Je me réveillai brusquement et regarda mon portable et sursauta dès que je vis quelle l’heure il faisait. Figurez-vous que nous étions en retard pour notre tout premier jour de cours.
Prise de panique, je me dirigeai vers le lit de Nelly:
- MOI : Nelly, réveilles toi ! Nous sommes en retard. Oh mon Dieu ! Mes parents me tueraient s’ils savaient que je suis en retard à un cours.
Sans pour autant attendre la réponse de Nelly, je filai sous la douche avant d’enfiler n’importe quoi. Nelly alla se verser de l’eau. Elle n’avait pas l’air aussi angoissée que moi. Je n’arrêtai pas de la supplier de faire vite. Elle finit par mettre n’importe quoi uniquement pour que je cesse de lui mettre la pression.
- NELLY : Alors toi quand tu veux quelque chose, tu n’abandonnes pas hein. Si tu connaissais M. Thomson, tu ne serais pas aussi pressée crois-moi. Et puis détends-toi STP. Tes parents sont à des kilomètres d’ici. Ils ne pourront jamais savoir ce qui se passe ici. RELAX ma belle.
- MOI : Peu importe, nous avons déjà quarante-cinq minutes de retard.
- NELLY : Calmes toi stp, nous sommes arrivées. Nous logeons dans l’école, rappelles toi.
La porte de la classe était déjà fermée. Nous frappâmes puis entrèrent. Moi qui avait imaginé que je passerai inaperçue, mais c’était raté. Tous les regards se braquèrent une fois de plus sur moi. Le prof m’interpella alors que j’essayais de trouver une place.
- M. Thomson : Mademoiselle où comptez-vous allez comme ça ? Vous êtes la nouvelle à ce que je vois. Veuillez-vous présenter avant de vous assoir svp.
Mince alors. Je n’avais pas prévu cela. Il me demandait de faire ce que je détestais le plus : parler en public. Je ne pouvais y échapper, cette fois. Je sentais qu’il commençait sincèrement à s’impatienter alors je pris sur moi puis dit timidement :
- MOI : Je m’appelle Zainab Tall et je viens du Sénégal.
- M. Thomson : Et c’est tout ?
- MOI : Oui c’est tout.
- M. Thomson : Ok, merci. Allez-vous assoir.
Nelly avait déjà une voisine alors je dus trouver immédiatement une autre place ; Je vis Adams qui me fit signe de m’assoir juste derrière lui car il n’y avait personne. Je le fis sans même penser aux conséquences et quand je parle de conséquences, je nomme Corinne.
M. Thomson attendit que je sois bien assise pour prendre la parole :
- M. Thomson : Mlle TALL, étant donné que vous êtes la seule qui ne me connaissait pas, je me présente. Je suis M. Thomson, votre professeur de développement personnel. Je fais partie des profs les moins appréciés de cet établissement mais croyez-moi, je m’en fou royalement. Si vous travaillez bien, nous serons de bons amis, dans le cas contraire, je ferai de votre passage ici, un enfer. Si vous voulez plus de détails, référez-vous à vos camarades qui ont dû redoubler, ils vous en diront plus. Le programme de cette année est sur la table. Si vous avez des questions ou autres interrogations, mes coordonnées figurent au dos de la feuille (mail et téléphone). Vous êtes venus en retard donc vous allez répondre à la question suivante SVP : « A quoi servent les techniques de « développement personnel » ?
- MOI : Elles permettent l’exploitation de tous les potentiels de la personne allant des qualités aux talents. Ainsi, cela incite l'individu à réaliser ses rêves, à atteindre ses objectifs, et à accéder à une meilleure qualité de vie.
- M. Thomson : Très bonne réponse Mlle Tall. Je suis très impressionné. Je sens que nous allons bien nous entendre.
Un sentiment de fierté m’envahit. Il faut avouer que j’avais pris la peine de faire des recherches très poussées de toutes les matières dispensées cette année afin d’éviter de mauvaises surprises. Alors que toute la classe était bluffée, mon regard croisa celui de Corinne qui me toisa avant de marmonner quelque chose à sa voisine.
