L'Ultimatum
La porte claqua derrière lui, et je restai là, les yeux fixés sur l’espace qu’il venait de quitter, le souffle court, le cœur battant comme un tambour de guerre. J'avais cru que je pouvais encore refuser, que je pouvais résister à tout cela. Mais à cet instant précis, tout m’avait frappée avec une clarté glacée : Dante n’était pas un homme avec qui on négociait. Il était une force, une entité, un élément dont on ne pouvait détourner le regard sans risquer de se perdre.
Je le savais maintenant. Ce qu’il venait de me montrer n’était pas une menace vide. C’était une promesse. Une promesse que, si je continuais à lui résister, tout ce que j’aimais, tout ce qui me tenait à cœur, disparaîtrait dans les ténèbres qu’il pouvait invoquer à sa guise. Et mes parents… Ils étaient déjà dans ses griffes. Je ne pouvais pas les laisser souffrir davantage.
Je me sentis submergée, prise au piège. La réalité de la situation m’écrasait, mais il ne me laissait pas le choix. J’avais pris une décision, mais je savais qu’en la prenant, je franchissais une ligne invisible. Une ligne qui effaçait tout ce que j’avais cru être. Qui effaçait même une partie de moi.
Je ne pouvais plus rester là, figée dans mon hésitation. Il m’avait montré l’étendue de son pouvoir, la capacité de contrôler chaque élément, de manipuler la réalité selon ses désirs. Et moi… moi je n’avais rien. Rien de tout cela. Pas sans lui.
Je ne pouvais plus tergiverser. Si je voulais sauver ma famille, si je voulais préserver ce qui me restait de moi-même, je devais lui céder. Je devais lui offrir ce qu’il désirait. Tout ce qu’il voulait de moi. J’avais essayé de repousser l’inévitable, mais maintenant je savais que je n’avais pas d’autre choix.
Je pris une grande inspiration, sentant la brûlure de ma décision dans mes veines, et je me précipitai hors de la pièce, courant à sa poursuite. Mon esprit tourbillonnait, chaque pensée se bousculant dans ma tête. Mais une certitude me frappait en pleine poitrine : il n’y avait qu’une seule personne capable de changer ce qui allait se passer. Et c’était moi.
Dante était dans le couloir, marchant lentement, comme s’il savait déjà que je venais. Il ne se retourna pas lorsqu’il entendit mes pas précipités derrière lui, mais je le vis, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres, comme si tout cela faisait déjà partie de son plan. Et peut-être que c’était le cas.
Je m’arrêtai à quelques mètres de lui, ma respiration saccadée, les bras tremblants, mais la détermination brûlant dans mes yeux. Il me fixa, silencieux, attendant que je parle.
"Je… Je suis prête," murmurai-je, la voix tremblante mais ferme. "Je vais accepter. Je vais être à toi, Dante. Tout ce que tu veux. Mais laisse-les partir. Laisse mes parents partir. Tu as ma parole."
Un éclat d'amusement traversa ses yeux. Il n’avait même pas besoin de me dire que ce n’était pas si simple. J’avais compris qu'il avait un prix pour tout. Et ce prix, à cet instant, semblait être ma totale soumission.
Il se tourna lentement vers moi, son sourire se faisant plus prononcé. "Tu vois, Carmen," dit-il d’un ton doux mais implacable, "je savais que tu comprendrais. Ce que tu appelles un choix, c’est en réalité la seule issue. Tu peux essayer de lutter, d’ignorer les règles du jeu, mais au final, tu n'as que deux options : soumettre ou perdre tout ce que tu as. Tout ce que tu aimes."
Je le regardai, chaque fibre de mon être révoltée par sa certitude, par cette façon qu'il avait de jouer avec les vies humaines comme s’il s’agissait d’un jeu d'échecs. Mais je n'avais pas de temps à perdre en réflexions. Tout ce que je voulais, c'était qu’il relâche mes parents. Et pour ça… je devais céder. Je devais tout accepter.
Je m’avançai d’un pas, me retrouvant juste devant lui. Il était imposant, presque trop, mais j’avais cessé de chercher des excuses. Je savais ce que j’avais à faire.
"Fais ce que tu veux de moi," dis-je, ma voix plus ferme. "Je suis à toi. Mais laisse-les. Je te donne tout ce que tu veux. Mes pensées, mon corps, mon âme… Mais je te demande juste une chose. Laisse mes parents. Libère-les."
Il ne répondit pas immédiatement. Il me regarda dans les yeux, scrutant, comme s’il cherchait à déceler la moindre hésitation, la moindre fragilité. Puis, lentement, il hocha la tête. "Tu es prête à tout sacrifier pour eux," dit-il, presque avec admiration, "mais tu oublies une chose, Carmen. Pour eux, tu feras ce que je veux. Et si tu cèdes, tu ne pourras plus revenir en arrière. Jamais."
Il se pencha vers moi, son souffle chaud effleurant ma peau. "Mais je vois que tu comprends. Tu vois maintenant ce que cela signifie vraiment. Accepter, tout accepter."
Je n'avais pas de mots à dire. Parce qu’il avait raison. Dans ce monde, accepter n'était pas simplement un choix. C’était une abnégation. Une soumission totale à tout ce qui allait venir.
Il leva la main, et je sentis une pression étrange, comme une force invisible qui me poussait à me soumettre encore plus. Et puis il prononça les mots qui changeraient ma vie à jamais.
"Bien, Carmen. Tu m’appartiens. Mais n’oublie pas, tout ce que tu es, tout ce que tu seras, c’est moi qui vais le forger."
Je sentis un froid glacé m’envahir, un frisson parcourant mon échine alors qu’il levait un doigt pour me faire un signe. Et en un instant, je savais que mes parents étaient libres. Le prix était payé. Je n'avais plus de retour en arrière. Il m’avait eue.
"Tu peux les retrouver," dit-il simplement. "Mais sache ceci, Carmen : ce n'est que le début. Ce que tu viens de choisir n’a pas de fin. Tu es désormais mienne, et chaque choix que tu feras sera sous ma domination."
Je baissai les yeux, un mélange d'émotions contradictoires m'envahissant. Mais il n'y avait plus de place pour les doutes. J'avais fait mon choix. Et je devais en assumer les conséquences.
Il posa sa main sur mon épaule, et à cet instant, je compris. Ce pouvoir qu’il exerçait n’était pas juste physique. Il s’agissait d’une emprise sur mon âme, sur mes pensées, sur tout ce que j’étais. Et je venais de m’y soumettre.
"Maintenant, viens avec moi," dit-il doucement, et j’obéis.