**Avertissement unique!!
Cette histoire est dure, sombre et parle de diverses sujets reliés au suicide, la dépression, les abus sexuels et abus physique en tout genre. Pour un public avertis.
Je ne redonnerai pas d'avertissement au cours des chapitres.***
Est-ce possible d'avoir déjà trop vécu?
Aurora ne savait plus vraiment quand elle avait cessé d'espérer, peut-être il y a cinq ans, la nuit où sa mère avait claqué la porte sans un mot.
Dans cette maison trop grande pour sa solitude, trop étroite pour contenir la violence.
Depuis le départ de sa mère, elle servait. Servante de sang, prisonnière des murs qui sentaient la bière, la sueur, le sexe et le sang. Tout était imprégné de divers fluides auquel Aurora ne souhaitait pas penser. Mais malgré toute cette puanteur, c'était la colère, la haine à l'état pure, qui oppressait le plus les fondations même de cette maison délabrée. Son père grondait tel un orage, même lorsqu'il se taisait. Ce qui pouvait, au final, trop souvent, annoncer des raclées imminentes.
Ses trois frères, plus grands, plus forts et surtout plus cruels qu'elle, la suivaient du regard, flairant une proie déjà soumise.
De vrais chiens ... qui n'hésiteront pas à se défouler à la moindre contrariété, que ce soit par agacement ou par ennui.
Son seul répit était le soir, une fois la maison nettoyée et leur estomac rempli. Verrouillant sa porte d'une chaise bancale, elle s'installait sur son matelas, qui est à même le sol et comptait ses bleus visibles, en prévision de bien les cacher le lendemain.
Elle partait, chaque matin, bien trop tôt pour quiconque, mais vu la distance qu'elle devait faire pour atteindre l'école, elle n'avait pas trop le choix. Donc, c'est le ventre vide qu'elle affrontait, chaque jour, le froid mordant de l'aube, espérant, à chaque fois, éviter le plus de gens possible.
Aurora est fragile au point de paraître irréelle. Petite, fine, presque trop effacée pour exister pleinement, elle semble passer entre les gens et traverser les lieux sans appartenir à rien. Son corps maladroit trébuche trop souvent, ses mains tremblent et font tomber des choses et en renversent d'autres.
C'est son lot quotidien de malchance qui lui attire le rejet, les humiliations et les moqueries en tout genre, de ceux qui n'ont rien d'autre à faire.
Elle a beau bégayer de piètres excuses, personne ne l'écoute.
Pas que cela l'importe, au contraire, elle ne veut surtout pas être remarquée ou pire: être vue.
Regardant constamment vers le bas, elle épargne à tous, la vision de ses yeux verts, ternes et sans vie. Tellement vides, qu'ils absorbent la lumière et la joie des gens qui osent la fixer un peu trop longtemps.
Son regard dégoûte, fait peur, fait fuir les gens.
Malgré tout ça, personne ne réalise que ces vêtements trop larges et sombres, ces capuches relevées sur sa tête et ses tremblements, cachent quelque chose de plus sinistre.
Un mal être profondément gravé dans sa chair jusqu'aux os. Conséquences directes de tout les sévices répétés qu'elle endure depuis cinq ans.
Aurora vit dans la peur constante, la soumission étant son seul salut.