Nelly quant à elle, avait l’air plus endormie qu’éveillée. Sa voisine était obligée de la pincer à chaque fois qu’elle commençait à somnoler. C’était amusant.
A la fin du cours, ce fut l’heure d’aller manger au niveau du réfectoire. Alors que j’attendais Nelly devant la porte de la classe, Adams vint me saluer :
- ADAMS : Bonjour la plus intelligente de la classe.
- MOI : Lol, je suis loin de l’être.
- ADAMS : En plus elle est modeste. Alors as-tu pu te faire de nouveaux amis ?
- MOI : En dehors de Nelly et toi non. Je n’en cherche même pas. Moi j’en ai, mieux je me porte.
- ADAMS : Tu as parfaitement raison. Ecoutes, je sais que l’on ne se connait que depuis 48H, mais je serai très honoré de te compter parmi mes invités ce samedi à ma fête d’anniversaire.
- MOI : Je suis vraiment très touchée, mais je ne vais pas à des fêtes, je suis désolée.
- ADAMS : Non c’est moi qui le suis. Tu sais quoi ? J’aimerai que tu me fasses une liste de toutes les choses que tu n’as pas le droit de faire histoire de m’éviter de prendre une raclée à chaque fois lol.
- MOI : Tu les découvriras au fur et à mesure, c’est plus intéressant LOL.
C’était quoi ça Zainab ? Tu essayais d’être drôle ? LOL la honte. Corinne s’empressa de venir vers nous, dès qu’elle remarqua que nous discutions.
- CORINNE : Mon amour va voir ce qu’il y a au menu stp. Le temps que je règle un petit détail.
Dès qu’Adams eut le dos tourné elle me prit la main puis dit d’un air menaçant :
- CORINNE : Ecoutes moi bien sale petite boursière. Déjà que tu n’es pas à ta place dans cette école, tu te permets de courir derrière le petit ami d’une autre ! sache qu’Adams est à moi et que nous sommes censés nous marier après le lycée donc calmes ta joie. Ne te crois pas si exceptionnelle, il se comporte ainsi avec toutes les nouvelles car il sait combien il est difficile de s’intégrer. Adams ne s’intéressera jamais à une fille de paysan qui s’est retrouvé ici uniquement à cause d’une bourse. Sur ce, bon appétit.
Elle s’en alla ensuite sans me laisser le temps de répondre ou contester. C’est comme ça qu’ils me voyaient tous ? Comme une boursière ? Nelly décida enfin de venir me rejoindre :
- NELLY : J’espère que tu n’as pas trop attendu.
M. Thomson a vu que je dormais pendant son cours donc il m’a retenue dix minutes de plus pour me sermonner. Il est trop chiant et dire que c’est notre prof principal. Bon allons manger, j’ai trop faim.
- MOI : Adams m’a invitée à sa fête d’anniversaire mais j’ai décliné son invitation poliment et je lui ai expliqué que c’est interdit pour moi.
- NELLY : Hein ? Mais toi là ça ne va pas ! C’est un anniversaire pas une soirée. Depuis que je suis dans cette école, il ne m’a jamais invitée et pourtant mon beau père connait son papa. Toi tu as cette chance et tu refuses d’y aller ?
- MOI : Oui, mais il y aura de la musique et de l’alcool Nelly. Sinon j’y serai allée.
- NELLY : C’est vrai tu as raison, dis-lui que je viendrai à ta place dans ce cas. J’ai comme l’impression que tu ne lui déplais pas.
- MOI : Il agit ainsi avec toutes les nouvelles, c’est uniquement pour que l’on se sente bien.
- NELLY : Ah bon ? D’où sors tu cela alors que tu viens à peine d’arriver ?
- MOI : De la bouche de Corinne.
- NELLY : Il ne faut pas croire tout ce qu’elle dit. Parfois c’est la jalousie qui parle à sa place.
