CHAPITRE 2: FROID FAMILIAL.

1014 Words
'emboitai le pas à Asher vers le couloir, admirant silencieusement le luxe des lieux. La famille Pavarotti était si riche: les maisons reluisantes, les voitures onéreuses, les voyages vers le paradis... c'était leur quotidien. Je ne savais pas que le secteur de l'import-export était si lucratif, pour de vrai quoi! Mais après, qu'est-ce que ça m'aurait apporté de le savoir? Nous débouchâmes ensuite dans un grand séjour gardé par deux agents de sécurité et où une femme de la quarantaine, cheveux poivré sel nous attendait, majestueusement installée dans un canapé. Dès qu'elle nous aperçut, elle se leva immédiatement, tout sourire. —Enfin! s'exclama-t-elle dans un anglais raffiné. —Bonsoir mère, la salua sèchement Asher, évitant exprès de l'embrasser pour aller s'écraser dans un canapé. La femme ne fit aucun commentaire, affichant simplement un sourire triste, les bras levés devant elle. Touchée, j'allai prendre l'étreinte à la place du jeune homme avec enthousiasme. —Ophélia, comment allez-vous ? —Oh ma chérie ! fit-elle en me serrant dans ses bras, affectueusement. Je vais très bien et toi ? Nous nous séparâmes et elle prit le temps de me scruter de ses yeux semblables à ceux de mon époux. —Tu sembles avoir maigri depuis votre mariage, fit-elle remarquer. Qu'est-ce qui se passe ? Ça ne va pas ? —Mais non, tout va bien, contrai-je en souriant. C'est juste que... l'après-mariage peut souvent s'avérer stressant surtout dans mon cas. —Ça, je ne te le fais pas dire ! s'exclama-t-elle. Les premiers mois où j'ai été l'épouse d'Emilio, je croulais sous les dîners d'affaire, l'organisation des soirées, les journalistes, etc... Mais vous, vous êtes encore jeunes. Prenez du temps pour vous et essaies de trouver du positif dans toutes ces charges. —Merci beaucoup. En les quelques minutes que j'avais passé avec Ophélia le jour du mariage, j'avais trouvé en elle une figure maternelle qui me faisait défaut. Elle était gentille, chaleureuse et surtout, attentive. Ça me faisait mal de lui cacher que je n'étais pas sa véritable belle-fille mais Asher et son père m'avaient formellement interdit de l'ouvrir sous prétexte qu'elle n'avait pas besoin de le savoir. —Mais qu'est-ce que c'est ça ? s'enquit-elle en s'accaparant de mon avant-bras pour l'inspecter. Je baissai moi aussi le regard pour voir de quoi il s'agissait et je retins immédiatement ma respiration. Mes yeux se levèrent ensuite pour chercher ceux d'Asher mais il n'avait même pas notre temps, ayant déjà recommencé à pianoter sur son téléphone portable. —Seraient-ce des traces de doigts ? Qui t'a fait ça ? J'avalai difficilement ma salive, ne sachant quoi répondre quand une voix s'éleva derrière nous. —Mais qui avons-nous là ? Les nouveaux mariés ! Un homme aux cheveux noirs coupés courts vêtu d'une veste grise fit son entrée dans la pièce en souriant de toutes ses dents. Son teint foncé contrastait avec la blancheur de sa dentition alors que son apparence sportive lui conférait environ la cinquantaine. —Brad ! s'exclama la mère d'Asher. Regarde notre belle-fille, n'est-elle pas magnifique ? —Oui, très ! confirma-t-il en allant poser un trousseau de clés et une mallette sur une commode avant de venir vers nous. —Irina, je te présente Brad Spencer, mon mari. —Oh ! Je comprenais maintenant d'où venait le désaccord de la famille Pavarotti. La mère s'était remariée avec un autre : certainement était-elle celle qui avait quitté le couple puisqu'elle est devenue détestable aux yeux de ses enfants. —Chéri, Irina Pavarotti, la femme d'Asher, me présenta-t-elle. —Enchanté, Irina ! Heureux de faire ta connaissance. Il vint me faire la bise avant d'aller embrasser sa femme sur la joue. Je les regardai transpirer d'amour au moment où j'étais dans un mariage de guerre. —Désolé de ne pas avoir assister à votre mariage, s'excusa-t-il. —Ne vous en faites pas, je comprends. —Vous restez pour le dîner ? s'enquit-il. On mange italien ce soir. —Mais avec... —Non ! Nous sursautâmes presque face à ce refus féroce et nos regards convergèrent vers Asher qui s'était levé de son canapé, la mine renfrognée. —C'est quoi ton problème ? grommelai-je. —Ma femme et moi avons quelque chose de prévu pour ce soir, annonça-t-il sérieusement. Je l'ai juste emmenée parce que t'as insisté pour la voir et maintenant c'est fait. J'haussai un sourcil en faisant les gros yeux. Mais à quoi il joue ? —Oh je vois, sourit Brad. Bien sûr, c'est compréhensible. —Une prochaine fois alors ? proposa ma belle-mère. —Oui, avec plaisir ! Ravie de vous avoir rencontrés ! —Aurevoir ! Asher avait lâché cette salutation avec dégoût avant de m'entraîner avec lui vers la sortie, faisant abstraction de mes protestations. —Attends, eh ! Bonne soirée à vous ! —Portez-vous bien ! J'adressai rapidement un aurevoir de la main au couple alors que nous rejoignions le couloir pour prendre l'ascenseur. —Tu ne vas pas bien dans la tête ou quoi ? grondai-je, Asher. Ce sont tes parents quand même ! Les portes de l'élévateur s'ouvrirent et il me poussa dedans sans ménagement avant de m'attraper le cou avec brutalité. —Fais attention à ce que tu dis, me menaça-t-il. Fais très attention. —Lâche-moi, immédiatement ! Je ne suis pas ton esclave ! —En fait tu es bien moins que mon esclave; tu n'es RIEN ! Alors ne t'avises plus à contredire mes décisions: quand je dis qu'on ne dine pas avec eux, on ne dine pas, c'est tout ! —Mais moi je m'en fous ! crachai-je. C'est toi et toi seul qui as un problème avec eux ! Il s'écarta de moi en jurant puis sélectionnât l'option du rez-de-chaussée pour que l'ascenseur démarre sa descente. Je me massai le cou en respirant bruyamment sans manquer de lui jeter un regard noir quand son téléphone sonna soudain. Il le sortit rageusement de la poche de son pantalon avant de hurler presque un « Oui ! » dans le combiné —Sauvage, l'insultai-je à voix basse avant de lui faire dos...
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