Chapter 4

2013 Words
Je crois que je suis au bord de l’apoplexie. Bah je suis en route pour l’hôpital, un bon point. Non mais qu’est-ce que je raconte ? Ça va pas bien dans ma tête ! – Une gamine de quatre ans vient d’arriver, elle a une méningite… – Et c’est mauvais ça ! Je ne suis peut-être pas médecin mais je sais que ce n’est pas bon. – Ne t’inquiète pas, je vais voir. De toute façon, de ce que je sais, ses parents ne sont pas des fous… ils ont dû l’amener aux premiers signes, ça va aller. – Oui, tu as raison… Cette fille a le don de me rassurer… je l’adore ! Je me calme instantanément. – Tu es là dans combien de temps ? Je regarde le compteur et j’appuie sur l’accélérateur. – Disons cinq minutes. Je la vois d’ici lever les yeux au ciel. – Bien. A tout à l’heure. – Merci encore Jenny. Nous raccrochons. Quelque chose comme six minutes trente plus tard, j’entre en trombe, mais avec grâce, évidemment, dans les urgences de l’hôpital… qui sont pratiquement vides. Bah encore heureux ! Je scanne rapidement les lieux et trouve Tom Walker ; madame Thompson est déjà présente et je pense que son mari doit être avec les médecins urgentistes… ce n’est pas son boulot puisqu’il est juste un des plus grands neurochirurgiens de la Côte Ouest mais bon… à moins qu’Héloïse se soit éclater le crâne ? Non non non je ne dois pas laisser libre cours à mon imagination trop fertile… de toute façon, je vais bientôt avoir ma réponse. Je m’approche d’eux d’un pas rapide et assuré et ils lèvent en même temps leur regard sur moi. Je vois Tom se détendre légèrement, comme si ma présence signifiait que tout allait bien se passer. Bah c’est vrai qu’en général, quand je me mêle des choses, elles tournent comme j’en ai envie. Mais mis à part ça, je ne suis pas tétue. Nooooooooooooooooooooooon. – Bonsoir… enfin, bonjour, je fais un peu incertaine. Monsieur Beresford m’a appelée et je me suis permis de venir. Madame Thompson me sourit, comme ma mère me sourirait. Cette femme est un ange de douceur. Comment peut-on être si gentil ? Elle m’a toujours légèrement intimidée à cause de ça. Sans oublier qu’elle est une femme magnifique d’une grâce et d’une prestance incroyables. J’ai toujours la désagréable impression d’être une petite gamine mal fagotée à ses côtés. – Vous avez bien fait mademoiselle Adams. Je lui souris et je me tourne vers Tom qui hoche la tête. – Veronica est avec Héloïse mais je n’ai pas pu y aller… seule la mère parce qu’elle est petite, pour la rassurer. – A quel stade en est la méningite ? Deux regards étonnés se posent sur moi mais je n’y prends pas garde. – Elle est juste déshydratée. Hier, la fièvre la tenait et elle a vomi toute la journée. Le médecin a dit que ce n’était qu’une gastro. Je fronce les sourcils. – Quel est le nom de cet imbécile qu’on le radie de l’ordre des médecins ? Même moi je sais que ce n’est pas la saison des gastro. Cela a le mérite de dérider un peu mon second patron. Alors que monsieur Beresford fait son entrée vêtu d’un jean bleu qui lui va à la perfection et d’une chemise noire qui lui va tout aussi bien, ses cheveux entre le châtain et le brun toujours indisciplinés, ses yeux bleus entre la topaze et l’apatite se posent sur ma personne. Je hoche la tête et il ferme une seconde les yeux. Je sais qu’il voulait savoir si la situation était désespérée. Je l’ai rassuré. Après tout, c’est mon travail non ? S’approche de nous une interne urgentiste et je lui souris. Jennifer me rend mon attention avant de se tourner vers le reste de la famille plutôt disparate de la petite Héloïse. – Monsieur Walker ? appelle-t-elle même si elle sait déjà parfaitement qui il est car elle a reconnu monsieur Beresford. Il s’approche d’elle, inquisiteur. – Comment va ma fille ? – Bien mieux monsieur. Je viens vous chercher pour rejoindre votre épouse. Le Docteur Thompson lui a trouvé une chambre et nous allons l’y transférer. La perfusion a joué son rôle et Héloïse pourra sortir dans quelques jours. Nous allons la garder par acquis de conscience mais tout devrait bien aller maintenant. – Je vous remercie. Jenny me fait alors un geste pour que je la suive également. Je sens les regards étonnés des autres alors que je suis ma meilleure amie avec