- MOI : Dans tous les cas, il ne pourra jamais rien se passer entre Adams et moi. Nous n’avons pas d’avenir ensemble et de plus, le mien est déjà tout tracé.
- NELLY : Chez vous, je ne sais pas à quelle époque vous vivez, mais même l’esclavage a été aboli.
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A Dakar, au Sénégal : Chez Abdallah.
Abdallah regardait tranquillement la TV avec Moussa, son meilleur ami quand sa mère fit irruption dans le salon. Elle commença alors à faire ce qu’elle fait de mieux : contrôler la vie de son fils.
TATA NABOU : Moussa, il est tard. J’espère qu’il ne t’arrivera rien en rentrant.
MOUSSA (conscient que c’était une manière de lui demander de s’en aller lui dit) : Ne t’inquiètes pas tata, j’ai la voiture de ma mère.
Elle voulait parler seule à seule à son fils afin d’éviter que son ami ne puisse l’influencer. Etant donné que Moussa n’était pas prêt à mettre les voiles, elle décida de l’ignorer et de dire ce qu’elle avait à dire :
TATA NABOU : As-tu des nouvelles de Zai ?
ABDALLAH : Pas depuis qu’elle est partie.
TATA NABOU : Comment ça pas depuis qu’elle est partie ? Tu ne lui as même pas téléphoné pour lui demander si elle était bien arrivée ? Mais quel genre de futur mari es-tu ?
ABDALLAH : Mais maman elle aurait pu m’envoyer un message à son arrivée mais elle ne l’a pas fait.
TATA NABOU : Il n’y a pas de mais qui tienne. Tu fais ce que je te demande de faire, un point c’est tout ! Téléphones lui quand tu seras seul. Il ne faudrait pas qu’elle oublie qu’elle a déjà quelqu’un dans sa vie. Je vais me coucher, à mon réveil demain j’espère que quand je te poserai à nouveau la question que tu me donneras une toute autre réponse. Bonne nuit.
Elle referma la porte du salon derrière elle et alla se coucher. Moussa était sidéré. Il ne savait pas pourquoi son ami était faible face à sa mère. Il ne put s’empêcher de donner son avis :
- MOUSSA : Mais man jusqu’à quand vas-tu laisser ta mère diriger ta vie ? Tu n’es plus un gamin alors sois un homme et montres lui que tu peux prendre tes propres décisions. Tu as accepté qu’elle t’éloigne d’Oumy or je suis persuadée que tu l’aimes toujours. Nous sommes au XXI e siècle quand même, tout ça est révolu.
- ABDALLAH : Meuz, je dois presque tout à ma mère. Tu sais que mon père est décédé très tôt. Elle a pris bien soin de moi alors je me dois de faire tout ce qu’elle me demande. Je lui dois tout man.
- MOUSSA : Non mais tu t’entends parler ? C’est ta mère bon sang. Elle est obligée de prendre soin de toi, qui va le faire à sa place ? Mais cela ne lui donne pas tous les droits. Je ne sais même pas pourquoi je perds mon temps à te dire tout cela vu que tu n’écoutes qu’une seule personne sur cette terre, et c’est elle. Bon je rentre, pense à ce que je t’ai dit. Bonne nuit.
Abdallah raccompagna son ami avant d’éteindre toutes les lumières de la maison et vérifier si toutes les portes étaient bien fermées. Il alla alors regagner sa chambre et se mit à penser à Oumy. ..
Je sais que vous mourrez d’envie de savoir qui est-elle, n’est-ce pas ? Mais ce ne sera pas pour aujourd’hui.
Abdallah n’arrêtez pas de penser à ce que son ami lui avait dit. L’attitude de sa mère était un peu excessive quand même, mais devrait-il lui obéir aux doigts et à l’œil pour autant ?
Serait-il d’avis avec la citation de Diane de Beausacq, dans Les maximes de la vie, qui disait :
« L'amour maternel est un sentiment fait de dévouement et d'égoïsme. La mère ne sent que son dévouement ; les étrangers sentent son égoïsme. »