— Si je voulais vous tuer, je l’aurais fait bien avant ! Suivez-nous !
— Où ça ?
— Voir notre souverain. Et je vous préviens : si vous tentez de vous enfuir, vous épuiserez vos forces pour rien !
— Et si je m’attaque à votre précieux roi ?
Lancelot caressa le cou du garçon avec son poignard.
— Je pense que vous êtes assez intelligent pour comprendre ce qu’il vous attend.
Drew se massa les poignets tout en suivant Lancelot et Perceval d’un air inquiet. Son kidnappeur avait l’air sérieux quant à l’idée de le tuer. Le jeune homme savait qu’il devait fuir au plus vite. Alors que les trois hommes montaient les escaliers pour rejoindre l’entrée du château, Drew aperçut le poignard de Lancelot, que le chevalier avait accroché à sa ceinture.
Je n’ai plus le choix ! songea le jeune homme.
Drew tenta sa chance et bouscula Lancelot qui tomba sur le côté. Le jeune homme le frappa au visage avant de s’emparer de son poignard. Perceval, qui était en train de marcher dans le long couloir de l’entrée du château, se retourna, vit son ami à terre et son prisonnier s’enfuir.
— Alerte ! lâcha Perceval qui redescendit les marches pour aider Lancelot à se relever.
Les deux hommes s’élancèrent à la poursuite du jeune garçon. Drew courait aussi vite que possible tout en ne sachant pas où se rendre. Lancelot et Perceval étaient sur ses traces, prêts à tout pour l’attraper. Le jeune homme repéra une porte ouverte sur le côté du château. Des gardes voulurent se mettre sur son passage mais il s’accroupit pour passer sur une charrette remplie de paille. Une fois à l’intérieur de la pièce, le jeune homme se retourna, ferma la porte et attrapa une lance qu’il coinça derrière la poignée afin de la bloquer.
Le jeune homme vit Lancelot et Perceval tenter d’ouvrir la porte. En vain… Drew marcha doucement dans le couloir afin de reprendre son souffle. Une seule issue lui était proposée : monter les escaliers. Malgré une pointe sur le côté, apparue lors de la course-poursuite, il monta les marches et se trouva dans un nouveau couloir où étaient accrochés sur les murs des portraits des anciens souverains du royaume, ainsi que des trophées de chasse.
Soudain, une lueur d’espoir gagna le jeune homme lorsqu’il vit que les chevaliers n’avaient pas refermé les portes d’entrée et remontées le pont-levis. Drew était en train d’échafauder un plan pour rejoindre la sortie sans se faire attraper lorsqu’il entendit un bruit v*****t à l’étage plus bas. Au bout de quelques secondes, il vit débarquer ses deux kidnappeurs, face à lui.
— Rends-toi ! Tu n’as nulle part où te cacher ! lui lança Perceval.
— Comme si j’allais vous faire confiance ! Qui me dit que vous n’allez pas tenter de me tuer ?
Lancelot se mit devant Perceval et s’esclaffa :
— sois sérieux… Tu n’as nulle part où te cacher. Et de toute façon, je t’aurais attrapé bien avant que tu ne rejoignes la sortie.
— Alors, attrapez-moi !
Drew recula de quelques pas lorsqu’il vit Lancelot et Perceval avancer dans sa direction. Sur la gauche du jeune homme se trouvait une armure. Drew la fit tomber sur le sol pour ralentir la progression de ses ennemis. Lancelot tomba au sol mais Perceval sauta par-dessus les différentes pièces de l’armure et tenta de blesser Drew avec son épée. Le jeune homme s’accroupit et frappa violemment le chevalier à l’arrière de la cuisse. Profitant que son adversaire était souffrant, Drew se retourna pour rejoindre l’escalier et descendre les marches. Mais Lancelot se précipita vers lui et l’attrapa pour le projeter contre une porte qui s’ouvrit lors de l’impact.
Drew, à terre, recula tout en voyant Lancelot avancer dangereusement vers lui. Le chevalier l’attrapa par la gorge.
— Je t’avais dit que tu étais à moi !
La main du chevalier serra la gorge du jeune garçon qui éprouvait des difficultés à respirer. Afin de se libérer, Drew lui donna un coup de poing dans l’estomac. Profitant d’une seconde d’inattention de son adversaire, Drew se libéra mais il remarqua qu’il se trouvait sur un balcon donnant sur une salle des fêtes se trouvant à l’étage inférieur.