monsieur Walker. Mais lui reste légèrement en retrait derrière Jenny et je me place à sa hauteur. – Elle va vraiment bien ? – Mais oui, ne t’inquiète pas. – Je suis soulagée. – Je sais ma chérie. La petite va être transférée dans la chambre 1099. – Pourquoi… – Demain midi, on va manger ensemble ? – Si tu veux… – Mais si tu ne peux pas, je comprendrais que… – Mais non, je ris, calme-toi Jenny. Je viendrai. On ira dans notre petit resto ! Son regard s’illumine. Nous sommes amies depuis la primaire. Et je crois que nous avons toujours su ce que nous ferions de nos vies. Nos rêves d’enfant se sont faits plus pragmatiques mais nous n’avons pas changé d’idée. Bon, en fait, pour être exact, je voulais devenir ballerine quand j’étais petite… mais ma mère m’a mise au karaté… pas tout à fait pareil ! Et j’ai lu le livre « Love Story »… et l’idée de rencontrer un Preppy m’a amusée, je devais entrer dans l’Ivy League. Enfin, tout cela n’a aucune importance au final. Ce que je ne regretterai jamais, c’est que nous sommes ensemble. Jenny et moi. Plus tard dans la journée, je suis à mon bureau au siège social de la société et mes yeux se ferment tous seuls. Café, il me faut un café. J’appuie sur le téléphone qui se trouve à côté de mon ordinateur en décrochant. – Oui ? me fait Pamela avec un sourire dans la voix. – Tu veux être un ange et m’apporter un café s’il te plaît ? – Des nouvelles de la fille de monsieur Walker ? Comment est-ce que tout le monde est déjà au courant ? Je n’en ai pas la moindre idée, mais tout le monde savait et ce depuis que je suis arrivée il y a deux heures. – Non, donc tout doit bien aller. – Je te l’apporte tout de suite. – Merci Pam. Je raccroche. Ouiiiiiiiii un vrai café ! Un vrai café qu’elle m’apporte quelques minutes à peine après dans mon bureau avec un muffin au chocolat et aux pépites de chocolat. Dieu, en fait cette fille est une perle ! – Tu viens de devenir ma nouvelle meilleure amie ! je fais avec vénération. J’ai super faim en fait. Elle rit, je crois qu’elle se moque de moi. – Je ne pense pas que Jenny et Joyce soient d’accord. Pfff, si elle prend tout ce que je dis au premier degré aussi. Au milieu de l’après-midi, Beresford entre dans mon bureau. Tiens, depuis quand est-il là lui ? Appuyé au chambranle de la porte, il a les bras croisés et me regarde. – Oui ? – Venez, nous partons. Je hausse un sourcil perplexe. – Pour où ? Il éclate de rire. – Je n’en sais rien mais on s’en va. L’imbécile. – Monsieur, j’ai du travail, vous avez du travail… – Adams, vous m’agacez, levez vos fesses et prenez vos affaires. Vous ne remettrez pas les pieds ici avant lundi matin. Je soupire, encore. Quand il est comme ça, je ne peux rien faire. Je lève mon regard et plonge dans ses yeux. Je prépare rapidement mes affaires et le suis. Lorsque je sors enfin, il tape dans ses mains, un grand sourire aux lèvres. – Ha bah quand même ! – Non mais sérieusement monsieur, où allons-nous ? Il me jette un bref coup d’œil avant de sortir. La voiture l’attend devant. Sam en sort et je lui souris alors qu’il passe les clefs à mon patron. Ha, aujourd’hui c’était la Lykan de Wolf Motors, j’aime cette voiture, même si elle est hyper masculine, la conduire est un plaisir. Oui, j’ai eu le plaisir de la conduire un soir où il était bourré à la limite du coma. Sinon, évidemment qu’il ne m’aurait jamais laissée approcher sa voiture. Un petit bijou de presque cinq millions de dollars quand même… – Sam, ramène les affaires d’Adams chez moi avec sa voiture, elle pourra rentrer chez elle directement après. Mais qu’est-ce que c’est encore que ce traquenard ? Sam se tourne vers moi et attend que je lui donne mes affaires. Je crois que je soupire pour la millième fois de la journée, je jette un regard à mon patron qui commence à s’impatienter et je fais ce qu’il attend de moi. Je donne à Sam avec une expression contrite mes affaires c’est-à-dire ma sacoche avec mon ordinateur et quelques papiers importants ainsi que mes clefs de voiture. – Merci mademoiselle. – Bon après-midi Sam et merci. – Je vous en prie. Monsieur, puis-je faire quelque chose d’autre ? – Non merci. Allons-y Adams, me fait-il en m’indiquant la voiture. Et il m’ouvre la portière passager pour