L'ombre d'une Compagne

1316 Words
Voix de Caïro Le néon au-dessus de ma tête grésille. Un son faible, agaçant. Mais ce n’est rien face au vacarme dans ma tête. Le téléphone vibre dans ma main. *Ilaria.* George est là, adossé au mur d’en face. Bras croisés. Regard fermé. Il ne dit rien, il n’a pas besoin. Son silence est un ordre. Et je le comprends. Je fixe l’écran un instant… puis décroche. "Allô… Caïro ?" Sa voix est légère, presque inquiète. "Oui, je suis là." "Tu as disparu. Où es-tu ? Tout le monde te cherche. Steve dit que tu es en mission, mais toi… tu n’as même pas répondu à mes messages." Je ferme les yeux un instant. Le poids de la fatigue me colle aux os. Mon cœur bat, mais ailleurs… derrière une porte fermée, dans cette pièce où Noura lutte. "Je ne peux pas parler maintenant, Ilaria." "Mais où es-tu ? C’est grave ? Tu es blessé ?" Je croise le regard de George. Il secoue la tête doucement. Pas un mot. "Je vais bien. Je te rappellerai. Promis." Un silence. Elle sent le mensonge. Elle le goûte à travers la ligne. "C’est à cause de cette louve, hein ? Nova ?" "Je dois y aller." Je raccroche avant de faiblir. Avant de dire ce que je ne devrais pas. Avant de mêler Ilaria à un monde dont elle ignore encore la profondeur. George pousse un léger soupir et me lance calmement : "Il faut qu’on reste concentrés. Pour elle." Je regarde la porte fermée. "Noura. Ou Nova. Peu importe comment on l’appelle… elle est tout ce que je n’ai pas su protéger." *après deux heures Le bureau de l’Alpha est saturé d’électricité. Pas celle qui vient des câbles — non, celle qui naît du doute, de la colère, de la trahison rampante. George adossé au mur comme une tempête contenue. Elias, calme en apparence, mais ses yeux scrutent tout. L’Alpha, silencieux, observe. Je fixe la carte affichée devant nous, les lieux potentiels, les traces infimes. Puis vient la question : *"Pourquoi une meute de renégats voudrait-elle Nova ?"* George croise les bras. *"Ou peut-être qu'ils n'étaient pas vraiment là pour Nova..."* Il me regarde. Longtemps. Trop longtemps. *"Et si c'était personnel ? Et si... quelqu’un de l’intérieur les avait engagés ?"* Je serre les dents. *"Sois clair, George."* Il avance d’un pas. *"Je parle d’Ilaria."* Le silence se brise comme du verre. *"Tu deviens fou."* Ma voix est basse. Tranchante. *"Tu sais qu’elle ne supporte pas Noura quand elle est près de toi. Elle ferait n'importe quoi pour te garder sous son emprise."* Mon poing s’écrase sur la table. La fureur monte, incontrôlable. *"Ne mêle pas Ilaria à ça, George. Tu dépasses les limites."* "je vois que tu es aveuglé par cette femme, tu ignore une chose Cairo, les loups peuvent sentir les mensonges, la peur, la colère, et même la haine" Nos regards s’affrontent, deux hommes prêts à se battre . Et c’est là qu’Elias rompt le duel d’un ton sec, direct : *"Attendez... Est-ce que Caïro et Noura sont... des âmes sœurs ?"* George détourne le regard. Il ne s’attendait pas à cette question. Pas maintenant. *"Je ne sais pas."* Il me lance un regard blessé. *"Mais si j’étais à sa place… je t’aurais déjà quitté."* Il quitte la pièce, me laissant là. Avec ce vide. Et cette vérité que je ne suis peut-être pas prêt à affronter. George claque la porte. Un silence lourd retombe dans le bureau. Je reste figé, les poings crispés, le souffle coupé par une question simple… trop simple : *« Est-ce que Noura est ma... compagne ? »* Je sens le regard d’Elias sur moi. Il attend. L’Alpha aussi. Même le silence semble me juger. Je détourne les yeux, incapable de répondre tout de suite. L'Alpha continu "Ce mot… *compagne*. Chez les humains, c’est banal. mais chez les loup c'est sacré. C’est plus qu’un lien. C’est un ancrage. Une