tentative de survie

1239 Words
Derrière la vitre teintée de son bureau, Ilaria observait tout. Ses yeux plissés, son sourire à peine visible, révélaient une satisfaction glaciale. Elle vit Nora, debout au milieu de la tempête, acculée, désarmée. Le dossier compromettant entre les mains de l’assistante de sécurité. Elle n’avait même pas besoin d’être là pour savourer sa chute. Elle porta sa tasse de café à ses lèvres, et murmura : — *« Je ne partage pas mes propriétés, ma chère… »* Puis elle s’installa doucement sur le canapé de cuir. Son téléphone vibra. Elle écrivit un message bref : *« Étape 1 réussie. Prépare la suite. »* Son cœur battait vite — non par peur, mais par *l’excitation froide du contrôle*. Si Nora était sa demi-sœur, cela ne changeait rien. Il n’y avait pas de place pour deux reines. Elle se rappela les mots que sa mère lui répétait souvent : *« Dans le Royaume d'argent, il n’y a pas de place pour l’hésitation. »* *** *Dans la pénombre de son bureau*, Cairo était assis, dos droit, les yeux rivés sur le dossier devant lui. Une cigarette coincée entre ses doigts se consumait lentement, dessinant dans l’air des spirales de fumée lourdes de tension. Il inspira profondément, laissa la fumée remplir ses poumons avant de l’expulser lentement… comme pour gagner du temps, ou calmer cette tempête intérieure. — *« Nora… pourquoi toi ? »*, murmura-t-il, la voix rauque, étranglée entre le doute et la douleur. Son cœur refusait encore la trahison. Mais les preuves… ces fichus documents retrouvés dans son bureau personnel… et le nom de Nora lié à une fuite aussi grave… Il se leva, s’approcha de la fenêtre, le regard perdu sur la ville endormie. Une autre taffe. Une autre brûlure au fond de la gorge. Et toujours, ce même silence assassin dans sa tête. — *« Si elle a trahi, elle devra payer. Comme tous les autres. »* Mais son poing trembla. Il jeta la cigarette à moitié consumée, l’écrasa avec rage. Une décision s’imposait. Et elle serait sans retour. *Les couloirs du quartier secret résonnaient* de pas secs. Deux gardes traînaient Nora, les poignets liés, le regard fier malgré la douleur. Son visage portait les traces des coups — pas violents, mais suffisants pour humilier. La porte du bureau s’ouvrit brusquement. *Cairo leva les yeux.* Il était là, debout, immobile, les bras croisés, une ombre dans le clair-obscur. La pièce sentait la fumée et la colère étouffée. — *« Laissez-nous. »* Les gardes sortirent sans dire un mot. Nora resta droite, essuyant le sang au coin de ses lèvres. Elle ne baissa pas les yeux. Même maintenant. — *« Alors, c’est comme ça que tu traites ceux qui te sont loyaux ? »*, dit-elle d’une voix sèche. Cairo s’approcha lentement. Ses yeux étaient sombres. Trop sombres. — *« Loyaux ? Nora… un dossier classé secret a été retrouvé dans TON bureau. Tu sais ce que ça signifie ? »* — *« Et tu crois vraiment que j’aurais été assez idiote pour le cacher là, si c’était moi ? »*, répondit-elle, le ton tranchant. « Tu me connais mieux que ça. » Un silence lourd tomba. Puis Cairo s’arrêta à un pas d’elle. Il murmura : — *« Je ne sais plus si je te connais. »* Elle ferma les yeux. Une larme unique coula. — *« Alors tout est perdu. »* Cairo hésita. Puis tourna le dos. — *« Enfermez-la. Jusqu’à ce que je décide ce que je ferais avec elle. »* Et la porte claqua derrière lui. --- *Le deuxième soir dans la cellule était lourd de silence.* Nora, assise en tailleur sur le sol froid, fixait le mur comme si elle y cherchait une réponse. Sa louve intérieure ne cessait de grogner. Quelque chose n’allait pas. *Une clé tourna dans la serrure.