Une lumière ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
Tout en pensant de plus en plus à une blague de mauvais goût, Drew se dirigea prudemment vers l’allée où la lumière avait jailli. Une fois arrivé, il rechercha le livre tant désiré dans une étagère. Une sensation de chaleur vient parcourir sa nuque. Drew se retourna violemment et vit un livre s’éteindre sous ses yeux.
Un livre qui s’allume ? Mais qu’est-ce qui se passe ? C’est moi ou c’est vrai ?
Drew leva ses doigts tremblants vers le livre et le toucha.
Non, il n’est pas brûlant.
Soufflant un bon coût pour chasser le stress qui l’avait envahi, le jeune homme prit alors le grand livre, bien épais, dans ses mains et inspecta l’ouvrage jauni par le temps. Pas de description de l’ouvrage sur la quatrième de couverture. Le garçon le retourna et inspecta la couverture. Le titre « Vers un autre monde » était inscrit dessus. La couverture représentait un château dont le pont-levis était levé.
Drew emmena donc le livre sur le bureau où il avait déposé son sac.
Ceci fait, il ouvrit l’ouvrage et parcourra les différentes pages : elles étaient toutes vierges.
C’est une blague ? Il s’est foutu de moi cet abruti ?
Comprenant avoir été victime d’une blague, Drew allait refermer le livre en pensant à ce qu’il allait dire au responsable. Pas question d’avoir l’air bête devant lui. Quand soudain, il se pinça le doigt en refermant l’ouvrage. Il l’ouvrit à nouveau pour dégager son doigt et regarda la page de droite. Une inscription avait été écrite à la main.
La poésie ? L’autre idiot m’avait dit de la lire à voix haute.
Pas question. C’est sûrement à ce moment-là qu’il viendra accompagner de sa caméra et j’aurais l’air bête devant tous les élèves du lycée.
Quand soudain, la page s’alluma devant lui. Sous le choc, Drew recula.
Mais c’est quoi ce gag à la fin ?
Drew regarda à nouveau la page. La lumière disparue.
OK je sais ce que je vais faire. Je vais lire la poésie à voix haute en prenant l’air détendu du style, « eh bien c’est tout, t’as pas autre chose à me sortir ? » quand ce malade déboulera avec tout le monde. Ça commence à bien faire. J’en ai marre qu’on me prenne pour un idiot !
— C’est parti, dit le jeune homme.
« Un garçon venu du futur apparaîtra.
Lorsque le sang coulera,
l’Élu naîtra.
Le Roi il guidera,
et la destinée royale s’accomplira. »
Un grondement se fit entendre dans la bibliothèque.
Décidément, il a mis le paquet dans les effets spéciaux !
Quand soudain, un vent v*****t parcourut la pièce. Drew ne comprit pas ce qu’il se passait. Mais soudain, face à la puissance du vent, le livre se ferma. Le jeune homme regarda à nouveau la couverture et eut un choc : il vît des petites étoiles venir se loger dans la couverture et ainsi permettre, doucement, au pont-levis de s’abaisser sous ses yeux.
Oh la vache, c’est quoi ce truc ? C’est pas possible...
Une fois, le pont-levis abaissé complètement, les portes du château s’ouvrirent en illuminant la pièce. Drew regarda autour de lui, la lumière l’enveloppait complètement. Quand soudain, il sentait ses pieds se lever en rythme avec les mouvements de la lumière. Fermant ses yeux, le jeune homme pria pour que cette sensation étrange s’arrête le plus vite possible. Finalement, il sentait qu’il disparaissait : quelque chose l’emmenait autre part. Drew réouvrit ses yeux et se vit transporter à l’intérieur de l’ouvrage.
Une fois le garçon téléporté, le livre s’ouvrit complètement devant deux pages vierges. Sur la page de droite, on pouvait voir apparaître ces quelques mots :
Chapitre 1
Il était une fois…
***
Le soleil brillait si fort que Drew eut du mal à ouvrir ses yeux. La téléportation lui avait fait perdre connaissance. Il se redressa et mit alors sa main au-dessus de son front pour aider sa vision à s’habituer à ce nouvel éclairage. Encore sous le choc, le jeune garçon tenta d’identifier où il se trouvait. Drew était allongé dans les ruines d’une ancienne tour de garde. De nombreuses pierres détruites se trouvaient éparpillées autour de lui.
— Je… Chuchota Drew en regardant autour de lui. Je ne comprends pas… J’étais à la bibliothèque pourtant…
Drew se mit alors debout et analysa son environnement : il ne vit qu’une vaste étendue de prairie, avec un léger ruisseau coulant pas très loin.
— Je dois rêver, ce n’est pas possible…
Le jeune homme tenta de se pincer le bras et ressentit une violente douleur sur ce dernier.
