Mon visage étant très expressif, je ne pus cacher ma surprise et ma peur. Et si quelqu’un l’avait vu entrer et était aller le rapporter au proviseur ou à Corinne ?
Nelly le laissa entrer avant d’enfiler son manteau favori et de claquer la porte derrière elle. Comment avait-elle osé me faire une chose pareille ? Et s’il se jetait sur moi ? Et si quelqu’un le photographiait devant ma porte et l’envoyait à mes parents ?
-ADAMS : C’est moi qui te mets dans cet état ?
-MOI : Adams tu n’as pas le droit d’être ici. Tu risques de me faire perdre ma bourse. STP, vas t’en !
-ADAMS : En quoi est ce que ma présence peut te faire perdre ta bourse ? Je n’y comprends rien.
-MOI : M. Garner m’a clairement fait comprendre que je devais cesser toute forme de communication avec toi, au risque de perdre ma bourse et ça, je ne peux pas me le permettre. Je ne suis pas la fille d’un richissime homme d’affaire comme vous et mon père n’a pas les moyens de faire d’importantes donations à l’école.
Adams avait l’air en colère et devint rouge comme une tomate. Je crois qu’il avait compris que sa tendre et chère petite copine était à l’origine de tout cela. Il resta muet puis se dirigea immédiatement vers la porte. J’espère tout simplement qu’il ne comptait rien dire ou faire à Corinne. Je me cachai discrètement derrière ma fenêtre afin d’en savoir plus. Corinne était assise dans la cour avec ses deux amies ; Elles parlaient et rigolaient. Je vis Adams venir jusqu’à elle, la tirer par le bras et lui parler. Je n’aurai rien dû lui dire. Mais à quoi avais-je pensé ? J’allais encore plus m’attirer d’ennuis. Qu’allai-je faire ?
Je ne vis plus Adams. Je le cherchai partout mais il avait disparu des radars. Je faisais les cent pas dans la chambre. Comment Corine réagira-t-elle après ce qui venait de se passer ?
On frappa à nouveau à la porte. Qui cela pouvait-être ? Corinne et ses amies, venues me déclarer la guerre ou me régler mon compte? J’ouvris et me trouva nez à nez avec Adams. Encore ? Ce fut la première chose à laquelle je pensais.
-MOI : Adams que fais-tu encore ici ?
-ADAMS : J’ai parlé à Corine. Elle m’a promis de ne plus te causer de problèmes.
-MOI : Mais décidément, tu ne fais que m’attirer des problèmes toi ! Je m’en sortais très bien avant de faire ta connaissance. Je sais qu’elle raconte des bobards et qu’elle doit être encore plus en colère contre moi.
-ADAMS : Je ne comprends pas ton attitude, je ne veux qu’une chose c’est t’aider.
-MOI : En essayant de m’aider, tu ne fais qu’aggraver la situation encore plus. Écoutes Adams, je sais que tu es quelqu’un de bien mais nous ne pouvons pas être ami.
-ADAMS : Si, nous pouvons l’être. Je peux régler cette histoire avec le proviseur. Ce n’est pas un problème. Je ne sais pas pourquoi tu me rejettes. Nous sommes amis et ce n’est pas ma débile petite amie qui va empêcher ça. A la base, j’étais venu te voir afin que l’on puisse discuter de la manière dont nous allons aborder l’exercice d’histoire géo que nous sommes censés faire ensemble. Il faut que l’on fasse le maximum pour avoir une excellente note.
Je ne savais pas quoi lui répondre. A chaque fois que je pense qu’il va partir en courant, il agit de manière diamétralement opposée. Il avait raison après tout. Nous avons du travail ensemble, sur ce point. Cependant, il fallait que je le recadre :
-MOI : Va m’attendre dans la bibliothèque stp. Nous ne pouvons pas rester seuls dans cette chambre. Ce n’est pas correct.
Adams sortit donc de ma chambre puis se rendit à la bibliothèque de l’école. Si faire ce travail avec lui me permettait de me débarrasser de lui au plus vite, je m’y mettrai immédiatement. La première étape était de choisir le monument historique ou une histoire.
J’attendis dix minutes pour aller le rejoindre. Il avait choisi une table vide. Il y avait également d’autres camarades qui étaient sur place. Adams me regardait fixement comme pour essayer de deviner ce à quoi je pensais en ce moment même.
-ADAMS : Alors, as-tu déjà une idée du sujet que tu veux aborder ?
-MOI : Oui. C’est un sujet qui me tient beaucoup à cœur, un monument plutôt devrai-je dire.
-ADAMS : Ah oui ? lequel ?
-MOI : La maison des esclaves de l’île de Gorée.
J’en profitai pour lui montrer des photos afin d’accompagner le résumé que j’étais en train de lui faire. Il était gêné, je le sentais. Mais il était important pour moi de raconter l’histoire de nos grands-parents. J’avais bien fait d’ailleurs car Adams n’en avait jamais entendu. Il savait juste que l’esclavage avait existé mais sans plus. Après avoir bien avancé sur notre devoir, Adams me dit :
-ADAMS : Je voudrai en savoir plus sur ton voile, sur ta vie. J’aimerai plus te connaitre. Je vais commencer par te parler de moi. Je n’aime pas trop parler de mes parents parce que c’est comme si c’était pour me vanter. J’ai un grand-frère, Alexis. C’est le chouchou de mes parents car c’est le fils « parfait ». C’est celui qui ne tient jamais tête à mes parents. Il a fait les études qu’ils voulaient, il a épousé la fille qu’ils lui ont choisi. Et pour couronner le tout, contrairement à ce que j’ambitionne de faire, il a rejoint l’entreprise familiale en tant DG adjoint. Je n’ai pas de très bons rapports avec mes parents car je suis l’enfant rebelle. J’ai horreur que l’on me dicte ma conduite. Sinon, mes passions sont les jeux vidéo, le cinéma, et le voyage. Voilà c’est à peu près tout ce qu’il y a à savoir sur moi.
