Au moment de nous séparer, ce soir-là me semblait avoir été plus gai que les autres. Pas étonnant. Il n’y a rien comme la mort pour provoquer le rire. Que de fois nous étions-nous réunies à dix ou douze après un enterrement, pour nous entre consoler. À la gravité et au chagrin avaient succédé la bouffonnerie, la joie de vivre, la folie… En Lola ce soir-là, les mots et les rires n’empêchaient pas les idées noires de faire leur ravage. Elle avait appris, le jour même, de Lucy-Fleur, ce qu’elle soupçonnait depuis un temps : Angelo n’était pas en prison, mais à l’hôpital. Il avait préféré qu’on le croie « à la Santé plutôt qu’à la Pitié ». Lola avait juré le silence et ne m’en avait rien dit, n’avait rien évacué de l’idée superstitieuse que l’étau se resserrait sur elle. Aussi, lorsque je lui

