Pour éviter de faire la peine à sa mère après le départ de son oncle, Jade quitta sa chambre tout en vérifiant minutieusement sa mine. Elle ne parvenait pas à oublier le fait qu'un mariage éminent était en cours de préparation pour elle.
Nul n'ignorait les écos du précédent du précédent roi et le fait d'avoir un mari pareil la terrifiait. Le peuple était bien conscient des changements apportés par le nouveau roi mais cela ne la rassurait pas car peu importait combien il voulait faire la différence, il restait le fils de son père.
Balayant du revers de la main ces pensées qui ne cessaient de défiler dans sa tête, elle finit par arriver dans la pièce où était allongée sa mère.
-mère.
-Jade ma fille est-ce que tout va bien ?
Elle n'était pas du genre à faire semblant sur ses émotions mais pour l'heure, fallait bien qu'elle fasse très attention.
-oui mère tout va bien mais tu me donnes l'impression d'être bouleversée.
Karima regarda sa fille avec tristesse et amertume. Elle n'avait pas vu le temps passé et n'avait pas imaginé que sa fille avait déjà l'âge d'aller en mariage. Sa fille était de nature timide mais elle connaissait parfaitement que cette dernière ne cessait de rêver du vrai amour, comme celui des livre à l'eau de rose. Elle priait nuit et jours afin que sa fille ait un homme respectueux envers sa personne, un homme qui pourrait tuer pour elle mais hélas. Si être l'épouse du roi avait été sa destinée, alors qu'il en soit en ainsi.
-ma fille je dois te parler.
Jade sentit son cœur faire un bond. Elle savait très bien que ce moment arriverait mais jamais elle n'avait imaginé qu'il arrive si vite. Elle voulait échapper à cette conversation le plus rapidement possible.
-euh... si ce n'est pas très urgent alors, ça peut attendre, je dois faire la vaisselle.
-non, je dois te parler maintenant, je veux me libérer, ce sujet ne me fait pas plaisir alors, je dois t'en parler maintenant afin d'oublier.
Un semblant d'espoir la fit sourire car si déjà sa mère n'appréciait pas cette idée alors, cela voudrait dire qu'elle avait encore une chance d'y échapper. Elle avança et prit place sur le sofa en face de sa mère qui lui fit un minime sourire pour la rassurer.
-pourquoi fais-tu semblant ma fille ? je suis ta mère et je te connais mieux que quiconque alors dis-moi pourquoi tu fais autant de semblant pourtant tu as mal.
-je ne sais pas de quoi tu parles mère.
-tu as écouté ma conversation avec ton oncle Jade, avoue-le. Tu es revenue avec une mine déconfite ma fille.
Reconnaissant qu'elle avait mal agit, elle baissa la tête d'un aire désolé. Si seulement elle était allée dans sa chambre comme le lui avait demandé sa mère, peut-être qu'elle ne serait pas en train de se torturer l'esprit.
-Kerim m'a fait part de la proposition d'Abdoul, l'oncle de Saïd qui est à la recherche d'une épouse pour son neveu. Je ne te chasse pas de ma maison Jade, je n'en ai pas assez de toi ma fille car tu es ma force. Écoute ton cœur ma fille et dis-moi ce que tu en penses.
Regardant sa mère dans les yeux, elle ne sut quoi faire car si son oncle l'avait choisi pour le roi, c'était parce qu'il avait jugé qu'il s'agissait du bon choix. Elle ne voulait pas du tout le décevoir car cet homme était comme un père pour elle. Observant attentivement sa mère, cette dernière était d'un air neutre mais au moins, elle savait que peu importerait sa décision, sa mère la soutiendrait.
Entre raison et amour, elle était perdue car il s'agissait d'un sacré dilemme. Elle avait toujours rêvé épouser un homme qui l'aime vraiment mais dans ce cas, et comme le définissait les journaux, le roi était un homme impitoyable et sans cœur. Ce n'était pas à ce genre de vie qu'elle aspirait.
-maman comme tu me l'as si bien dit, tu me soutiendrais toujours et aujourd'hui je veux que tu comprennes mon choix. Je... je ne... je ne peux pas épouser le roi, dit-elle en baissant la tête.
A cet instant, Karima était aussi face à un dilemme. Sa fille ne voulait pas épouser le roi pourtant elle ne pouvait point la soutenir dans cette voie. Si son frère avait faitce choix, c'était parce qu'il avait jugé qu'il était bon.
Le silence de sa mère ne présageait rien de bon pour elle. Elle craignait que sa mère ne soit pas d'avis avec elle.
-maman, dit Jade d'une voix tremblante.
-tu vas épouser le roi, trancha Karima sans regarder sa fille.
Elle crut rêver pendant un moment, jamais elle n'aurait imaginé que cette dernière la laisse tomber aussi facilement. Tout son monde s'écroulait autour d'elle, sa vision s'éblouissait à cause des larmes qui se formaient au fur et à mesure que l'écho de la dernière phrase de sa mère se faisait entendre dans sa tête.
-Jade ma fille, je n'ai pas changé d'avis sur le fait que je te soutiendrai toujours mais pour ce qui est de maintenant, tu dois faire le bon choix. Au palais tu auras une vie de princesse, tu n'auras plus à réfléchir sur ce que tu devrais manger, les problèmes d'argent seront les moindres de tes soucis. Ta vie sera parfaite.