— Attends, c’est quoi ce truc ? Qu’est-ce que je fais ici ? lâcha Drew inquiet.
Alors qu’il commença à marcher, le jeune homme entendit le sol craquer. Comprenant que l’édifice pouvait s’effondrer à tout instant, Drew repéra une sortie donnant vers un escalier. Le jeune homme s’y précipita et descendit les marches de pierre très prudemment.
Une fois au rez-de-chaussée, Drew aperçut une brèche dans le mur. Il quitta la tour en empruntant l’issue. Le cri d’un aigle le fit sursauter. En se retournant, le jeune homme aperçut un squelette. Une épée se trouvait à ses pieds. Ne se sentant pas en sécurité, Drew fit quelques pas et ramassa l’arme. Afin de trouver une quelconque trace de civilisation, il emprunta le chemin vers le ruisseau.
Assoiffé, Drew prit de l’eau dans ses mains et s’abreuva. Soudain, il entendit le bruit de pas de chevaux. Le jeune homme regarda autour de lui et vit deux cavaliers venir dans sa direction.
Que faire ? Il n’y a rien pour me dissimuler… Au pire, ces deux hommes pourront m’expliquer ce que je fais perdu ici…
En le voyant debout près du ruisseau, les cavaliers descendirent de leur monture pour avancer vers lui. L’inquiétude les gagna lorsqu’ils ne reconnurent pas ses habits et découvrant qu’il détenait une arme.
Les deux cavaliers sortirent leurs épées. Ils portaient une combinaison à base de cotte de mail et sur cette dernière, un habit de couleur blanc et portant des armoiries royales brodées, probablement à la main, représentant un lion.
Le premier chevalier avait l’allure d’un homme étant âgé d’une trentaine d’années, bien musclé, très beau garçon qui devait faire craquer toutes les filles qu’il croisait. Ses cheveux étaient coupés court, de couleur châtain foncé. Ses yeux étaient bleus. Il avait le visage long et portait une légère barbe taillée.
Le second avait une allure similaire, excepté que sa barbe était plus fine. Il était légèrement moins musclé et ses cheveux étaient presque rasés sur le côté et avec de la longueur sur le dessus de son crâne.
— Quels sombres desseins comptez-vous réaliser ? demanda le premier chevalier sur ses gardes.
— Pardon ? interrogea Drew.
— Qu’est-ce que vous faites ici ? questionna à nouveau le chevalier.
— Je ne sais pas. Je me suis réveillé dans les ruines situées plus à l’Est. La dernière chose que je me souviens était d’être à la bibliothèque quand…
— Bibliothèque ? demanda le second chevalier.
— Apparemment, je ne suis pas au lycée, bredouilla le jeune garçon tout en regardant autour de lui.
— Qui êtes-vous ? interrogea le second chevalier.
— Et vous ?
— Je suis Perceval, Chevalier de Camelot, révéla ce dernier.
Drew se mordit les lèvres pour éviter de rigoler.
— Bien sûr ! Mais c’est évident vu votre tenue ! Et, je présume que vous êtes un chevalier aussi ? demanda Drew au premier.
— Je suis Lancelot.
— De mieux en mieux, souffla Drew. Bon les gars, ce n’est pas que je n’apprécie pas votre compagnie mais je vais vous laisser entre… Imbéciles !
Alors que le jeune garçon fit demi-tour afin de partir chercher une aide plus sérieuse que les deux hommes déguisés, Lancelot se mit sur son chemin en pointant son épée vers lui.
— Allez-vous vous battre ou non ? prononça le chevalier.
— Pardon ? Me battre ? Comment ça ? demanda le garçon.
— Ne faites pas semblant de ne pas savoir ! Soit vous vous battez ou sinon, vous serez notre prisonnier.
— Eh non je crois pas… Vous ferez mieux d’arrêter vos délires parce que c’est pas vraiment marrant.
— Très bien. Puisque vous reconnaissez votre soumission, je déclare que vous êtes notre prisonnier.
— Non mais ça va pas ! Vous avez fumé quoi ?
— Silence ! Je commande ! Et je vous ordonne de marcher !
— Vous croyez quoi ? Que je vais vous suivre comme ça sans rien dire ? Vous n’êtes pas sérieux là ?
— Si vous ne marchez pas, je serais dans l’obligation de vous attacher.
— Allez-y ! J’aimerais bien vous voir essayer. Osez me toucher, vous allez vous en prendre plein la gueule !
— Quel drôle de langage ! Très bien, puisque que vous ne désirez pas obéir, je n’ai pas d’autres choix, annonça le chevalier.
Vas-y approche, tu ne vas pas le regretter… Pensa le garçon.