promesse faite à l’âme. Une reconnaissance par l’instinct." Et pourtant… *« Tu ne comprends pas ce que ça implique, Caîro?. »* Sa voix est rauque, presque douloureuse. *« Chez les loups, on ne choisit pas un partenaire pour la beauté, ni pour l’amour. On le ressent… dans la chair. Dans les os. Dans le souffle. Comme une brûlure qu’on ne peut pas éteindre. »* Je ferme les yeux un instant. L’image de Noura — non, *Nova* — me traverse l’esprit. Son regard quand elle me défiait. Sa colère. Sa force. Et cette douceur qu’elle cachait… seulement pour moi. *« Je ne l’ai jamais dit. Pas à elle. Pas à moi. Mais chaque fois qu’elle s’éloigne, quelque chose en moi meurt un peu plus. »* Elias murmure, intrigué : *« Et tu l’as laissé seule… ou étais tu le jour de l'e********t? »* Je soutiens son regard sans ciller. *« Ça ne t'intéresse pas»* Ma voix est sèche, tranchante. *« Mais j’étais avec Ilaria. »* Un battement de silence. Elias hausse un sourcil. *« Alors tu as choisi de passer la nuit avec une autre, pendant que Nova risquait sa vie seule ? »* Je serre les dents, le regard noir. *« Je n’ai pas à me justifier. ». L’Alpha croise les bras, son ton posé mais ferme : *« Pour nous, le mot de compagnon a un poids, Caïro. Il dit ce que les gestes taisent. Ce lien… on ne le choisit pas, il s’impose. »* L’Alpha soupire. Elias, lui, se contente de hocher doucement la tête, comme s’il venait de comprendre quelque chose. Mais il ne sait rien. Personne ici ne sait ce que c’est… d’avoir le cœur déchiré entre ce qu’on veut ressentir et ce qu’on ne peut pas se permettre d’admettre. Le bureau de l’Alpha, toujours plongé dans une tension sourde. L’atmosphère est dense. Personne n’ose briser le silence après la dernière phrase de l'Alpha. C’est finalement lui qui reprend la parole, d’un ton autoritaire : *« Assez. On est là pour comprendre qui a voulu s’en prendre à Nova, pas pour laver du linge sale. »* Il jette un regard circulaire sur le groupe. Elias reste immobile, m'observant d’un œil froid. George, lui, est toujours absent. Mais on sent encore sa présence dans l’air, comme une détonation qui vibre encore. *« Ces renégats ne sont pas assez organisés pour planifier un e********t aussi précis. Quelqu’un leur à emmener Noura dans leurs camp et leur a donné des ordres. On veut des ressources. Une cible. »* dit l’Alpha en posant un dossier sur la table. Je m’approche et le feuillette brièvement. Des visages. Des relevés. Des liens entre clans. *« Jake a parlé d’un nom… d’un intermédiaire ? »* demande Elias. *« Il a parlé… mais pas assez. Il a peur de celui qui se cache derrière tout ça. »* je répond sans lever les yeux. *Le silence m’enveloppe à nouveau, mais cette fois… ce n’est pas le silence du bureau. C’est celui dans ma tête.* *Âme soeur.* Ce mot résonne comme une malédiction douce. Chez les loups, ce n’est pas un choix. C’est une vérité imposée par l’instinct. Par l’âme. Un lien qu’on ne peut pas forcer. Ni fuir. Je n’ai jamais cru à ça. Je suis un mafia Pas un poète. Mais Noura… Chaque fois que son regard se plante dans le mien, je perds pied. Chaque fois qu’elle s’éloigne, c’est comme si l’air devenait plus lourd. Quand elle souffre, c’est ma peau qui brûle. Et pourtant… Je l’ai laissée seule. Je n’ai rien vu venir. Je n’ai rien protégé. *Est-elle ma compagne… ou simplement ma faiblesse ?* Et si c’est elle… Pourquoi n’ai-je pas senti ce lien plus tôt ? Pourquoi ai-je douté ? Peut-être… parce qu’admettre qu’elle est ma compagne, c’est aussi admettre que je ne suis plus cet homme détaché, froid, implacable. C’est accepter que j’ai quelque chose à perdre. Quelqu’un. Et ça… Ça me terrifie plus que n’importe quel ennemi.
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