-MOI : Et Corinne dans tout cela ?
-ADAMS : Il est bien vrai que ce sont nos parents qui se sont arrangés pour que l’on se mette ensemble, mais à la base, c’est parce qu’elle me plaisait que j’ai accepté de sortir avec elle.
-MOI : Excuse ce qui va suivre, mais je suis du genre direct. Je n’ai rien contre Corinne, mais je n’ai eu que des échos négatives sur sa personne alors j’ai du mal à comprendre comment quelqu’un de si gentil que toi fait avec une fille pareille.
-ADAMS (amusé) : On me pose sans cesse la question. Nous sortons ensemble depuis des années et elle n’a pas toujours été comme ça. Je ne sais pas pourquoi elle s’est transformée ainsi. A chaque fois qu’elle a une attitude exagérée, je ne manque pas de lui faire des reproches.
-MOI : Ok je vois.
-ADAMS : C’est à ton tour maintenant.
-MOI : Je porte le voile parce que je suis m*******e et mes parents me l’ont imposé dès mon plus jeune âge. Je suis l’aînée et j’ai deux petites sœurs. Mes parents ne sont pas aussi riches que les tiens, mais nous ne sommes pas pour autant pauvres. Mon père est commerçant et ma mère est femme au foyer. Je te comprends un peu quand tu parles des tiens qui veulent contrôler ton existence car mon père est ainsi. Je suis fiancée à un de mes cousins pour qui je ne ressens absolument rien et tout cela parce que mon père et sa sœur l’ont décidé.
-ADAMS (choqué) : Tu es sérieuse là ? Mais ils n’ont pas le droit de te forcer à épouser quelqu’un que tu n’aimes pas.
-MOI : Je n’ai malheureusement pas mon mot à dire. C’est comme ça.
-ADAMS : C’est compliqué tout cela.
-MOI : Oui mais pour le moment, je préfère ne même pas y penser et me concentrer sur mes études. Ce voyage est pour moi un cadeau du ciel. Et je me sens vraiment épanouie depuis que je suis ici alors c’est tout ce qui compte.
-ADAMS : Il y a des merveilles ici. Demandes à Nelly de te les faire découvrir. Il faut essayer de sortir des quatre murs de ta chambre et profiter légèrement de ta nouvelle vie.
-MOI : Je vais essayer.
-ADAMS : Ce fut un plaisir de discuter avec toi mais là faut que j’y aille. C’est l’anniversaire de ma mère et elle organise un dîner avec des amis de la famille et leurs enfants.
-MOI : Ok, moi je vais rester bouquiner un peu. A demain In shA Allah.
Je restai lire à la bibliothèque pendant une heure environ avant de retourner dans ma chambre afin de pouvoir téléphoner à ma famille et à mes meilleures amies. Nelly n’était toujours pas de retour. Je pris une bonne douche puis commença d’abord par appeler mon père :
-MOI : Bonsoir papa. Comment vas-tu ?
-PAPA : Bonsoir Zainab. Je vais bien Alhamdoulilah et toi ?
-MOI : Je vais bien aussi Mashallah.
-PAPA : J’espère que tu pries et que tu n’as pas oublié tous les conseils que je t’ai donné avant que tu ne partes ?
-MOI : Bien sûr que je prie baba. Non je n’ai pas oublié tes conseils. Peux-tu me passer maman stp ?
-PAPA : OK. Garde la ligne.
J’entendis les pas de ma mère. Elle devait sûrement être dans la cuisine, son univers.
-MAMAN : Bonjour ma chérie. Comment vas-tu ?
-MOI : Bien maman et toi ?
-MAMAN : Alhamdoulilah, comme d’habitude rek. On est là.
-MOI : Dieu vous garde maman. Je vais téléphoner aux filles. Gros bisous.
-MAMAN : Dieu te garde aussi ma fille, bisous.
Je fis une conf call et rajouta mes sœurs. Elles me manquaient tellement. Elles ont une de ses joies de vivre contagieuse :
-Aïcha et Fatima : Zaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, enfin.
-MOI : Salut mes puces. Vous me manquez beaucoup. Comment allez-vous ?
Aïcha parla d’abord la première :
-AÏCHA : ça va. On est là, dans notre éternelle routine et à imaginer comment est le Canada.
-FATIMA : Parles nous de ton école stp.
-MOI : C’est une très belle et grande école. Et comme je vous avais dit, je partage ma chambre, avec Nelly, une canadienne d’origine ivoirienne. Elle est très gentille.
-AÏCHA ET FATIMA : Et il y a-t-il de beaux gosses ?
-MOI : Et vous êtes folles ou quoi ? Et c’est papa vous entendez ?
-AÏCHA ET FATIMA : Nous n’avons rien fait de mal à part poser une question lol.
Je me mis alors de leur parler du seul garçon que moi j’avais remarqué : Adams. Je me rendis compte que je n’avais pas vraiment fait attention aux autres garçons de l’école. Elles me posèrent des tonnes de questions sur Adams et me demandèrent même une photo de lui. Je leur dis que je n’avais pas son numéro de téléphone alors elles me demandèrent de le chercher sur f*******: et de leur envoyer une photo ensuite. Elles venaient de me donner une idée. Pourquoi n’avais-je pas pensé à le chercher sur les réseaux sociaux, histoire de l’espionner un peu. Je dis au revoir à mes sœurs, puis me fit un sandwich avant de pouvoir m’y mettre.
Mettez-vous à l’aise car la recherche risque d’être longue.