*A Dakar, un an plus tôt.
Bon avant d’aller plus loin, je pense qu’une présentation d’Oumy s’impose.
C’était une camarade de classe d’Abdallah et de Moussa. Mais elle était beaucoup plus proche d’Abdallah. Plus le temps passait, plus ils devenaient inséparables. C’est de là qu’Oumy finit par tomber amoureuse de lui ; Ne savant pas quoi faire et ne voulant pas gâcher son amitié avec Abdallah, elle se confia alors à Moussa. Elle lui avoua qu’elle avait des sentiments pour lui et tout mais qu’elle ignorait si c’était réciproque ou non. Moussa qui adorait jouer à l’entremetteur, en parla à son ami qui, à sa grande surprise, lui dit que c’était réciproque mais qu’il avait peur d’avouer sa flamme au risque de perdre sa plus grande amie.
Abdallah et Oumy se parlaient tous les jours au téléphone, ils se voyaient même en dehors des cours. Cependant, il n’osait toujours pas la draguer. Un jour, alors que sa mère était allée déjeuner chez son frère, Abdallah invita Oumy afin d’enfin se lancer. Il attendit après avoir pris le dessert se jeter à l’eau après plusieurs répétitions de son discours :
-ABDALLAH : Je ne sais même pas par où commencer car courtiser une femme ce n’est pas mon truc. Je ressens vraiment quelque chose pour toi et je veux que l’on se donne une chance.
Oumy avait tant attendu ce moment. Elle le fixa avec amour puis lui répondit :
-OUMY : Je sais que Moussa t’a parlé car je ne suis pas dupe, mais je m’en moque et je suis d’accord pour que l’on se donne une chance.
Oumy se rapprocha d’Abdallah et se coucha sur son épaule. Leur petit moment d’intimité ne dura que le temps d’une rose. Vous imaginez déjà la suite ?
Tata Nabou débarqua au salon et gâcha tout :
-TATA NABOU : Mais que se passe-t-il ici ? Non mais je rêve. Lève-toi des épaules de mon fils. C’est une propriété privée.
-ABDALLAH : Maman calmes toi STP. Tu ne reconnais pas Oumy, ma camarade de classe ?
-TATA NABOU : Non ! Je ne la connais pas ! J’aimerai savoir pourquoi elle est couchée sur ton épaule. Mon fils ne t’a pas dit que depuis qu’il a poussé son premier cri, il est marié à sa cousine ? Va donc aider ta mère dans la cuisine au lieu de venir pervertir mon fils. Sors de chez moi !
Oumy avait les larmes aux yeux. Elle attendait qu’Abdallah prenne sa défense et dise quelque chose mais rien. Il resta là inerte à écouter sa mère déboulait des méchancetés sur elle. Elle prit alors son sac et regagna la sortie en larmes.
Une fois dehors, elle téléphona à Moussa.
-MOUSSA : Hum, c’est maintenant que tu m’appelles. Vous vous la couliez douce quoi.
Il comprenait difficilement ce qu’elle disait puisqu’elle pleurait. Il essaya de la calmer afin de comprendre ce qui venait de se passer. Elle reprit son souffle et lui expliqua ce qui venait de se passer :
-OUMY : Moussa, je ne veux plus jamais entendre parler d’Abdallah. Je ne veux pas d’un homme comme ça dans ma vie.
-MOUSSA : Mais Oumy, que se passe-t-il ?
-OUMY : Nous étions tranquillement assis au salon, et j’étais allongée sur son épaule. Il me caressait les cheveux et elle a déboulé de nulle part en me traitant de tous les noms d’oiseau et me disant qu’il a déjà une femme depuis la naissance.
-MOUSSA : Ok et que lui a dit Abdallah ?
-OUMY : Rien, tu m’entends ? Il est resté là à écouter sa mère profaner toutes sortes d’injures à mon encontre. Figure-toi qu’il ne m’a même pas raccompagnée. J’ai dû trouver la sortie toute seule en catastrophe de peur que sa mère ne m’é****e.
-MOUSSA (en colère) : Oumy je suis sincèrement désolé. Je vais régler ça avec lui.
-OUMY : De toutes les manières, notre histoire d’amour a fini comme elle a commencé. Je ne veux plus de lui que ce soit comme ami ou petit ami.
-MOUSSA : Ne dis pas ça stp. Tu es juste en colère. On reparlera de tout cela quand tu seras plus posée.