La petite fille éclata d'un rire Sardonique avant de planter son regard dans celui de sa mère et répliqua :
-une vie parfaite tu dis ? Laisse-moi rire de toi mère. Comment appelle-t-on une vie sans amour ? C'est ça que tu dénomme de vie parfaite ? N'est-ce pas toi qui m'as toujours dit que l'amour était la solution à tous les maux ? Aujourd'hui tu veux que je partage les restants de mes jours avec un homme sans cœur ? Je croyais que tu me comprendrais, finit-elle en éclatant de sanglot.
Sensible aux larmes de sa fille, Karima sentit ses yeux s'humidifier mais elle ne pouvait pas céder au caprice de sa fille, non.
-l'amour nait sous les oreillers ma fille. Même si aujourd'hui tu ne l'aimes pas, demain tu l'aimeras.
-tu as parfaitement raison mère, l'amour nait sous les oreillers comme le tient pas vrai ? Regarde dans quel état tu te trouves, tu as aimé un homme plus qu'il ne t'aimait et voilà le résultat. C'est cette même vie que tu souhaites pour moi ? Un mari v*****t et absent ? Fais preuve d'un peu de bon sens, juste pour ta fille mère, ne me laisse pas épouser ce roi je t'en prie.
Elle courut s'agenouiller devant sa mère et fit joindre ses deux mains pour la supplier.
-c'est moi ta fille mère.
-oui la seule et l'unique, Répondit Karima
-c'est moi la prunelle de tes yeux mère.
-et tu resteras à jamais la prunelle de mes yeux.
-c'est moi ton rayon de soleil mère.
- et tu brilleras toujours pour moi.
-alors ne me laisse Pas épouser cet homme mère.
Triste au plus haut point, Karima bâtit les paupières sous les supplications de sa fille. Elle était sa fille, la seule et l'unique, la prunelle de ses yeux et son soleil mais pour le devenir assuré de sa fille, elle ne pouvait pas céder à sa demande.
-non Jade, tu vas épouser le roi et il n' y a rien à négocier.
Recevant cela comme une gifle chaude, Jade cessa de lutter et laissa cette peine et tristesse l'envahir complètement. Elle n'avait jamais imaginé que cela lui arrive et surtout aussi tôt. Elle avait toujours souhaité faire elle-même son choix d'époux, elle voulait épouser un homme qui poserait toujours les yeux brillants d'une lueur de bonheur sur elle. Elle voulait d'un homme qui soit capable de lui apprendre tout ce qu'elle ne connaissait pas.
L'amertume et le désespoir l'emportèrent avec eux dans un monde où elle se voyait triste tout le restant de sa vie, dans un monde où l'amour n'a jamais existé, dans un monde où les rêves n'étaient que purs rêves.
D'un geste brusque, elle se leva et quitta la maison en courant. Elle ne savait pas où elle allait mais elle avait tout simplement besoin de respirer, de fuir la réalité, d'oublier son existence pour quelques secondes.
Longeant cette petite partie du désert qui n'était pas très loin de sa maison, elle n'était point soucieuse du danger qu'elle courait avec les animaux qui occupaient cette surface. Elle songea pendant un moment à s'enfuir pour éviter cette mascarade mais malgré le fait que sa mère l'avait laissé tomber, elle ne voulait pas lui causer de la peine. Elles s'étaient promis d'être toujours ensemble. Sa mère était malade et ce serait égoïste pour elle de la laisser sur un lit de maladie juste en pensant à sa petite personne.
Fixant l'horizon, elle sentit son ventre se nouer sous l'effet de ses intestins qui étaient gelés. Le sable s'élevait à une hauteur aveuglante sous les rapprochements d'un cheval. Une peur indescriptible l'envahit vu que cet animal se dirigeait vers elle.
Après quelques secondes sans mouvements, elle pensa à s'enfuir mais il était déjà trop tard car l'animal était déjà en face d'elle et son maître la fixait durement.
Levant la tête tout doucement, elle faillit se mordre les doigts en voyant ces yeux bleus océan la fixer si durement comme si elle était un ennemi à abattre.
-savez-vous que le désert est dangereux pour les jeunes filles comme vous ? Dit l'homme si durement qu'elle sentit ses yeux picoter.
Elle baissa la tête et fixa le sol sans mot dire. Cet homme en face d'elle était vraiment l'incarnation de la terreur et elle ne pouvait point répondre par peur de se faire tuer.
-vous avez perdu votre langue ? Levez la tête, ordonna l'homme sans aucune douceur dans la voix.
Elle leva la tête et sans le vouloir, une larme s'échappa de ses yeux. Ne pouvant pas tenir plus longtemps, elle prit ses jambes à son coup et s'enfuit sans se retourner, tout en espérant que cet homme ne la suive pas car il ne lui faudrait pas une demi-heure pour qu'il sache qui elle était.
Regardant la gamine courir comme une tortue en plein apprentissage, il ne manqua pas de sourire car l'effet qu'il avait sur son peuple le réjouissait tellement.
Auteure : Fayole Goumgang Wamba