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514 Words
3 Gonzague regagna son transat, et prit connaissance de son pli. Un froncement de sourcils accompagna son regard qui s’assombrit… — Marius, il est tout à fait nécessaire, et comme prévu, de nous rendre à Lyon demain sans surseoir ! Monsieur Peltain l’ancien gardien des Florets m’écrit une curieuse lettre que voici : Il réitère avec force l’importance de cette rencontre, comme si depuis que nous nous sommes parlé au téléphone pour convenir de ce rendez-vous, d’autres événements s’étaient produits ! Voici ce qu’il me dit : « Monsieur de Villemarchand, Je me permets ces quelques lignes pour m’assurer que ce jeudi, notre rencontre sera bien maintenue, espérant que de votre côté, rien ne pourra l’empêcher. Veuillez s’il vous plaît pardonner mon audace à vous demander d’être ponctuel, mais mes impératifs m’y contraignent. D’ici là, ne tentez pas de me joindre, et ce, sous aucun prétexte. Dans l’attente de vous retrouver au 77 rue de Passepoil, troisième étage à quinze heures précises, je vous prie de croire, Monsieur de Villemarchand, à toute ma considération. Votre obligé. Auguste PELTAIN » — Son style soutenu, l’absence de fautes, cette écriture à l’encre, parfaite et marquée de pleins et déliés proches de la calligraphie ressemblent bien à cet homme surprenant. Un gardien autodidacte, et dont la petite extraction le rend encore plus méritant ! Gonzague parlait sans condescendance, mais avec la sincérité décalée de ces personnages appartenant encore à un autre monde… S’étonnant d’un tel courrier, Emma reprit : — Que de mystères cet homme entretient ! Et puis t’adresser un courrier postal, n’est-ce pas curieux ? Il ne peut pas t’envoyer un texto comme tout le monde maintenant ! — Non, vois-tu, il appartient comme moi à ces gens sûrement un peu rétrogrades, j’en conviens, mais qui préfèrent écrire avec de l’encre et une feuille de papier, pesant chaque mot, chaque phrase, leur donnant leur véritable sens, et ce, sans aucune faute d’orthographe et de grammaire… Et il est vrai, ma chérie, sans vouloir te faire offense, que la grammaire et l’orthographe sont pour toi des valeurs étrangères… — Pour en revenir à ce monsieur Peltain, je l’ai rencontré lors de ma première visite des « Florets ». Pour pouvoir répondre à mes questions, l’agent immobilier, à la demande de mon vendeur, le Dr Offsherman, était accompagné de cet homme. Détenteur des secrets de cette demeure, de ses jardins, et ses belles annexes, il a régné sur ce paradis en ville pendant plus de quarante ans, faisant certainement partie de la garde prétorienne de la famille Offsherman… Il m’a fait découvrir la maison, les jardins, avec force détails et précisions historiques et culturelles, dignes d’un conservateur de musée ! Cet homme est remarquablement instruit en littérature et histoire de l’art. Je le soupçonne d’être versé aussi en sciences, ce qui ne serait pas étonnant, vu l’entretien, que nous aurons demain… — Pour changer de sujet, dit Emma un peu irritée, voici le retour du marché qui s’annonce, j’entends la voiture. L’assistance se gaussait déjà et pariait sur les commentaires et divers comptes-rendus qui très souvent marquèrent leurs annales. Cette fois-là, ce fut une perle que Maurice offrit… Chargé par Léna, de récupérer des gigots d’agneau commandés la veille dans une boucherie sur la route de leurs emplettes, il ne manqua pas de faire part de son point de vue sur la qualité de la bouchère : — Voyez-vous les amis, même parée à l’ail, comme ses gigots, de cette bouchère je n’en voudrais pour rien au monde !
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