19 Nous arrivâmes un soir à Grigau. J’avais laissé parler Roberjack. J’avais toujours pensé que son désir de nous amener chez le beau-frère de sa sœur finirait par passer pour une idée fixe. Mais Roberjack, sans rien dire, nous y avait conduits. Et voilà que, tout à coup, ce danger lointain, que je croyais avoir tout le temps d’éviter, était présent. Nous allions, pour la première fois, remettre notre sort entre les mains de gens que nous ne connaissions pas. Ce qui m’inquiétait, c’était que Roberjack, pour nous mettre en confiance, nous avait laissé entendre que ces riches fermiers auxquels il était vaguement apparenté, avaient déjà aidé d’autres évadés. Ils devaient donc être surveillés. Il me paraissait par ailleurs bizarre qu’ils acceptassent ainsi des risques pour des inconnus. Mes

