que tu souffres davantage... Mais Nath n'entendait plus rien. La douleur et la trahison déformaient ses mots, le poussant dans un abîme de colère. — En plus... tu n'essaies même pas de le nier... t'es qu'une... — Abstenez-vous de tout commentaire désobligeant face à Madame Herrera. La voix grave et froide de Daniel coupa net l'insulte de Nath. Il s'avança légèrement, son regard perçant et inflexible. Madame, je vous prie d'avancer, vous et votre sœur. L'atmosphère se fit encore plus lourde, chaque mot pesant, chaque geste mesuré. Cyana, tiraillée entre le chaos intérieur de Nath et l'autorité implacable de Daniel, savait qu'elle n'avait plus le contrôle de la situation. Yanie, silencieuse jusqu'alors, posa une main tremblante sur l'épaule de sa sœur, la tirant doucement vers la sortie, leur avenir à toutes les deux désormais suspendu à un fil.
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