ÉCHANGE DE VIES

7-Lui

— m***e ! s'exclama Dween en frappant son poing contre le mur.

Qu'est-ce qui venait de se passer ? Il ne s'étaient même pas encore avoué leurs sentiments qu'ils en étaient déjà à se hurler dessus. Son cœur battait à tout rompre, rempli de regrets. Comment avaient-ils pu en arriver là si vite ?

Dween sortit du gymnase, cherchant de l'air frais. Il attendit Nick près de l'entrée, tentant de calmer les émotions qui bouillonnaient en lui. Mais il n'y arrivait pas, l'écho de leur dispute résonnait encore dans sa tête.

Soudain, il ressentit un regard pesant sur lui. Instinctivement, il tourna la tête et aperçut un homme de l'autre côté de la rue, les yeux braqués sur lui. L'homme semblait tout à fait banal, mais quelque chose dans son attitude déstabilisa Dween. C'était comme s'il avait été observé depuis un moment déjà.

— Qu'est-ce que…? murmura-t-il.

Dween fronça les sourcils, mais l'homme détourna rapidement le regard et continua son chemin comme si de rien n'était. Peut-être qu'il se faisait des idées. Il souffla longuement pour se détendre et se reconcentra sur l'attente de son ami.

Nick arriva enfin, légèrement essoufflé.

— Hey, désolé pour l'attente, le vestiaire était bondé ! Tout va bien ?

Dween hocha la tête sans conviction, préférant ne pas parler de ce qu'il venait de se passer avec Halia.

— Ouais... ouais, tout va bien. Rentrons.

Mais au fond de lui, il ne pouvait s'empêcher de repenser à ce mystérieux regard et à la dispute avec Halia. Alors que Dween tentait de maîtriser ses pensées, la b***e de Manuel apparut soudainement dehors, leurs visages marqués par des sourires narquois. Ils se dirigèrent immédiatement vers lui. Sans prévenir, Manuel lança un coup de poing directement dans le visage de Dween. Ce dernier trébucha, titubant sous l'impact, les yeux pleins d'incompréhension.

Nick intervint aussitôt, repoussant son cousin, la colère montant en lui.

— Manuel, mais qu'est-ce qui te prend ?! Pourquoi tu fais ça ?

Manuel, le regard noir, répondit d'une voix venimeuse :

— Je t'avais prévenu de t'éloigner d'Halia ! Je l'ai vue en pleurs dans les bras de sa copine, et apparemment, c'est ta faute ! Sale handicapé qui respire à peine !

Les mots de Manuel résonnèrent violemment, frappant Dween plus fort que n'importe quel coup.

— Tu dépasses les bornes, là, Manuel ! lança Nick, ses poings serrés.

— Toi, ferme-la, si tu ne veux pas d'ennuis ! rétorqua Manuel avec un sourire menaçant.

Manuel leva son poing, prêt à frapper à nouveau, mais cette fois, Dween réagit. Il saisit le poing de Manuel au vol, ses nerfs à vif, ses yeux remplis de colère.

— Ne t'avise même pas de recommencer, grogna Dween entre ses dents, son regard brûlant.

Voyant la scène, les amis de Manuel s'avancèrent pour intervenir. C'est à ce moment-là qu'un homme sortit de l'ombre. Celui-là même qui avait observé Dween un peu plus tôt. Il s'approcha calmement, mais sa présence imposante se fit immédiatement sentir.

— Je pense qu'il est temps que chacun rentre chez soi... dit-il d'une voix grave et assurée.

Manuel, sans se soucier, lança sèchement :

— Mêlez-vous de vos affaires !

L'homme, sans un mot de plus, saisit Manuel et lui fit une clé de bras, le pliant sous sa propre force. Manuel poussa un cri de douleur.

— Tu devrais écouter, toi et tes petits camarades, avant qu'on ne s'occupe de vous de façon plus sérieuse, ajouta l'homme avec un calme glacial.

