Le Choix Déchirant
Carmen
La tension dans la pièce était électrique, presque palpable. Dante m'observait, l'air toujours calme, mais son regard pénétrant ne me quittait pas. Chaque mot qu'il prononçait semblait être une épreuve, une nouvelle couche d'une réalité que je n'avais pas choisie. Mais à ce moment précis, tout en moi se révoltait, un besoin désespéré de reprendre le contrôle. Mes parents, ma famille… tout ce que j'aimais était désormais entre ses mains.
"Tu crois vraiment que tu peux continuer à me défier ?" dit-il enfin, sa voix basse et presque trop tranquille. "Tu ne comprends toujours pas, Carmen. Ce que je veux… ce que je cherche… c'est toi. Pas ta famille. Pas ton pouvoir. Toi."
Les mots frappèrent mon esprit comme une vague dévastatrice. Une onde de choc m'envahit, et un frisson glacé parcourut mes membres. J'avais cru, naïvement peut-être, que ma famille était la clé. Que si je cédais, si je m’inclinais devant lui, il relâcherait la pression. Mais non. C'était moi qu'il voulait.
Le regard de Dante s’intensifia, et un léger sourire se dessina sur ses lèvres. "Tu as dit que tu n'étais pas faible, mais tu vois, Carmen, tout ce que tu fais… tout ce que tu penses… c’est pour eux. Ce n’est pas pour toi. Mais moi, je veux que ce soit pour moi. Je veux que tu sois mienne. Entièrement. Sans réserve."
Un vertige m’envahit, comme si tout le sol sous mes pieds venait de se dérober. Je pouvais sentir mes poings se serrer de frustration, mais aussi d’une douleur intime, profonde. Cette situation m’écrasait. Chaque choix que je faisais semblait me mener davantage vers l'abîme. Mais si je cédais, si je me soumettais à lui, qu’il me prenne entièrement, que deviendrait-il de mes parents ? Et surtout, qu’adviendrait-il de moi ? Quel prix avais-je encore à payer pour sortir de ce piège ?
Je fis un pas en avant, les yeux remplis de larmes contenues. "Dante…" commençai-je d’une voix tremblante. "Je t’en supplie… Laisse-les partir. Laisse-les être libres. Ils n’ont rien à voir avec nous. Ils ne méritent pas ça."
Il laissa échapper un petit rire, mais il n’y avait aucune trace de joie dans sa voix. Un rictus qui sonnait comme une condamnation. "Tu es naïve, Carmen. Tu penses qu’ils sont innocents dans tout ça ? Tu crois que je les tiens juste pour te faire souffrir, pour te punir ? Non, c'est bien plus complexe. Ils sont les témoins de ta faiblesse, du lien qui te retient. Et c’est précisément ce lien que je veux briser."
Je sentis la rage me monter aux yeux, mais cette fois, ce n’était pas de la colère. C’était de la désespoir. Parce qu’au fond, je savais qu’il avait raison. Dans ce monde, rien n’était innocent. Personne n’était à l’abri. Et Dante, avec son pouvoir et son emprise, l’avait bien compris avant moi.
Je me jetai soudainement à ses pieds, une dernière tentative de tout sauver. "Je ferai tout ce que tu veux, Dante… tout. Mais laisse-les partir. Je… je te demande de les relâcher. Tu veux que je sois à toi ? Que je sois ton tout ? Très bien. Mais pas à ce prix. Pas en détruisant tout ce que j'aime."
Il me regarda un instant, me laissant dévorer par mes propres supplications. Ses yeux étaient durs, froids, mais aussi, je l’avais cru un instant, empreints d’une étrange compréhension. Un soupçon d'humanité, peut-être, mais il l’éteignit rapidement, comme une flamme que l'on souffle d'un simple geste.
Il s'agenouilla devant moi, posant une main froide sur mon visage, comme s’il cherchait à me briser par la douceur d’un geste. "Tu vois, Carmen," dit-il d’une voix presque douce, "tu es encore trop attachée à ces illusions. Tu crois que tu peux négocier, que tu peux t’en sortir indemne. Mais tu oublies quelque chose d’important. Tout ce que j’ai fait jusqu'à présent… c’est pour te montrer ce que tu es prête à sacrifier."
Je fermai les yeux un instant, sentant chaque mot pénétrer profondément dans mon âme. "Et tu crois que je vais sacrifier mes parents ? Que je vais les abandonner pour toi ?"
"Je crois que tu n’as pas vraiment le choix." Son ton se fit plus glacé, plus sûr. "Tu vois, Carmen, tout dans cette vie est une question de pouvoir. Ceux qui détiennent le pouvoir règnent. Et ceux qui n’en ont pas… doivent obéir. C’est la règle du jeu. Tu peux m’appartenir, mais il faut que tu acceptes la vraie nature de ce qui se joue ici. Il faut que tu sois prête à tout abandonner, même ceux qui te sont chers."
Je voulais hurler, mais ma voix se brisa dans ma gorge. J’étais perdue. Il avait raison sur un point. Dans ce monde, chaque mouvement, chaque geste, chaque choix se payait. Il n’y avait pas de place pour les demi-mesures.
Je levai la tête, mes yeux noyés de larmes. "Je ne peux pas… Je ne peux pas choisir entre eux et toi, Dante. Tu me laisses une seule alternative. Une alternative que je ne peux pas accepter."
Il me regarda un long moment, comme s’il évaluait mes mots, mes émotions. Puis il se redressa lentement, ses yeux ne quittant pas les miens. "Alors tu choisis de perdre tout ce que tu as. Parce que dans ce monde, Carmen, personne ne te donnera ce que tu veux sans que tu payes un prix. Et tu vas apprendre que ce prix, parfois, c’est bien plus élevé que ce que tu imagines."
Je sentis un frisson me parcourir, une certitude glacée s’emparant de moi. Il n’allait pas céder. Il me tenait dans son jeu, et je savais que je n’avais pas d’autre choix que de m’y plier.
"Que veux-tu, Dante ?" soufflai-je, la voix brisée, l'âme déchirée. "Dis-moi ce que je dois faire."
Il sourit, un sourire froid, plein de sous-entendus. "Tout ce que je veux, Carmen, c'est que tu acceptes de me donner ce que je désire le plus. Toi. Entièrement. Sans réserve. Parce que tant que tu n’auras pas accepté cela, tu ne pourras pas récupérer ce que tu as perdu. Et si tu choisis de continuer à me défier… alors le prix sera encore plus élevé."
Je baissai les yeux, désemparée. Parce qu’au fond de moi, je savais que, peut-être, tout cela ne serait jamais une question de pouvoir. Peut-être que ce que Dante voulait, c’était plus que mon corps ou mon âme. Peut-être qu'il voulait simplement ma soumission totale, ma résignation à un monde où les choix étaient tous dictés par lui.
Je n’avais plus d’illusion. Il ne me laissait pas d’autre chemin.