-OUMY : Moussa je ne rigole pas et je ne parle pas sous l’effet de la colère. Je ne veux plus rien avoir à faire avec Abdallah. Il n’a qu’à rester dans les jupons de sa mère. Je te laisse, je dois marchander un taxi. A plus tard.
Moussa était très remonté contre son pote. Cela faisait des mois qu’ils avaient préparé ce rencart, et il venait de tout foutre en l’air en laissant sa mère s’immiscer dans ses affaires.
Il préféra attendre le lendemain à l’école pour sermonner son ami. Moussa avait essayé de téléphoner Oumy plusieurs fois mais elle ne décrochait pas. Il lui avait même envoyé un message pour lui demander pardon. Mais Oumy n’avait pas répondu. Il se dit que c’était normal qu’elle soit en colère et que les choses reviendront à la normal sûrement demain. Il se trompait royalement, mais ça il l’ignorait…
Le lendemain matin une fois à l’école, Moussa s’empressa de reprocher à son ami ce qui s’était passé hier avec Oumy :
-MOUSSA : Tu as vraiment déconné hier. Abdallah tu es un homme, tu dois apprendre à te défendre face à ta mère.
-ABDALLAH : J’ai paniqué lorsque je l’ai vu entrer. Je ne savais plus comment réagir et j’ai à peine réalisé ce qui s’était passé qu’Oumy avait disparu.
-MOUSSA : J’ai eu beaucoup de peine pour elle hier. Tu aurais dû faire comprendre à ta mère que c’est elle que tu aimes. Elle t’en aurait voulu mais elle aurait fini par l’accepter. Pourquoi crois-tu qu’elle se permet de faire n’importe quoi ? C’est parce qu’elle sait que tu es incapable de riposter ! Tiens voilà Oumy.
Oumy vint vers eux, fit la bise à Moussa, le taquina vite fait avant de s’en aller. Elle ignora Abdallah. Et ce fut ainsi jusqu’au moment où je vous parle…
*Dans la Résidence de Zainab, au Canada.
Contrairement à la veille, c’est Nelly qui me réveilla. A ma grande surprise, nous n’étions pas encore en retard. Je pris une bonne douche chaude et prit le temps de choisir quoi mettre. Nelly continuait à manifester son intérêt à assister à la fête d’anniversaire d’Adams, c’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle m’avait réveillée avant que mon réveil ne sonne.
Etant donné qu’elle savait qu’elle n’arriverait pas à me convaincre d’y aller, elle voulait que je demande à Adams si c’était possible qu’elle vienne avec son copain ; Mais cela me gênait.
A ma descente des cours, je téléphonerai à mes parents, mes sœurs ainsi que mes meilleures amies. Ce n’est pas très évident avec le décalage horaire, mais ça mon père ne le comprenait pas. Si je manque de lui téléphoner, il me ferait mettre dans le premier avion et me ferait rapatrier. J’avais un appel en absence de mon soi-disant futur mari. Je parie que c’est encore un ordre de sa tendre maman. Je ne compte pas le rappeler. Contrairement à lui, moi mes parents ne me dictent pas la conduite à adopter face à lui. Ils sont ok pour le mariage, et ils croient que nous sommes assez grands pour gérer notre « relation » tout seuls.
Nelly et moi étions fin prêtes. Nous arrivâmes en avance dans la classe. Alors que Nelly et moi étions en train de discuter, j’entendis l’interphone émettre un son avant qu’une voix ne dise :
-VOIX INTERPHONE : Mlle Zena TALL est demandée dans le bureau du proviseur. Merci !
Décidément, il va falloir que je m’habitue au fait que mon prénom soit massacré. Je fus prise de panique. Que me voulait le proviseur. Nelly m ‘expliqua que c’était tout à fait normal étant donné que j’étais nouvelle. J’ai vraiment hâte de ne plus être la nouvelle. Ça soule à la fin.
On m’expliqua le bureau du proviseur. Il y avait pleins d’élèves assis sur un banc devant sa porte. L’un d’eux me regarda avec le sourire avant de me dire :
-L’ELEVE : Quelle bêtise as-tu faite ? Moi j’ai imité la signature de mon père. Dingue hein ?
Je le regardai avec des yeux bizarres. Il n’y a pas de quoi s’en vanter. Je n’étais pas là pour une faute commise, en tout cas, c’est ce que je croyais. Peu de temps après, le proviseur M. Garner vint me chercher. Il me demanda de m’assoir. Il avait mon dernier bulletin de note à la main, ainsi que mon attestation de bourse. Je commençai sincèrement à flipper.