Le roi trônait au fond de la pièce, sur une estrade. Il discutait avec un homme un peu plus jeune que lui de la bagarre se déroulant sur le balcon où Drew se trouvait. Des chevaliers et des nobles, qui étaient assis autour des différentes tables carrées posées de part et d’autre de la pièce géante les admiraient également tout comme les bouffons qui devaient amuser la galerie en faisant diverses acrobaties autour de ces derniers. Quant à la reine, elle était entourée de ses dames de compagnie. Elles se trouvaient sur un petit balcon sur la droite de la pièce, près du roi. Des colonnes de pierre maintenaient l’édifice. Les murs étaient peints d’une couleur beige. Les marches menant au trône d’Arthur étaient blanches. Le sol était en pierre. Cinq drapeaux représentant un lion sur un fond blanc étaient accrochés à gauche et à droite de la salle. Enfin, quelques armes se trouvaient accrochées sur les murs : il s’agissait de l’épée de chaque ancien roi, une marque d’affection pour honorer leurs mémoires.
Lancelot attrapa le bras de Drew et commença à le tordre. Ce dernier se défendit en frappant son talon contre le pied droit du chevalier, qui fou de colère, projeta son adversaire dans les airs. En tombant de l’étage supérieur, Drew s’écroula sur une table en bois.
La foule se trouvant dans la pièce n’osait pas bouger, encore choquée par la bagarre. Drew soufflait : la chute avait été brutale. Mais alors qu’il vit Lancelot sur le point de sauter du balcon pour continuer le combat, le jeune homme se redressa et fuit vers les doubles grandes portes face à lui. Il parcourut les différents couloirs mais lorsqu’il parvint à atteindre l’entrée du château, le jeune homme vit Perceval, qui était redescendu, face à lui. À ses côtés, de nombreux gardes armés de leur arc et leurs flèches fixaient l’intrus du royaume et lui barrait la route.
Oh non, je suis pris au piège !
Lancelot se rapprocha de Drew et l’attrapa par la gorge. Blessé et à bout de forces, le jeune garçon ne se riposta pas. Lancelot obligea son otage à se retourner lorsqu’il sentit deux hommes, suivi de la foule, venir les retrouver.
Le roi regarda le garçon. Il était grand, athlétique, cheveux châtain clair. Il portait une couronne en or sur la tête et était très séduisant. Le roi avait un visage un peu plus arrondi que celui de Lancelot avec des yeux bleus et une barbe de trois jours également. Il portait la même tenue que ses chevaliers plus une longue cape dorée et blanche qui était attachée au niveau de ses épaules et descendait jusqu’à ses pieds. Un lion était brodé dessus.
Quant à l’homme un peu plus jeune qui parlait avec le roi, il était grand. Brun. Également beau garçon. Il portait un haut noir, avec un grand col qui laissait apparaître son torse musclé, un pantalon en cuir et des bottes noires ainsi qu’une grande cape sombre de même dimension que celle d’Arthur. Il avait des yeux bruns et une barbe de trois jours.
— Puis-je connaître l’objet de cette agitation ? demanda le roi.
— Désolée Majesté mais nous avons trouvé cet individu près des ruines de la tour de garde. Nous l’avons amené ici afin d’en savoir plus mais il a tenté de s’enfuir, expliqua Lancelot.
— Il faut avoir du cran pour oser s’attaquer aux chevaliers de Camelot. Mais également de la folie !
— C’est eux qui ont commencé ! Donc, je présume, pour entrer leur délire, que vous êtes Arthur ? souffla Drew.
— Roi Arthur ! Et cessez de parler dans un langage étranger ! ordonna Lancelot.
Drew souffla et leva ses yeux au ciel. C’est alors que l’homme en noir se rapprocha.
— À voir sa tenue, ça doit être un sorcier utilisant la magie noire. Sir, voyez, les marques sataniques sur son blason !
— Il est très dangereux ! annonça une voix derrière Drew.
Le prisonnier se retourna et vit apparaître un homme d’une quarantaine d’années se diriger droit vers Arthur.
Tiens, sa tête me dit quelque chose… Le bibliothécaire !
L’homme se mit à la gauche d’Arthur. Il était habillé en blanc avec une grande cape bleue. Il se déplaçait avec un bâton magique en bois.
— Merlin, que nous conseillez-vous ? questionna le roi.
— Stop ! On arrête le délire deux minutes ! Vous m’avez fait quoi ? demanda le garçon à l’enchanteur.
— C’est un être maléfique. Il faut s’en débarrasser ! Le symbole qu’il porte représente la plus mortelle des confréries de sorciers qui vit autour du royaume ! Son pouvoir est une trop grande menace ! conseilla le magicien.
