III UN CONQUISTADORLa Mariquita avait pris le large. L’Océan était d’un bleu sombre, lamé de grandes houles régulières et balancées. Le sillage du navire soulevait des embruns vaporeux dont le soleil, haut sur l’horizon, jouait en mille arcs-en-ciel. Le pont était encombré d’accessoires forains : une grosse caisse rutilante, des portants de toile peinte, des cerceaux de papier et le piano mécanique, en vrac, parmi les rouleaux de filin et les amarres. M. Wang, qui avait sans doute procédé à des ablutions invisibles, s’entretenait avec M. Peter Boom, l’excentrique ; celui-ci dépouillé de ses braies jaunes et rouges, de son fard blanc et des constellations de papier doré qui ornaient son échine les soirs de spectacle, paraissait un petit homme replet, sans aucune excentricité. Son visage é

