l'heure de règlement

1292 Words
*Je ne m’attendais à rien ce week-end. J’avais juste envie de silence, de solitude peut-être… Et pourtant, quand j’ai ouvert la porte et vu Georges là, devant moi, avec ce sourire qui ne juge jamais, j’ai senti mon cœur se détendre un peu. Il m’a prise dans ses bras, fort, comme si le monde pouvait s’arrêter là, dans cette étreinte.* — « Viens, on sort. C’est moi qui t’invite. Ce soir, t’as droit à un moment sans douleur. » *Il m’a emmenée dîner. Comme deux vieux amis. Il a raconté des bêtises, il riait, il faisait tout pour que je rie aussi. Et j’ai ri… un peu. Jusqu’à ce que la réalité revienne, sournoise. Alors, je lui ai tout dit.* *Cairo… sa décision. Ilaria. Leur mariage. Ma gorge s’est serrée, mes yeux se sont remplis malgré moi. J’ai pleuré sur son épaule, sans honte. Georges n’a rien dit. Il n’en a pas eu besoin. Il a juste été là.* *Et puis… il m’a prise par la main. Il m’a entraînée ailleurs. Ville, lumière, rires. Un parc d’attractions. Je ne m’y attendais pas. Mais j’ai joué. J’ai crié. J’ai ri. J’ai oublié. Juste un peu.* *Cairo, Ilaria, les blessures, les silences… pendant un instant, tout ça s’est dissipé. Il ne restait que moi, un air libre, un battement de cœur.* Dans les rires, dans les hauteurs des montagnes russes, j'ai senti une fissure se refermer. Pas guérie, non. Mais apaisée, un instant. je me suis autorisé à vivre. À se dire que tout n’était pas fini. Que je pouvait encore sourire. Sentir le vent. Exister. Et quand j'ai levé les yeux vers Georges, j'ai compris une chose : Ce n’était pas l’amour romantique que cherchait… c’était la tendresse. La loyauté. L’épaule qui ne juge pas. Ce soir-là, je n’avais plus mal. Pas totalement… mais suffisamment pour respirer. *Et Georges, ce frère de fortune, qui m’a rappelé que malgré tout… je suis encore là.* --- Alors que la nuit retombait doucement sur la ville, après les rires, les cris joyeux, les lumières tournoyantes, Georges s’arrêta devant chez elle. Le silence était revenu, mais il n’était plus pesant. Il était doux, plein de choses qu’on ne dit pas, mais qui se ressentent. Il se tourna vers elle, un sérieux tendre dans le regard. — « Écoute-moi, Nora… si jamais un jour tu te sens seule, vraiment seule… tu peux venir vivre dans la meute. Je parlerai avec l’Alpha. Il acceptera, j’en suis sûr. » Elle le fixa, émue, incapable de répondre tout de suite. C’était plus qu’une invitation. C’était un refuge, une promesse d’appartenance, une main tendue dans la brume. Georges sourit, s’approcha et posa un b****r léger sur son front. Un geste protecteur, presque fraternel, infiniment sincère. Puis sans rien ajouter, il monta dans sa voiture, lui adressa un dernier regard, et reprit la route vers sa meute, la laissant là, un peu plus apaisée… un peu moins seule. ________ En rentrant chez elle, Ilaria fut accueillie par l’odeur familière du dîner. Ses parents étaient déjà installés à table, les visages apaisés par la chaleur du foyer. — « Bonsoir maman, bonsoir papa », dit-elle en embrassant chacun tendrement avant de s’asseoir. Son père la regarda avec un sourire calme. — « Alors ma fille, où étais-tu passée ces deux derniers jours ? » Elle servit un peu de salade, l’air serein. — « Avec Cairo. Tout va très bien. » Un court silence suivit, puis elle ajouta, la voix plus douce : — « Nous avons décidé… le mariage aura lieu dans trois mois. » Sa mère leva les yeux, émue, tandis que le père haussa les sourcils avec une fierté discrète. — « Trois mois ? C’est pour bientôt. Tu sembles heureuse… » Ilaria hocha la tête, mais son regard s’égara un instant vers la fenêtre. Heureuse ? Oui. Mais une partie d’elle restait en alerte, vigilante, instinctive. Parce qu’une femme sent toujours quand une autre