—Non! Je veux que toutes ses spéculations disparaissent avant ce soir !
—Calmez-vous patron, nous allons nous charger de tout effacer, ne vous inquiétez pas !
—Je ne m'inquiète pas, Moreni, je suis hors de moi !
Collée contre le battant fermé du bureau de mon mari, je l'observais furtivement déverser son venin sur son bras droit debout devant lui, la mine impassible. Ce dernier se pencha vers la table pou attraper un journal et l'inspecta quelques minutes avant de secouer désespérément la tête.
—Je vais régler ça, soyez tranquille.
Sur ce, il tourna les talons pour sortir du bureau, emportant le journal avec lui. Dès qu'il me vit à la porte, il s'inclina respectueusement.
—Madame Pavarotti.
Je lui souris à mon tour et il s'éclipsa ensuite. Prenant une grande inspiration, je fis mon entrée dans le bureau avec tout le détachement dont j'étais capable. Asher leva deux billes furieuses vers moi, se retenant presque de me bondir dessus.
—Ne me regarde pas comme ça, chéri, raillai-je. Je n'y suis pour rien.
—Sale g***e, cracha-t-il. Si tu penses pouvoir ternir ma réputation, tu te trompes !
—C'est toi-même qui la ternis, rétorquai je en prenant appui de mes deux mains sur son bureau pour le narguer. Et tu le fais si bien !
Ferme-la ! rugit-il. Ferme-la !
Il se leva ensuite pour contourner la table et venir me surplomber de sa hauteur. Sa poitrine se soulevait avec rage tandis que son regard s'était fait doublement meurtrier. Je frémis face à tant d'inimitié mais je n'en montrai rien.
—Tu vas démentir cette connerie devant les journalistes demain soir au gala, m'ordonna-t-il. Commence à choisir tes mots!
Un rire jaune s'échappa de ma gorge. Il ose me demander de démentir quelque chose qui n'était pas faux? Non, il ose m'intimer de mentir pour sauver son cul comme si le fait de me faire passer pour son épouse n'était pas assez consistant!
—On ne démentit pas une vérité, Asher, répliquai-je, amère. Tout le monde doit savoir que tu ne fais que m'agresser quand on se retrouve en privé; tu es un monstre !
—Je vais la tuer, bordel !
Aussi rapide que l'éclair, il m'attrapa par le cou avant de dégainer une arme à feu qu'il colla contre ma tempe. Un hoquet de surprise sortit d'entre mes lèvres tandis que ma respiration se hachait.
—Qu'est-ce que tu fais ? m'affolai-je, la peur au ventre. Pourquoi tu as un pistolet avec toi ?
—Il est temps que tu comprennes qu'il est dangereux de me pousser dans mes retranchements, me menaça-t-il en renfermant sa prise sur mon cou.
Je déglutis difficilement, les yeux ancrés dans les siens qui étaient empreints d'une colère noire.
—Ne sois pas con, Asher, essayai-je. Si tu me fais du mal, tu vas pourrir en taule!
—Il faudrait d'abord que l'on sache que c'est moi qui t'ai tué, ma belle, siffla-t-il. Tu ne sais vraiment pas qui je suis ou ce que je suis capable de faire... vraiment pas!
Je me mis à trembler sans pour autant parvenir à me mouvoir. Le canon froid du pistolet continuait à s'enfoncer dans la peau de ma tempe, mon cœur prêt à lâcher quand une balle en surgira.
—Non, écoute....
—ASHER!
Une voix ferme et autoritaire s'imposa à quelques pas de nous mais personne ne bougea.
—Pose cette arme immédiatement ou c'est moi qui t'éclate la cervelle !
Le jeune homme et moi nous fixâmes toujours, la respiration marquée. Finalement, il me libéra avant de tirer dans la bibliothèque au fond de son bureau, trouant un livre d'une balle. Je lâchai un cri d'effroi avant de me précipiter vers la sortie, bousculant presque mon sauveur que je ne pris même pas la peine de regarder.
—Elle m'énerve, elle m'énerve, elle M'ENERVE ! entendis-je dans mon dos, suivi d'un bruit de chaise qui tombe.
Je dévalai rapidement les escaliers pour descendre à l'étage en dessous et aller m'enfermer dans ma chambre. Je m'appuyai contre la porte en essayant de contrôler ma respiration saccadée alors que des larmes s'étaient mises à couler sur mes joues. Telle une forcenée, je me dirigeai vers ma table de chevet et en ouvrit le tiroir principal dans lequel je me mis à farfouiller.
—Où est-ce qu'il est ? Où est-ce qu'il est ?
Je sortis tout ce qu'il y avait, entre autres des reçus, des pilules et autres utilités avant de tomber sur la plaquette de comprimés qui m'intéressait. Fébrilement, je détachai un nombre raisonnable de cachets et les avalai avant de me servir un verre d'eau pour digérer le tout. Je posai ensuite une main sur ma poitrine en reniflant puis je vidai mon verre.
Je rangeai ensuite la plaquette avant d'aller m'accaparer de mon sac à main et de mon téléphone portable pour sortir. Mais à peine eussé je ouvert la porte que je tombai net sur la servante qui m'était assignée. Dès qu'elle me vit, ses yeux s'écarquillèrent et elle laissa tomber les draps qu'elle avait en main.
—Madame, vous pleurez ? Qu'est-ce qui se passe ?
—Laisse-moi tranquille, Arminda !
Sur ce, je la dépassai pour m'en aller, l'abandonnant sans réponses...