Après que Lancelot rangea son épée dans son étui, Drew se jeta alors sur le chevalier et lui mit son poing dans la figure. Aussitôt, Perceval décida de venir prêter assistance à son ami. Drew le remarqua et lui donna un coup de pied dans l’estomac. Lancelot, remit du choc, lui sauta dessus pour le mettre à terre. Tout en l’immobilisant, le chevalier vit Perceval détacher une corde qu’il avait enroulée autour de sa ceinture. Il enroula cette dernière autour des poignets de Drew afin d’attacher ses mains. Le jeune garçon se débattait mais rien n’à faire : ils étaient plus forts que lui.
Une fois leur cible neutralisée, Lancelot maintenait toujours Drew tandis que Perceval se précipita vers l’arbre le plus proche car les montures des deux chevaliers s’y étaient réfugiées pendant le combat. Perceval amena le cheval de Lancelot prêt de lui et il força Drew à monter dessus. Le chevalier s’installa derrière lui. Perceval monta sur sa monture et les deux chevaliers prirent la direction de Camelot.
Je le crois pas ! Ces idiots me kidnappent !
Le trajet fut un calvaire. Drew tenta à plusieurs reprises de se libérer mais rien à faire.
— Bon, ça va on a bien rigolé, c’était super drôle ! Mais là j’aimerais bien que vous me détachiez ! demanda le garçon qui chercha à détendre l’atmosphère.
— Vous avez mérité d’être traité ainsi ! C’est un sacrilège d’oser s’attaquer à un chevalier de Camelot ! rétorqua Lancelot.
Oh la vache, je suis tombé sur des malades échappés d’un asile, se dit le garçon qui commençait à paniquer.
— Votre délire devient de plus en plus pathétique ! leur lâcha Drew. Et où m’emmenez-vous ?
— Auprès du Roi Arthur ! répondit Perceval.
Les trois hommes parcoururent le royaume pendant une heure. Aucun signe d’une quelconque civilisation, ils ne traversaient que des prairies et des bois. Drew, Perceval et Lancelot arrivèrent devant les remparts, d’un gris resplendissant, d’une immense cité médiévale. Cette dernière était légèrement surélevée. Le pont-levis se baissa pour les laisser entrer par la grande double porte.
En entrant dans la cité médiévale, les deux chevaliers descendirent de leur monture et aidèrent Drew à en faire autant.
— Je vais prévenir notre roi, annonça Perceval à Lancelot.
En attendant le retour du chevalier, Drew analysait son environnement. Le château de Camelot se trouvait au centre de la cité, légèrement surélevé par des escaliers. De nombreux bâtiments se trouvaient autour de la demeure royale : comme un forgeron, un boulanger… Les autres bâtiments servaient de maisons pour les habitants. Derrière le château, Drew pouvait apercevoir un camp où il voyait des chevaliers s’entraîner au combat. Une écurie se situait derrière le camp. Le garçon regarda autour de lui et vit les paysans en train de le dévisager.
Pourvu que je ne finisse pas comme eux, réduit en esclavage pour satisfaire les fantasmes des quelques nostalgiques du temps des Chevaliers ! pria le jeune homme toujours attaché.
— Et donc, je fais finir esclave comme toutes ces personnes ? demanda Drew à Lancelot.
— Esclave ? demanda le chevalier. Ces personnes sont sous la protection d’Arthur. Il s’agit de son peuple !
— Des prisonniers quoi ! Mais regardez un peu leur tête : ils sont affamés, sales…
— Ils sont heureux.
— Heureux ?
— De servir leur souverain.
— On n’a pas la même définition du mot « heureux », Ils ont l’air attristés. Si jamais vous pensez que je serais comme eux, vous vous trompez !
— Nous devons déjà statuer sur votre sort avant de vous laisser aller à votre aise dans la cité.
— Oh, je vais passer un entretien ? Comme c’est gentil à vous de me le proposer mais vous n’avez pas à vous donner toute cette peine : je veux partir d’ici !
— On ne sait pas le danger que vous pouvez représenter.
— Danger ? Moi ? Mais vous m’avez bien regardé ? J’ai l’air de faire peur à quelqu’un ? Par exemple, vous auriez peur de moi ?
Lancelot dévisagea Drew sans aucune expression.
— Vous voyez ! Alors, laissez-moi partir. Je ne parlerais à personne de votre secte.
— Vous commencez à m’ennuyer.
— Et vous comptez faire quoi ?
Lancelot sortit un morceau de tissu qui était accroché à sa ceinture.
— Si vous continuez de vous plaindre, je n’hésiterais pas à vous faire taire !
Comprenant que ce le chevalier comptait lui faire, Drew resta silencieux.
Quelques minutes plus tard, Perceval fût de retour et fit signe à Lancelot de le suivre. Le chevalier attrapa un poignard qu’il dissimulait dans sa botte. En le voyant, Drew recula, effrayé, mais le chevalier le retenait par ses poignets. Il coupa les liens qui retenaient Drew avec un sourire aux lèvres.