Chapitre 3 :**
La cérémonie s’était achevée dans le chaos, réduite à néant. Les invités avaient été priés de quitter les lieux, ne laissant derrière eux que les familles Logan, Daniels et Adams, rassemblées dans une suite privée pour une discussion tendue.
Dans un coin de la pièce, Mattie tremblait, le visage ravagé par les larmes, que sa mère tentait d’essuyer avec des gestes nerveux, tout en lançant des regards chargés de haine vers Astrid.
Julian, les cheveux en bataille qu’il venait d’ébouriffer sous l’effet de la colère, s’adressa d’une voix grave :
— Donne-moi une seule raison de ne pas réduire ta famille en poussière.
Josh, visiblement paniqué, tenta de calmer les choses :
— Je vous assure, monsieur Logan, elle ne m’a jamais causé de tort personnellement… Je ne pensais pas qu’elle provoquerait un tel désastre.
Ces mots, loin d’apaiser Julian, ne firent qu’attiser sa frustration.
— Vous pensez réellement que cela arrange quoi que ce soit, là, maintenant ?
— Ce que mon mari essaie de dire, c’est que nous n’avons plus de lien avec elle. Elle vit chez sa mère, vous comprenez… — tenta de justifier la mère d’Astrid.
— Papa ! — cria Astrid, hors d’elle.
Mais un simple regard de Josh suffit à lui clouer le bec.
— Non seulement tu as manqué à ton devoir, mais tu as aussi ruiné la vie de quelqu’un d’autre ! — hurla-t-il. Elle serra les dents pour retenir ses sanglots.
Pour la première fois, Mattie prit la parole :
— Maintenant que cette fille a épousé mon fiancé… que proposez-vous comme solution ?
Un silence glacial tomba sur la pièce.
— Vraiment ? Personne n’a rien à dire ? Je vais vraiment perdre l’homme que j’aime à cause d’une inconnue ?
Julian s’approcha d’elle, la culpabilité déformant ses traits. Il voulut la toucher mais elle repoussa ses mains. Elle leva la main pour le gifler, mais il fut plus rapide et saisit son poignet.
— Ne me touche pas, espèce de traître !
Julian recula, maîtrisant à peine sa fureur, ce qui étonna même Daniels, qui ne s’attendait pas à autant de retenue.
— Tu allais me frapper ? — lança Julian d’un ton tranchant.
Mattie détourna le regard.
— Tu mérites bien plus qu’une gifle. Tu m’as fait croire à un amour qui n’a jamais existé. Merci de m’avoir ouvert les yeux.
Elle ôta sa bague de fiançailles et la jeta violemment vers lui :
— Profite bien de ton mariage, s****d !
Astrid, bouleversée, s’approcha timidement.
— Mademoiselle Adams… il y a peut-être un moyen d’arranger tout cela.
Mattie s’arrêta net.
— Tu m’adresses la parole ? Après avoir détruit ma vie ? — siffla-t-elle.
Astrid baissa les yeux.
— Je suis la seule fautive ici… Vous pouvez l’épouser et faire comme si je n’avais jamais existé…
Alors que Mattie levait la main pour la frapper, un homme l’arrêta au vol.
— Miles ? — souffla-t-elle, interloquée.
— Cette fille est déjà en miettes, inutile d’en rajouter. Et si tu veux chercher un coupable, regarde-moi : c’est moi qui l’ai conduite dans cette pièce.
Astrid leva les yeux. C’était donc lui, ce visage familier. Il était à l’origine de son entrée dans ce cauchemar.
— Vous êtes tous à vomir ! — hurla Mattie avant de quitter la pièce en claquant la porte.
— Je suis profondément déçu, Desmond, — lança sèchement le père de Mattie à l’adresse du père de Julian, qui était resté assis, muet aux côtés de sa femme.
— Quelle humiliation ! — renchérit la mère de Mattie, lançant un regard assassin à Astrid avant de tourner les talons.
Il ne restait désormais que les Adams, Daniels, Miles et les parents de Julian. Celui-ci, fou de rage, renversa une chaise contre le mur dans un fracas qui glaça l’atmosphère.
— J’ai merdé, c’est moi qui l’ai emmenée ici en pensant…
Mais Julian, ivre de colère, fonça sur son ami et lui décrocha un v*****t coup de poing.
— Enfoiré !
Astrid, tétanisée, découvrait pour la première fois la violence de celui qu’elle admirait en secret depuis tant d’années.
Elle s’avança lentement et sortit un document de sa poche.
— Je sais que je vous ai causé une immense douleur… regardez, son nom est toujours inscrit ici… seul le mien…
Elle n’eut pas le temps d’achever sa phrase. Julian l’empoigna brusquement par la gorge.
— Encore un mot, et je t’étrangle.
C’est à ce moment que Becky, sa mère, jusque-là spectatrice silencieuse, s’interposa, fulminante.
— Ça suffit ! Je ne t’ai pas élevé pour que tu lèves la main sur une femme !
Elle repoussa son fils et aida Astrid à se relever.
— Laissez-moi… je mérite de rester à terre… — murmura Astrid.
Mais Becky refusa.
— Tu es désormais ma belle-fille. Tu ne peux plus te considérer comme une moins que rien.
Astrid, stupéfaite, sentit son cœur se serrer. Nadine, elle, luttait pour cacher sa frustration. C’était elle, et non sa sœur, qui aurait dû porter cette robe blanche.
— Maman ? — balbutia Julian, abasourdi.
— Que ça te plaise ou non, elle est ton épouse. Tu as désormais une obligation envers elle.
Julian, cherchant un soutien, se tourna vers son père, puis vers son ami. Mais tous deux acquiesçaient en silence.
— Attendez une minute… qu’est-ce que c’est que ce cirque ? — demanda-t-il, perdu.
— Nous avons accepté Mattie parce que tu l’aimais. Nous t’avons suivi. À présent, c’est à toi de nous écouter — déclara Becky, implacable.
Julian, sous le choc, n’était pas le seul à encaisser. Astrid aussi chancela.
— Je suis croyante, moi… le seul mariage que je reconnais, c’est celui que Dieu scelle… pas un vulgaire bout de papier.
— Tu devrais plutôt t’inquiéter de la manière dont elle a souillé ta réputation, ton avenir, tes partenariats… — insista Becky.
— Ma réputation ? — siffla Desmond, le père de Julian.
— C’est toi qui l’as salie, pas elle — grogna Julian en se massant les tempes, épuisé.
— Très bien. Faites ce que vous voulez. Moi, je divorce demain matin.
Astrid ferma les yeux, tiraillée entre un soupir de soulagement et une pointe d’amertume. Elle n’aurait su dire si elle voulait fuir cet enfer ou s’y accrocher. Car Julian aimait Mattie, et ça, ça faisait mal.
— Navré de briser tes illusions, mec, mais tu peux pas divorcer avant un an complet, selon la loi — déclara calmement Miles.
— Quoi ? — gronda Julian, les mâchoires crispées.
Miles haussa les épaules en lui tapotant l’épaule.
— Désolé, mon vieux. Tu es un homme marié.
—