Chapitre 1 : La Nuit en Ville
La Nuit en Ville
Carmen
Je me tenais dans l'ombre, au cœur de la pièce luxueuse, mes talons claquant légèrement sur le marbre froid. L'odeur du whisky mélangée à celle du tabac me parvenait, mais je n'avais d'yeux que pour lui : Dante Monti. L'homme à la réputation de fer, un empereur de la ville, un seigneur de la mafia.
Il était assis sur un canapé en cuir noir, son regard noir comme la nuit fixé sur moi. Ses yeux semblaient sonder mon âme, et malgré toute ma préparation, un frisson d'incertitude me parcourut. Je savais que j'étais entrée dans un monde où chaque geste pouvait être fatal. Mais je n'avais pas peur. Pas encore.
J'étais là pour plus que ce que ma présence semblait indiquer. Il ne fallait pas qu'il le sache tout de suite. Pour l'instant, je devais jouer mon rôle : une call-girl, une ombre séduisante dans cette ville pleine de secrets. Mais lui, Dante Monti, ce n’était pas un simple client. C'était l'homme qui pouvait me donner tout ce que je voulais, ou me détruire en un clin d'œil. Et j'avais un plan. Un plan qui commençait avec lui.
Je l’observais, ma robe noire parfaitement ajustée, mes cheveux tombant en vagues souples autour de mes épaules. J'avais tout misé sur l'apparence, mais j'étais loin de n'être qu'une simple image. Tout dans cette pièce, tout dans l'attitude de Dante, me disait que ce soir, je ne serai pas seulement un divertissement. Ce soir, j'allais obtenir des informations. Des informations cruciales. Mais pas d'un homme comme Dante Monti. Non, il fallait être plus subtile que ça.
Je m'avançais vers lui, mes talons frappant doucement le sol sous mes pas. La pièce était éclairée d'une lumière tamisée, mais chaque mouvement que je faisais semblait attirer l’attention de Dante, comme un prédateur qui scrutait sa proie. Je m’assis sans lui demander la permission, mes yeux ne quittant pas les siens. Je n’étais pas du genre à attendre qu’on me donne l’invitation. Je prenais ce que je voulais.
"Je crois que vous m'attendiez," dis-je d'une voix calme, presque murmurée, mais suffisamment audacieuse pour qu'il sache que je ne craignais rien.
Dante ne répondit pas tout de suite. Il m’étudia, me scrutant comme un chef d’orchestre avec un instrument qu’il connaissait bien. C’était à lui de décider ce qu’il ferait de moi. Et je le savais. Mais il n'était pas le seul à avoir des cartes à jouer.
Il se leva enfin, ses gestes lents et mesurés, presque intimidants. J’observais son corps, la manière dont il se mouvait. Il était imposant, et chaque pas qu'il faisait semblait faire écho dans l’air lourd de la pièce. Quand il s'approcha, il n’y eut ni gestes brusques ni hâte. C’était comme s’il me testait, voulant savoir si j’allais flancher.
"Tu sais pourquoi tu es ici," dit-il d'une voix grave, ses yeux noirs ancrés dans les miens. Il ne laissait aucune place au doute. Il était direct, tranchant.
Je haussai légèrement les épaules, tentant de maintenir une certaine légèreté dans l’air tendu. "Je suis ici pour te divertir, non ?" répondis-je, mon sourire en coin calculé, tout en le regardant sans détour.
Ses yeux se plissèrent. Il n’avait pas l’air amusé. Dante Monti n’était pas un homme qui plaisantait, et je commençais à sentir la pression. Mais je n’allais pas reculer.
"Tu te crois maline," murmura-t-il, sa voix froide et mesurée. "Mais tu ne sais pas dans quoi tu t’embarques."
Il s’approcha encore, s’arrêtant juste devant moi. Ses doigts frôlèrent légèrement le bas de ma robe, mais je ne bougeai pas. L’air entre nous était lourd, empli de promesses silencieuses et de menaces implicites. Je devais rester calme. Parce qu'il était évident que tout ce qu'il faisait, tout ce qu'il disait, était une manière de tester ma réaction.
"Je suis là pour te donner ce que tu veux, mais tu dois comprendre une chose." Sa voix se fit plus basse, plus dangereuse. "Tu n’es pas la première à croire que tu peux jouer avec moi, et tu ne seras pas la dernière à payer le prix de cette erreur."
Il attendait une réponse, il voulait voir si j'avais peur. Mais je n'avais pas peur de lui, même si je savais que l’enjeu était plus grand que ce qu’il pensait. Je n'étais pas simplement une femme dans une chambre avec un homme riche et puissant. Non, je m'étais lancée dans cette danse pour une raison bien plus profonde.
Je lui répondis, le regard implacable : "Je ne sous-estime personne, Dante. Pas toi, et pas ce que je peux obtenir." Mon sourire s’élargit, mais il n’était pas amical. "Je fais juste ce que je fais de mieux."
Un léger rictus se dessina sur ses lèvres. Il recula d’un pas, comme s’il me donnait l’espace pour jouer mon rôle, mais il ne me lâchait pas du regard. Il savait qu’il n’était pas simplement face à une femme. Il était face à une adversaire.
"Je vais te donner une chance de prouver que tu es plus qu’une simple distraction," dit-il finalement, avant de se tourner, son ton un peu plus dur. "Mais n'oublie pas une chose, Carmen : je n’aime pas être manipulé."
Je n’eus pas le temps de répondre qu'un bruit de pas précipités se fit entendre. Un coup de feu résonna dans l’air, suivi d’un cri étouffé.
Dante se tourna brusquement vers la porte. Le sang froid qu’il avait jusque-là perduait quelque peu son assurance. Un autre coup de feu, et un second homme s’effondra dans l’ombre. Le chaos venait d'entrer dans la pièce. Mais je savais que ce n’était que le début.
Je le regardai, un léger sourire au coin des lèvres. Ce n'était qu'un jeu de plus. Mais cette fois, j'étais bien décidée à être celle qui gagnerait.