* Un garde entra, seul. Trop silencieux. Dans sa main, *une seringue* à peine dissimulée. *Le regard de Nora s’assombrit.* Sa louve renifla… et *reconnut immédiatement l’odeur du poison.* — *« Qui t’a envoyé ? Cairo ? »*, demanda-t-elle, glaciale. Aucune réponse. Juste un pas en avant. *Mais elle était prête.* Au moment où il leva la main pour l’injecter, *elle saisit son poignet, tourna sur elle-même et le projeta contre le mur.* L’aiguille vola en éclats. *Trois autres gardes surgirent.* Trop tard. Nora se redressa d’un bond, *ses muscles tendus comme ceux d’une louve acculée mais pas soumise.* — *« Mauvais choix, messieurs. »* Un cri étouffé. *Un coup de pied tournant en pleine gorge.* Deux coudes fracassèrent des côtes. *Un balayage maîtrisé.* Les trois tombèrent. Net. *Inconscients.* *La respiration de Nora était haletante, mais ses yeux brûlaient d’une seule pensée :* — *« Ce n’est pas Cairo… ou alors… il n’est plus celui que je croyais. »* Elle s’agenouilla, prit la clé de la cellule, et *regarda la porte.* Ce n’était plus pour prouver son innocence. *C’était pour survivre.* --- Nora, profitant de leur inconscience, Son cœur battait à tout rompre tandis qu’elle ouvrait la porte de la cellule. Chaque pas la rapprochait un peu plus de la liberté, mais aussi du danger. Elle savait que ce lieu n’était pas sûr, que sa fuite serait suivie. --- De son côté, dans le bureau sombre, Cairo recevait l’appel tant redouté. — *« Monsieur, elle s’est échappée. »* Un silence glacé s’abattit. Il se redressa, le visage dur. Arrivé sur place, il trouva ses hommes toujours inconscients au sol. Sur le carrelage, une seringue abandonnée. — *« D’où vient cette seringue ? »*, murmura-t-il en ramassant l’objet. Il appela aussitôt son lieutenant. — *« Donne-la à l’un de nos spécialistes. Je veux connaître sa composition. »* Puis, tournant la tête vers ses hommes encore à terre : — *« Quand ils se réveilleront, Steve, je veux que tu mènes l’interrogatoire. Je veux savoir ce qui s’est passé ici. »* Sans perdre une seconde, il quitta le lieu, prêt à affronter la tempête. --------- Nora courait à perdre haleine dans les ruelles sombres, le souffle court, les muscles tendus par la peur et l’adrénaline. Chaque bruit, chaque ombre la faisait sursauter, mais elle ne pouvait pas s’arrêter. Sa vie en dépendait. Son seul espoir était George, son ami d’enfance, celui en qui elle avait toujours eu confiance. Elle connaissait le chemin par cœur, les passages secrets, les raccourcis qu’ils avaient parcourus ensemble quand ils étaient plus jeunes. Elle sentait son cœur battre fort, entre espoir et panique. « La meute… c’est mon refuge », se répétait-elle comme un mantra. Après quelques minutes, elle arriva enfin à l’orée de la forêt où la meute de George vivait, un endroit caché, protégé, loin des regards et des dangers de la ville. Essoufflée, elle appuya sa main contre un arbre, puis, d’un geste rapide, frappa trois coups secs sur le tronc. Quelques instants plus tard, George apparut, ses yeux s’élargissant en la voyant dans cet état. — « Nora ! Qu’est-ce qui t’est arrivé ? » demanda-t-il, inquiet. Elle chuchota, la voix tremblante mais déterminée : — « Ils ont voulu me tuer… mais je suis encore là. Je viens chercher refuge… Je ne peux plus rester seule. » George la prit dans ses bras, ferme et protecteur. — « Tu es chez toi ici. La meute te protégera et tu fais partie de la famille. » Pour la première fois depuis longtemps, Nora sentit un souffle de paix l’envahir. Mais elle savait que le combat ne faisait que commencer.
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