Gabriel
Je suis complètement effondré, je n’arrive pas à croire qu’elle ait fui. Je ne trouve aucun sens à son départ, je sais qu’elle a agi d’instinct, elle m’a beaucoup fui moi. Seulement cette fois, je ne comprends pas pourquoi…
J’étais plus dur avec elle lorsque je l’ai rencontrée… J’ai eu du mal à briser sa carapace et je me suis montré trop confiant ces derniers temps.
Je n’ai rien vu venir parce qu’elle a travaillé sa capacité à me résister émotionnellement, j’ai toujours eu du mal à la faire s’ouvrir à moi, contraint de lui extirper les informations, j’ai mis du temps et de l’engagement ainsi que beaucoup d’amour et donc de ma personne. Pour elle. Parce que je jugeais qu’elle en valait bien toutes les peines.
Mais je l’ai suivi jusqu’ici et elle s’en va comme ça, m’abandonne sans prévenir en imaginant que ça va me convenir, que je ne vais rien dire et me montrer compréhensif comme toujours… à tempérer tous ces démons, leurs liens meurtriers les font complètement dérailler…. Et moi je suis là, au milieu de tout ça… à subir…
Je retourne au hangar où les hommes sont attroupés dans le grand salon et discutent avec animation.
- Serena est partie alors ? Demande Preston l’air compatissant.
- Est-ce que l’un de vous sait quoi que ce soit des raisons qui l’auraient poussée à faire ça ?
Des haussements d’épaules, des signes de tête négatifs… Je ne comprends rien…
- Vous lui avez parlé ? Demande alors James en me tendant un verre alors que je m’installe dans le canapé.
Je me sens complètement désespéré.
- Elle a seulement dit qu’elle était désolée. Elle a dit qu’elle était partie de son propre chef… C’est tout…
- Tu as essayé de parler à Aliénor ?
- