002 - J'ai la meilleure secrétaire (partie 1)

1745 Words
« Parfois, il vaut mieux oublier que vivre dans le passé. Il vaut mieux un début sans avenir qu'un avenir sans fin » « Mademoi... oh mon dieu ! Mademoiselle, mais que vous est-il arrivé ? Vous allez bien ? Vous voulez que j'appelle un médecin ? » « J'ai juste eu un petit accident. Est-ce si affreux que ça ? » je demande sur le point de m'effondrer. Alice me regarde d'un air effrayé, elle hoche la tête avec un sourire qui signifie "désolé". Puis elle se dirige vers son bureau pour se pencher sur son ordinateur et taper quelque chose dessus. Elle se redresse ensuite et me dit : « Venez, je vais soigner ça. En tout cas vous ne vous êtes pas raté. » elle en commence à se diriger vers l'infirmerie de l'entreprise et je me mets à la suivre comme une petite fille. « Et le rendez-vous ? » je lui demande en me rappelant que j’étais censé assister à une réunion aujourd’hui. « Annulé. » dit-elle sans m’expliquer « .... » Voyant que je ne parle pas elle continue en avançant toujours : « Mr. Carter a eu un empêchement. Ils ont donc reporté le rendez-vous à la semaine prochaine. » Je hoche la tête derrière elle et comprends mieux pourquoi elle ne m’a appelé plusieurs fois dans la journée « Je crois que c'est mieux ainsi. » j’essaye de la rassurer, parce que je sais qu’elle sait l’importance de ce rendez-vous pour l’entreprise. Elle me jette un regard noir puis souri. Elle est vraiment étrange cette petite, je pense en la suivant. Elle ne dit jamais totalement tout et reste toujours sur ses gardes, pourtant après tout le temps qu’elle a passé avec moi, elle a bien dû se rendre compte que je ne mordais pas. PDV Alice Qu’a-t-elle encore fait aujourd'hui ? C'était la question que je me posais depuis plusieurs minutes. Mademoiselle Sean a toujours été quelqu'un de distant, elle a toujours été seule. Je me souviens d'il y a deux ans, j'étais venu pour un entretien d'embauche chez Donald Corporation afin de devenir manager, j'avais toutes mes chances, après tout je venais de sortir de l'une des plus grandes écoles du pays, avec tes notes et un parcours exemplaire et je savais que je saurais me distinguer des autres. C'est là que je l'ai vu debout sur des escaliers, la main en visière sur son font ; elle pleurait et une femme la regardait avec mépris du haut des escaliers. Quelque temps après j'appris que c'était Mme Donald la fille de mon futur patron. J'ai été énormément déçu de la façon dont elle l'a regardé, son mépris se voyait à des kilomètres et aussi, lorsqu'elle m'avait reçu pour l'entretien, elle avait été plus que désagréable. J'ai été accepté dans l'entreprise, mais ai refusé l'emploi... J'étais au chômage. Et je devais reprendre mes recherches à 0. Quelques semaines plus tard, après plusieurs recherches d’emploi, je suis tombée par hasard sur une petite entreprise qui venait juste d'ouvrir. Je l'ai vu par la vitrine donnant des ordres à ses quelques employés qu'elle avait et j'ai postulé. J'ai été très vite accepté et me suis faite une petite famille ici, et en deux ans l'entreprise a bien évolué. Grâce à nous... grâce à elle. Elle a toujours beaucoup sacrifié pour cet endroit. Cette femme, je ne saurais comment la décrire. Parce qu’elle se cache beaucoup, qu’elle dit très peu de choses sur elle, et que très souvent elle parait glaciale, mais le truc, c'est qu’elle ne l’est pas du tout. Au contraire, elle a toujours des attentions envers chacun de nous, elle nous regarde et avec ses petits gestes qu’elle nous offre, on sait qu’elle qu’on représente quelque chose pour elle. J'ai toujours su que c'était une bonne personne, qui, malheureusement, est née sous une mauvaise étoile et sûrement dans la mauvaise famille. Tout comme moi. Même si elle était distante, elle avait une petite lueur dans ses yeux, de l'Amour. En tout cas jusqu'à hier soir. Mais aujourd'hui, cette lueur a disparu. Ses yeux sont vides. Elle n'a plus ce petit ton mielleux et sa démarche de femme fatal. Non, on a plus l'impression qu'elle vient de se réveiller d'un cauchemar, mais qu’elle continue de tomber encore plus. Je préfère faire comme d'habitude et continuer de l'aider du mieux que je peux. C'est tout ce que je peux pour elle, de toute manière, elle ne me laissera jamais m'approcher de ses failles telles que je la connais. Pour le moment je ne veux pas la voir pleurer. Sinon j'en ferais de même, surtout aujourd'hui. PDV Amélie À la fin de la journée, vers 20h je décide de rentrer, épuisée d'avoir autant travailler, mais aussi pour tenter de ne pas penser à tout ce qu'il se passe autour de moi. Tout le monde était déjà parti et il ne restait que moi ici. Je salue le gardien de la tête en arrivant au parking et lui offre en passant un café au lait que j’ai pris dans le distributeur et monte dans le taxi que j’ai commandé pour rentrer chez moi. Je suis arrivée, devant la porte d'entrée, ma mâchoire se crispe et mes poignets de resserrement : la rage m'envahit encore et je me demande ce que je peux encore faire ici alors que ce lieu devient comme l’antre du diable à mes yeux. Je me retourne pour aller dans le garage et fouille les cartons. Après plus d'une dizaine de minutes à chercher dans les boîtes je trouve enfin une hache. Elle se trouvait dans une caisse avec d'autres objets comme des scies ou une tronçonneuse. C’est Malcolm qui utilisait souvent ce genre de chose. Il adorait construire. Et moi, aujourd'hui, maintenant, je veux tout détruire. Je repars dans la maison avec la hache, je la fais glisser entre mes doigts avant de me stopper en plein milieu du salon afin d'admirer une dernière fois ce beau tableau. Notre maison. Elle était belle, tout ce qu'on avait voulu s'approprier, tous nos rêves s’y trouvaient, tout ce qu’on aimait, tout l’amour qu’on voulait se donnait. Elle nous représente. Et là je réalise que je ne pourrais sans doute plus jamais supporter cet endroit tel qu’il est, et c'est alors que commence le c*****e. Mon beau tableau est mis en miette, la beauté angevine se transforme en un atroce miroir... Le mien. La hache rencontre chaque meuble que nous avons touché, comme arme briseuse de nos souvenirs, les coups sont forts, aussi poignants que cette atroce douleur qui me bloque le souffle, le bruit de la casse reflète parfaitement ce crie qui gronde en moi depuis déjà deux jours. Tout est en miette, cette maison, nos souvenirs, nos projets, moi. C’est comme si tout se devait d’éclater, comme si je n’avais le droit à plus rien. Après avoir pris soin de détruire chaque pièce, je me pose sur la première marche du haut des escaliers. Je regarde les éclats, et ce qui semblait à un avenir à deux au départ, mes mains tremblent, j’ai peur, mon cœur enfle, j’ai mal. « C'est moi qui ai tout payé. C'était pour nous deux. J'aurais tout donné pour toi... » Je souffle et fait tomber ma tête en arrière pour ne pas laisser de larmes couler. Une personne extérieure aurait pu penser, en me voyant soudainement éclater de rire, que j'étais folle ou quelque chose du genre. Mes mots étaient bas, parler de l’argent et de ce que je lui avais procuré, mais c’était une réalité, dans cette relation j’avais tout mis, ma fierté, mon argent et tout l’amour que je pouvais donner. Je n’avais jamais compté le temps perdu à des rendez-vous avec lui, parce que c’était lui, et quand ça n’allait pas financièrement pour moi, le fait de me dire que c’était pour nous était tout ce qui comptait. Et puis, alors que mes yeux commencent à se fermer, je me rappelle ce que j'avais voulu faire plus tôt. L'oublier. J'étais partie dans une sorte de club d'hôte et lorsque je m'étais retrouvée sur le lit avec un homme dont je ne connaissais même pas le nom, j'avais fui. J'avais fui et m'étais réfugié dans un parc, regardant les enfants jouer et rigoler et cette vision avait réussi à m’apaiser. Leur rire était comme un nouvel air, l’envie de croire que rien n’ait encore fini, j’ai eu envie de me demander combien de temps ? Encore combien de temps avant qu’ils ne commencent à souffrir de la vie et puis, l’un d’entre eux est tombé à terre en jouant avec un autre enfant, et s’est relevé sans pleurer, fier, comme si de rien été. Et je me suis demandée pourquoi ? Avant de réaliser que malheureusement dans ce monde, il y a des êtres qui commencent à souffrir bien trop tôt. J’ai soufflé de peine pour eux, et me suis relevée, parce que la vie m’attendait encore. Je tombe au sol, n'en pouvant plus. Et je me laisse aller au sommeil sans savoir quelle heure il est, je sais que bientôt cette douleur s’en ira, mais je ne peux rien faire pour le moment à par l’accepter, parce que je me connais. J’étais en train de rêver, d’un homme et d’une femme, un rêve où régnait surtout une atmosphère paisible, j’y étais presque bien, lorsque soudain Mon téléphone s’est mis à sonner. Alice. Je ne réponds pas au premier appel, pensant que ce n’est sans doute pour rien et qu’elle va sûrement me rappeler de soigner mes blessures où me demander si je vais bien et essaye de me rendormir, mais voyant qu'elle persiste, je finis par décrocher, irritée. « Halo. » je dis le ton grave et les sourcils froncés. « ... Elle pleurait. « Alice ? Qu'y a-t-il ? » je demande plus doucement en commençant à m’inquiéter. « Je... est-ce que vous pouvez venir me chercher ? » « Où es-tu ? » je demande sans réfléchir à ce qu’il se passe. « Devant le cimetière près du parc. Je sais plus comment il s'appelle. « Celui dans le quartier Scarval ? » J’essaye de me repérer. « Oui » elle renifle. « J'arrive. Ne bouge pas. » Je me lève, récupère mes clés et mon sac et vais dans la voiture pour me rendre au le cimetière. Que fait-elle dans un endroit pareil à ... 2h du matin ? Cette femme était vraiment étrange.
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