M. GARNER : Mlle Tall, j’aimerai un peu vous expliquer comment cet établissement fonctionne : depuis des années maintenant, nous avons de généreux donateurs dont les parents de Corine, qui nous permettent de rester debout sinon l’’école aurait fermé ses portes depuis. Nous existons depuis des décennies maintenant et nous ne voulons pas que cela change. Je suis très impressionné par vos excellents résultats et j’espère que vous les maintiendrez ainsi. Cependant, je me permets de vous rappeler que contrairement aux autres élèves, vous êtes boursières. Et au moindre faux pas, elle vous sera immédiatement retirée. Si vous ne voulez pas que cela arrive, je vous exhorte à vous tenir éloignée de M. Adams. Je n’aimerai pas que vous nous quittiez avant d’avoir obtenu vos diplômes, si vous voyiez ce que je veux dire. Ce sera tout mademoiselle. J’espère que je me suis largement fait comprendre.
Je remuai juste la tête en guise de réponse. Cette fois-ci, Corinne était allée trop loin. Aller parler au proviseur comme si j’entretenais une quelconque relation avec Adams mais encore de faire en sorte que je puisse perdre ma bourse ? mais c’est un cauchemar. C’est Adams qui est venu vers moi dès le début et pas l’inverse alors en quoi suis-je fautive ?
Tout cela n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Désormais, je fuirai Adams comme la peste. Je l’aime bien mais je tiens encore plus à mon avenir. Je retournai en classe dégoutée que l’argent ait encore le pouvoir de faire passer une victime pour une coupable. Dans quel monde sommes-nous ?
Je regagnai ma place en silence puis suivit tranquillement le cours. C’était un cours d’histoire et il était dispensé par Mlle Juliette Fourvet ; Une française qui s’était installée au Canada. Elle avait l’air super gentille. A la fin du cours, elle nous parla d’un travail que nous devrions faire par groupe de deux. Afin d’éviter que les gens travaillent ensemble par affinité elle décida de tirer au sort :
-Mlle FOURVET : Bon je vous explique un peu le concept. Vous choisirez ensemble une histoire ou un lieu historique qui vous a marqué. Vous ferez des recherches ensemble puis ferez une présentation. La note obtenue sera celle de votre contrôle du premier semestre. Bon c’est le moment de faire le tirage.
Elle commença à citer des noms. Afin de mettre des noms, sur les visages, je les suivais tous du regard. Quand vient le tour de nommer mon binôme, elle appela Adams. Vous vous imaginez ? comment étais-je censée rester à l’écart des problèmes, si tout me rapprochait de lui.
Je me retournai pour voir la tête de Corinne et elle était verte de jalousie. Elle leva alors la main pour demander la parole :
-CORINNE : Mlle Fourvet, puis je échanger de partenaire avec Zainab SVP ? Son voile ne lui permet pas de travailler avec les hommes. N’est-ce pas Zainab ?
Mlle Fourvet braqua ses radars sur moi, comme pour me dire qu’elle attendait ma réponse :
-ZAINAB : Oui Madame, c’est vrai.
-MLLE FOURVET : Pour commencer c’est Mlle et non Mme, et pour finir, vous ferez ce travail avec Adams un point c’est tout. Bonne fin de journée et à demain.
Je ne voulais surtout pas qu’Adams vienne m’aborder, alors qu’il rangeait ses affaires, je m’empressai de sortir de la classe. Nelly criait mon nom derrière mais je fis mine de ne pas l’entendre pour ne pas avoir à me retourner. C’était la pause alors je fonçai à la résidence. Nelly m’avait suivie :
-NELLY : Mais que t’arrive-t-il ? tu me fais la tête, je n’ai pas cessé de t’appeler.
-ZAINAB : Je fuyais Adams. Le procureur m’a menacé de me reprendre ma bourse si je ne restais pas loin de lui.
-NELLY : C’est quoi ce bordel ? Tu rigoles ?
-MOI : Non donc je préfère rester loin de lui.
-ZAINAB : Comment vas-tu faire avec le projet du cours d’histoire dans ce cas ?
-MOI : J’en ai aucune idée. Je me sens prise au piège.
Nous fûmes interrompus quand nous entendirent que quelqu’un frappait à la porte. Nelly se leva puis ouvrit : c’était Adams. Il se tenait là devant le seuil de la porte.
Dieu me testait ou quoi ? même quand je le fuis, il vient à moi !