Chapitre 2 :**
Le souffle court et les jambes tremblantes, Astrid fixait Julian Logan, l’homme vers qui tous les regards se tournaient avec admiration, sans que lui-même ne semble remarquer le chaos silencieux qui l’entourait.
— Prends soin d’elle. Sinon, tu découvriras à quel point je peux être cruel, lança d’un ton tranchant l’homme qui venait de lui remettre la main de la supposée mariée.
Julian répondit par un sourire éclatant, si désarmant qu’Astrid sentit son cœur s’emballer malgré la panique qui l’étreignait. Elle l’avait toujours connu à travers les journaux, les écrans, les rumeurs. Elle l’avait idéalisé, sans jamais penser qu’un jour, leurs chemins se croiseraient. Et encore moins de cette façon.
D’un geste délicat, Julian prit ses mains dans les siennes et s’approcha.
— Mon amour… Ce jour est enfin le nôtre. Celui où tu deviens ma femme, dit-il d’une voix chaleureuse, visiblement ému.
Ces mots résonnèrent en elle comme une cloche de culpabilité. Elle n’était pas celle qu’il croyait.
— Chérie… Je me fais des idées ou tu sembles étrange aujourd’hui ? murmura-t-il, à quelques centimètres de son oreille.
Elle resta figée, le corps crispé. Il perçut son recul mais n’y répondit pas, se contenant. Il ne voulait pas créer un malaise, surtout pas aujourd’hui.
— Tu m’en veux ? Tu gardais cette robe cachée, et maintenant que je te vois dedans… je suis bouleversé, avoua-t-il doucement.
Toujours aucun mot. Aucun regard. Son silence le blessait plus qu’il ne le montrait, mais il s’efforçait de rester calme. Tout ce qu’il désirait, c’était l’épouser avant qu’elle ne se dérobe.
Astrid, elle, était envahie par une tempête intérieure. Partagée entre la terreur de trahir cet homme, et celle de tout avouer devant cette foule brillante. Une seule parole, et elle serait humiliée. Peut-être même punie. Elle voulait parler, mais sa gorge restait sèche.
Le prêtre s’éclaircit la voix, rappelant à tous que la cérémonie reprenait. Julian se tourna vers lui, un sourire en coin.
— Je ne réalise pas encore que je vais l’avoir à mes côtés pour la vie, dit-il avec une sincérité palpable.
Astrid aurait voulu protester, crier qu’il se trompait, mais elle n’en avait ni le courage, ni le droit.
— Nous sommes réunis aujourd’hui pour unir Julian Logan et Martie Adams, annonça solennellement l’officiant.
Une salve d’applaudissements éclata.
— Procédons aux vœux.
— Inutile, trancha Julian, coupant court à la tradition. Le prêtre, un peu désarçonné, s’exécuta sans discuter.
Nul n’osait défier un homme de sa stature.
Astrid s’apprêtait à franchir un point de non-retour.
— Julian Logan, acceptez-vous de prendre pour épouse celle qui se tient à vos côtés, pour le meilleur et pour le pire, dans la richesse comme dans la pauvreté ?
Il la fixa. Bien qu’il ne voie pas son visage, une étrange impression le traversa. Différente de celle qu’il ressentait habituellement avec Mattie. Mais attendrissante, malgré tout.
— Oui… je le veux, répondit-il, les yeux brillants.
La même question fut posée à Astrid.
Un silence.
Julian se tourna lentement vers elle, inquiet. Pourquoi cette hésitation ? Il posa légèrement sa main contre la sienne. Elle ferma les yeux, inspirant un grand coup.
— Je… Je le veux, souffla-t-elle d’une voix étranglée.
Julian arqua un sourcil. La voix ne lui disait rien. Mais il n’insista pas.
Le prêtre applaudit, puis fit signe à l’assistant d’apporter le registre officiel.
Astrid se figea. Le document étalé devant elle portait un nom… qui n’était pas le sien.
Julian signa sans sourciller, puis fit glisser le stylo vers elle. Ses mains tremblaient. Il le remarqua aussitôt.
— Tu n’as pas à t’inquiéter, je te le promets. Je serai le plus doux des maris, murmura-t-il pour la rassurer.
Sous la pression des regards, Astrid signa malgré tout. Une vague de panique l’envahit dès qu’elle releva la tête.
Julian, intrigué, regarda sa signature.
— Cette écriture… Ce n’est pas la tienne, non ? demanda-t-il à voix basse, l’air perplexe.
— Ne fais pas d’esclandre, intervint une voix près de lui, tentant de calmer le jeu.
Julian inspira lentement, puis s’adressa au prêtre :
— En présence de ces témoins et sous le regard de Dieu, je vous déclare unis par les liens du mariage. Vous pouvez embrasser votre épouse.
À cet instant précis, la porte s’ouvrit brusquement. Une autre mariée, entièrement voilée, fendit la foule, provoquant une onde de choc.
Elle s’arrêta net, ôta lentement son voile. L’assemblée retint son souffle.
— Mattie ? souffla Julian, sidéré.
— Que se passe-t-il ici ? demanda la jeune femme, interdite.
Julian se tourna vers Astrid, qui pâlissait à vue d’œil. Il leva le voile qui couvrait son visage et blêmit à son tour.
— Mais… qui êtes-vous ? bredouilla-t-il, la voix brisée par la stupeur.
Le regard qu’il plongea dans le sien lui transperça l’âme. Astrid aurait voulu disparaître. L’humiliation la submergeait.
— Je… je suis désolée… réussit-elle à articuler, la gorge nouée.
Un bruit v*****t claqua dans l’air. Une gifle, cinglante, fit frémir la salle. Et soudain, les journalistes se ruèrent à l’intérieur, capturant chaque instant.
Les agents de sécurité s’activèrent, mais il était trop tard. Julian, dans son orgueil, avait convié la presse pour immortaliser ce jour.
Son grand moment venait de virer au cauchemar.
— Comment oses-tu souiller le mariage de ma fille, misérable ? vociféra une voix furieuse.
Astrid, pétrifiée, ne put que les fixer, impuissante.
— Qu’on l’éloigne de moi immédiatement, gronda Julian. Deux hommes s’élancèrent vers elle.
— Personne n’a jamais osé me défier ainsi. Mais toi… tu dépasses toutes les bornes, tonna-t-il.
Astrid tomba à genoux, la voix tremblante.
— Je vous supplie, Monsieur Logan. Je me suis retrouvée ici par erreur, je… je ne savais pas que…
— Faites-la sortir. Enfermez-la. Et que sa famille paye pour cette humiliation ! éructa-t-il sans pitié.
Le sol semblait s’ouvrir sous elle, engloutissant tout.