Manuel détourna légèrement le regard, et c'est là qu'il vit ce que Dween et Nick ne pouvaient pas encore voir. Derrière l'homme mystérieux se tenaient deux autres individus, leurs visages dissimulés dans l'ombre, mais leurs intentions claires. Manuel savait qu'il était en infériorité. L'homme le lâcha, et sans un mot, Manuel partit rapidement, suivi de sa b***e.

Dween, quant à lui, tentait de reprendre son souffle, ses grandes aspirations devenant de plus en plus désordonnées. La pression, la tension, tout l'avait épuisé. Avant même que Nick ne puisse l'attraper, Dween s'effondra, ses jambes ne le soutenant plus.

— Dween ! cria Nick, se précipitant à son côté.

L'homme mystérieux s'accroupit à côté d'eux, observant Dween d'un regard presque compatissant.

— Il a besoin de repos. Et de ne plus être mêlé à ce genre de conflits, dit-il calmement avant de se redresser.

Nick hocha la tête, reconnaissant, mais l'inquiétude pour son ami lui pesait lourdement.

Dans le présent

Deux semaines s'étaient écoulées depuis l'incident avec Manuel, et le silence pesant entre Dween et sa mère remplissait chaque recoin de la maison. Assis dans sa chambre, les rideaux tirés, Dween fixait le vide, refusant de retourner à l'université. Sa mère, inquiète, tentait désespérément de comprendre.

— Tu ne veux plus aller en cours ? Dween, dis-moi ce qui s'est passé, chuchota-t-elle avec douceur en s'asseyant près de lui.

Dween, le regard toujours perdu dans le néant, serra les dents, une vague d'impatience se mêlant à la douleur qui le rongeait.

— Je n'ai pas envie d'en parler, maman. Laisse tomber, ça fait deux semaines, alors... laisse tomber, répondit-il froidement, presque sur la défensive.

Sa mère se redressa légèrement, son cœur se serrant davantage. Elle n'avait jamais vu son fils si distant, si fermé. Elle hésita un instant avant de relancer la conversation, tentant une autre approche.

— Et Athalia ? murmura-t-elle. J'ai l'impression qu'elle m'évite... Vous vous êtes disputés ?

À la mention d'Athalia, le visage de Dween se durcit. Ses poings se crispèrent, et la colère qui bouillonnait en lui depuis des jours remonta soudainement à la surface.

— Laisse tomber ! s'écria-t-il. Si je n'ai pas envie d'en parler, qu'est-ce que tu ne comprends pas ?! Laisse-moi tranquille !

Sa voix résonna dans la pièce, et un silence tendu s'installa. Sa mère, bouleversée, baissa les yeux, incapable de trouver les mots pour le calmer. Dween se renferma sur lui-même, son regard s'assombrissant encore plus.

Depuis cet affrontement avec Manuel, tout avait basculé Après avoir reçu ce coup, Dween s'était retrouvé à l'hôpital. La douleur physique n'avait été qu'un détail face à celle qui rongeait son âme. Plus perturbant encore, c'était l'homme mystérieux, celui qui avait sauvé Dween ce jour-là, qui avait pris en charge tous les frais médicaux... avant de disparaître sans laisser de trace.

La santé de Dween, déjà fragile, semblait s'aggraver de jour en jour. Il sentait son corps se dérober sous lui, sa maladie revenant avec plus de force, comme une ombre menaçante. Ses poumons, autrefois capables de supporter les pires épreuves sur le terrain de basket, le trahissaient peu à peu. Et ce poids, cette peur constante, se faisait de plus en plus oppressante.

La situation avec Athalia n'arrangeait rien. Il revoyait encore le b****r de Manuel, le regard perdu de la jeune femme après leur dispute. Comment en étaient-ils arrivés là ? Il avait tenté de l'effacer de son esprit, de la chasser comme un mauvais souvenir, mais c'était impossible. Chaque pensée revenait à elle, et cela l'épuisait encore plus.

— Dween... commença doucement sa mère, mais il se détourna, refusant tout contact.

— J'ai dit laisse tomber, murmura-t-il, sa voix brisée.

Elle se leva, les larmes aux yeux, réalisant que son fils était en train de sombrer dans quelque chose de plus profond, plus sombre. Il n'était plus le garçon jovial qu'elle avait connu.