femme regarde le même homme. ----- Dans le silence de sa chambre, Ilaria ôta ses boucles d’oreilles, les posa lentement sur la coiffeuse, puis s’attarda devant le miroir. Elle fixa son reflet longuement, comme pour sonder une vérité cachée derrière ses propres yeux. Tout semblait parfait : une demande, une date, une robe bientôt. Et pourtant… quelque chose s’agite. Une ombre légère, subtile, mais persistante. Elle se remémora le regard de Nora. Pas les mots, non — le silence. Cette fraction de seconde où ses doigts tremblaient à peine en leur tendant les tasses de café. Cette lueur dans les yeux, fugace, mais suffisamment vive pour éveiller l’instinct d’une femme. Ilaria esquissa un sourire presque imperceptible. Un sourire qui ne trahissait rien… sauf une décision. Elle ouvrit doucement son carnet en cuir, y nota trois mots à l’encre fine : *“Observer. Comprendre. Protéger.”* Puis elle souffla en éteignant la lumière, le regard déjà ailleurs. «Rien ne m'échappe, même ce qui se cache derrière les sourires » murmura-t-elle dans le noir. Et le silence, complice, ne répondit rien. Ilaria décrocha discrètement son téléphone. Elle ouvrit un contact enregistré sous un simple prénom : *“Alessio”*. Pas de bonjour. Pas de détour. — « J’ai besoin d’un profil complet. Une employée de chez " VELTRO ENTREPRISE". Nora Delvecchio » — « Tu veux quoi exactement ? » — « Tout. Parcours, origines, fréquentations, réseau, santé mentale si possible. Je veux tout ce que tu peux trouver. Et vite. » Un silence. Puis un soupir de l’autre côté. — « Ça a un lien avec Cairo ? » Ilaria répondit d’une voix calme, presque glaciale : — « Je veux savoir quelle serpent j'ai dans mon territoire. Rien de plus. » Elle raccrocha, posa lentement le téléphone… et sourit légèrement. Elle n’avait pas besoin de crier pour mordre. ---- Dans l’ombre épaisse de la nuit, Cairo était assis sur son fauteuil en cuir, vêtu de son costume noir. Ses gants en cuir brillaient sous la lumière tamisée du bureau. Sur la table, un petit pistolet et une vieille photo d’un enfant souriant, dont un coin était déchiré. Le téléphone sonna, perçant le silence : — « Monsieur, nous avons localisé l’enfant. Dans un entrepôt abandonné près du port. Instructions ? » Sans hésiter, Cairo répondit : — « Envoie-moi les coordonnées. Reste sur place. Ne bouge pas avant mon arrivée. » Il raccrocha, se leva, étira lentement son cou en faisant craquer ses articulations. Murmura pour lui-même : — « L’heure du règlement de comptes a sonné. » Il sortit d’un pas assuré, ouvrit un garage secret sous la maison. Là, la Cadillac noire l’attendait, blindée, vitres teintées. Il monta, appuya sur le bouton de démarrage, le moteur rugit comme une bête prête à bondir. Il arriva en quelques minutes au lieu indiqué. L’entrepôt semblait désert, mais les gardes armés n’étaient pas là pour décorer. Cairo descendit, marcha dans l’obscurité tel un fantôme. Il tira une balle vers le luminaire suspendu, plongeant la pièce dans une obscurité totale. Puis il attaqua. Des coups précis, des tirs silencieux, sans laisser place au cri. Son visage restait impassible. Arrivé à la porte de la pièce, il donna un coup de pied dans la serrure et entra. Il trouva l’enfant ligoté dans un coin, les yeux pleins de larmes. Puis il se tourna vers le dernier ravisseur, les mains levées en signe de reddition. Cairo s’approcha, le regard glacé : — « Jouer avec les enfants… ça fait de toi moins qu’un animal. » Et il mit fin à l’affaire sans hésiter. Quelques minutes plus tard, Cairo sortit, tenant l’enfant dans ses bras, tandis que les premiers rayons du soleil se levaient. Ce n’était pas une vengeance… C’était *la justice, à la manière de Cairo.*
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