Devon
Ma vie depuis hier se transforme en un p****n d’enfer sans fin. J’étais étonné d’avoir si bien dormi, et si longtemps, j’avais trouvé mon lit vide, et je m’étais imaginé que Serena qui a un sommeil compliqué s’était levée pour aller travailler.
J’avais d’abord été aux écuries monter mon nouvel étalon Quarter, Melek, que j’ai eu un mal fou à trouver en raison de ma grande taille qui m’impose un cheval aux dimensions puissantes. Mais il n’est pas à me décevoir. J’avais décidé de laisser Dixon à Adena puisqu’elle l’avait à moitié transformé en gentil cheval de Barbie, et ce nouvel étalon ne manque pas d’apporter du piquant dans ma vie.
Je suis toujours affaibli par ma jambe capricieuse. Je prends des décharges électriques régulièrement si je force trop longtemps et je trouve que les mouvements exigés par mon équitation sont une bonne rééducation. J’y vais doucement sur les combats au corps à corps pour l’instant, parce que même si je me suis remusclé, je sens que je n’ai plus tout à fait les mêmes capacités. Et je déteste être amoindri, tout comme être désagréablement surpris.
C’est Gabriel qui m’avait fait tirer les sonnettes d’alarmes quand il était venu me rejoindre au bord de la carrière.
- Serena dort toujours ?
- Non, elle est partie de bonne heure, je dormais encore.
- Elle n’est pas à son bureau…
- Tu as vérifié le mien ?
- J’y vais.
J’avais poursuivi ma chevauchée tranquillement en faisant danser mon cheval dans la carrière quand il était ressorti en courant.
- Elle n’y est pas… Je vais aller à la clinique… Qu’est-ce qu’il s’est passé hier soir ?
- Rien… Tout était normal…
J’avais ramené mon cheval à l’écurie et j’étais remonté jusqu’à la maison pour interroger Maria sur le sujet.
Une demi-heure plus tard je commençais à comprendre que quelque chose n’était pas normal du tout et la suite n’avait fait qu’accentuer la rage qui ne s’est pas calmée depuis hier.
Je m’enferme dans mon bureau après avoir réglé mes comptes avec mes hommes… Evidemment, personne ne sait rien, personne n’a rien vu… Elle nous a filé entre les doigts comme ça… Je ne comprends pas… Je ne comprends pas qu’elle m’ait endormi, qu’elle soit partie ! Pourquoi serait-elle partie ?! Elle a dormi blottie contre moi, je ne l’ai pas sentie me quitter ce matin… Je n’ai pas été des plus aimable avec elle hier soir mais elle n’a pas montré une seule seconde qu’elle comptait nous abandonner avec son p****n de masque en acier trempé.
J’essaye d’appeler inlassablement son téléphone, celui d’Aliénor, celui de Nikolaï… Personne ne veut me répondre ce qui ne fait que me conforter dans l’idée qu’elle est bien partie avec eux… Mais bordel de merde pour quelle raison ?!! Est-ce qu’ils auraient pu l’enlever ?! Impossible… Elle se serait défendue…
Je tourne en rond et je regarde les caméras de surveillances qui achèvent de me convaincre… Elle est bien partie de son plein gré… Je suis atterré… Elle a osé me quitter… Quitter Gabriel… Je n’en reviens pas, ça ne lui ressemble pas…
Il déboule dans mon bureau comme le tonnerre, le téléphone à l’oreille et met le haut-parleur en claquant la porte derrière lui.
- Pourquoi tu as fait ça Serena ? Je ne comprends pas…
Je suis attentif immédiatement à la conversation que je prends en cours de route.
- Je voulais juste que vous sachiez que… Je suis partie de mon plein gré, je ne veux pas que vous me récupériez… J’ai besoin de prendre mes distances…
- Mais pourquoi p****n ?! m’exclamais-je en bondissant de mon fauteuil.
- Devon… Je suis désolée… Je dois vous laisser…Prenez soin de vous. A bientôt.
Je suis prêt à éclater comme une p****n d’éruption volcanique. Je me sens trahi au plus haut point par les seules femmes que je n’ai jamais pris la peine d’aimer.
- Il y a forcément une explication, marmonne Gabriel ? elle ne fuit pas sans raison… Quelque chose lui fait peur…
- Tu es perspicace, est-ce que tu as un début d’explication à communiquer avec moi ?! Répondis-je sèchement.
- Elle a passé la nuit avec toi ! C’est toi qui devrais me fournir une p****n d’explication Devon ! C’est toi qui es parfaitement incapable de contrôler tes nerfs !
- Je ne lui ai rien fait !
- Est-ce que tu en es sûr ?! Est-ce que tu connais encore les frontières du bien et du mal ?! Ce que tu as fait à Adena hier tend à démontrer le contraire !
- Est-ce que tu es en train de suggérer que ce qui arrive est ma faute ?!
- Je ne le suggère pas… Je l’affirme !
Il me plante là, je reste comme un con tout seul. Elle s’est barrée, avec Aliénor qui quant à elle se débrouille toujours pour obtenir ce qu’elle veut. Je suis hystérique de rage, incapable de contrôler la colère insatiable, les feux de l’enfer qui m’animent.
Je prends le temps de me calmer et de réfléchir puis je prépare un message respectueux, bien tourné, pour espérer obtenir une réponse de Nikolaï un peu moins évasive que celle de Serena.
Je n’arrive plus à travailler, je n’arrive plus à penser… Je ne sais plus où j’en suis… Je me sens tellement trahi, abandonné, incompris… Personne n’est de mon côté, personne ne comprend ce que je ressens…
Je vide la moitié du bar de mon bureau avant d’aller m’enfermer dans ma chambre. La porte du dressing est ouverte, Adena semble être passée prendre des affaires… Je m’allonge dans les oreillers où je sens leurs odeurs mélangées… Elles me manquent… Mais je les déteste… Une démone et une ombre… Ces saloperies de femmes perpétuellement enlisées dans leurs cycles de manipulation, de stratégies à la con… Que c’était plus simple quand j’étais hermétique à tout ça… A leur essence et leur aura… Elles nous envoûtent comme des putains de sorcières maléfiques et empoisonnent le peu de raison qu’il me restait encore… Ensuite elles nous poignardent le cœur, le lacèrent de leurs griffes acérées… Je ne sais pas si j’ai déjà eu si mal dans ma vie… Mal pour moi-même. D’avoir été aussi con d’imaginer que je pourrais tout avoir alors que tout ça n’était qu’une utopie. Juste un rêve que j’ai effleuré du bout des doigts… Avant de tout faire foirer.
Je n’ai pas passé une seule nuit sans l’une ou l’autre voire tous les quatre depuis notre retour… Depuis que je m’étais réveillé dans cette saloperie de château roumain menotté à Serena…
Je ne sais plus dormir seul…Et j’appréhende ce moment… Je ne fais rien d’autre de ma journée que ruminer ce que ces deux empoisonneuses m’ont fait.