— Quoi ? cria le jeune garçon.
— Et toi Mordred ? Quel est ton avis ?
— Je fais confiance à Merlin.
Le jeune homme se rapprocha du roi et lui murmura à l’oreille.
— De plus, ça vous donnera une bonne image Sir. Vous serez considéré comme le défenseur des humains contre le royaume des ténèbres auprès de votre peuple.
— Très bien. Emmenez-le à la place publique, je vais m’en occuper personnellement ! lança Arthur.
— Apparemment vous n’avez pas entendu quand j’ai dit qu’on arrête votre délire. On s’est bien amusé, c’était drôle. Si c’est filmé et que vous diffusez la vidéo sur Internet c’est moi qui vous tue. Alors on va serrer la main et se quitter bons amis ? On en pense quoi ?
— Lancelot, obéissez ! ordonna Arthur à son chevalier.
Ce dernier hocha la tête et entraîna son prisonnier vers la sortie du château. Afin de l’aider, Perceval rangea son arme et attrapa le jeune homme par le bras.
***
Les chevaliers emmenèrent Drew en plein milieu de la place centrale de la cité, juste devant l’entrée du château. Les paysans, les nobles et les chevaliers s’étaient retrouvés pour célébrer le triomphe du bien contre le mal. Des gardes firent rouler une grande table rectangulaire. Perceval et Lancelot portèrent le prisonnier afin de le poser sur cette dernière. Tandis qu’ils étaient en train de lui attacher les mains et les pieds avec les chaînes, liées à la table, le jeune homme tenta de riposter. Mais Perceval le frappa violemment au visage.
Drew était paniqué.
Ce ne sont pas des rigolos. Ils font vraiment me tuer. Aucun moyen de fuir. Je suis très mal…
Une fois attaché, Drew vit une femme, assise sur un trône que lui avait amené un serviteur. Elle avait de longs cheveux bruns, un visage long, des yeux marron. Elle portait une magnifique robe en soie blanche. Une couronne en or était posée sur sa tête : il s’agissait de la Reine Guenièvre. Ses dames de compagnie étaient debout à ses côtés.
Merlin avança près du garçon attaché et déclara à toute la populace réunie.
— Nous sommes le huit avril de l’an de grâce cinq cents quatorze. Il est presque midi et nous allons renvoyer ce monstre dans les enfers qu’il n’aurait jamais dû quitter pour qu’il puisse envoyer un message à tous ces frères démoniaques : personne n’est plus fort que les humains !
La populace s’exclama pour approuver les propos du magicien.
Soudain, la panique de Drew s’effaça.
Attends, il a bien dit le huit avril cinq cents quatorze ? Je crois pouvoir m’en sortir. S’ils sont autant barrés dans leur délire, je vais leur flanquer la plus belle trouille de leur vie !
Arthur s’avança vers le condamné et sortit son épée Excalibur de son fourreau. L’arme avait la lame d’un blanc des plus resplendissant et des éclairs la parcouraient. Le souverain fixa son regard bleu azur dans celui de Drew.
— As-tu un dernier mot à ajouter avant de périr par mon épée ?
Le jeune homme regarda autour de lui. Il ne pouvait pas s’enfuir : les liens étaient trop serrés. De plus, Lancelot et Perceval montaient la garde sur à ses côtés.
— Je pense que ce n’est pas la peine que je vous supplie de me laisser en vie.
— En effet.
— Alors, si vous allez me tuer, réfléchissez-bien. Comme vient de le dire votre magicien, mon pouvoir est très grand.
— Ne serais-tu pas en train d’insinuer que tu comptes t’en prendre à mon royaume ?
— Si justement : tuez-moi et je ferais trembler la terre pour vous emmener avec moi en enfer !
— Impossible ! Votre magie ne peut être aussi puissante ! ricana Merlin qui avait entendu la conversation.
— Vous voulez parier ? Alors voici ma dernière volonté : tuez-moi et vous mourrez en même temps !
Pourvu que mon plan marche pitié ! pensa le garçon.
Tandis qu’Arthur sentit la colère s’emparer de lui, il positionna son arme au niveau du coup du jeune garçon. Mais alors que le roi allait lui donner le coup de grâce en le décapitant, une sensation étrange frappa les spectateurs. Ils sentirent le sol vibrer. Puis les vibrations se transformèrent en de puissants tremblements. Les spectateurs crièrent, paniqués par la peur.
Arthur regarda alors Merlin.
— Arrête ça immédiatement Enchanteur !
« Par la lumière de ma magie,