que je m’installe. Je suis une seconde interloquée, les manières de gentleman de Beresford à mon égard ont le don de franchement me surprendre. J’ai tellement l’habitude soit qu’il me traite en égal, soit qu’il m’ignore complètement que ce genre d’attention atteint mon cœur. Je m’assieds et il ferme la portière avant de se placer derrière le volant. Il démarre rapidement et bientôt roule avec fluidité dans les rues de Los Angeles. – Bien, maintenant allez-vous me dire où nous allons ? Il me lance un regard blasé et soupire à son tour. Ha tiens, à son tour. – Je voulais acheter un cadeau pour Héloïse. – Pardon ? je m’étonne. – Oui… Je le sens tout à coup incertain et mal à l’aise. Sérieusement ?! – … elle est malade et elle est ma filleule, je l’aime beaucoup et ça ne doit pas être amusant de rester à l’hôpital… Il s’arrête et me jette un coup d’œil avant de replacer son attention sur la route. Je dois avouer que je le dévisage sans vergogne tant je suis étonnée. Je dois même avoir la bouche ouverte. – Ce n’est pas une bonne idée ? marmonne-t-il finalement. Je retrouve mes esprits et mes sens. Cet homme ne cessera jamais de me surprendre. Et dire que je pense le connaître par cœur. Prétention de ma part. Il arrive encore à être imprévisible. P’têtre qu’il est bipolaire. – Au contraire, c’est une excellente idée. Cette fois, il me jette un air surpris. – Vraiment ? – Evidemment. Héloïse en sera ravie. Mais pourquoi avoir tenu à ce que je vienne ? Cette fois il a clairement l’air surpris et presque… offensé. – A qui donc pouvais-je demander de m’aider ? Vous êtes toujours là. Oui, évidemment, vu comme ça. Un peu plus tard, dans un grand magasin de jouets où j’ai eu la bonne idée de lâcher un gamin de six ans format adulte avec une carte bleue illimitée. Faut vraiment que j’apprenne à réfléchir. Beresford court dans tous les sens, passant d’une rangée à l’autre, d’un jeu à l’autre, des étoiles plein les yeux, ou alors il critique en marmonnant sur la fabrication ou je ne sais quoi. J’ai abandonné voilà bien dix minutes et je me contente d’attendre au milieu du magasin, à le surveiller de loin, mon téléphone en main pour ne pas perdre contact avec la réalité – ce qui me semble assez paradoxal d’ailleurs. Un vendeur s’approche de moi, inquiet. – Je peux faire quelque chose pour vous madame ? Je quitte Beresford du regard, il est au milieu des jeux vidéo (les hommes, tous les mêmes !), une dizaine de boîtes en main. Je vois dans le regard du vendeur qu’il sait qui est Beresford. Moi il ne me connaît sûrement pas mais il a compris que je suis… la nourrice. – Bonjour, non je ne pense pas pour le moment, mais ne vous inquiétez pas j’ai l’impression qu’il va faire votre chiffre d’affaire semestriel. Le vendeur m’offre un sourire crispé avant de s’éloigner non sans un regard pour mon patron. Je soupire. Ouais, bah je ne suis pas encore sortie. – Adams ! Je sursaute, je ne l’ai pas vu arriver. – Oui ? je soupire. Il faut vraiment que je perde cette habitude de soupirer. – Pensez-vous que ça lui plaira ? Et il me montre des jeux pour la plupart interdits aux mineurs. Je me frappe le front avec la paume de ma main. Rassure-moi et dis-moi qu’il n’est pas sérieux ?! – Vous plaisantez ? – Bah… non pourquoi ? – Monsieur Beresford, je lui fais d’une voix que je sens un peu moralisatrice. Héloïse est une FILLE et elle a QUATRE ans. Si vous voulez la traumatiser à vie, oui prenez-lui ceci… sinon tournez-vous déjà plutôt vers le rayon fille, voire même allons demander à un vendeur ce qu’il en pense. Il me fait une moue déçue. – Bah alors je les prends pour moi. Je lève discrètement les yeux au ciel. Oye. Heureusement qu’il n’est pas marié finalement. J’aurais sans doute moins de travail mais elle aurait certainement déjà demandé le divorce… ouais k*f-k*f en fait. – Je prends quoi alors ? Avec un soupir qui marque mon désespoir et mon agacement, je lui fais signe de me suivre alors que je le dirige vers un autre endroit du magasin, beaucoup plus adéquat pour Héloïse. Et finalement nous repartons avec une Barbie – comme je le lui ai conseillé – et une immense maison de poupée rose – magnifique au demeurant.
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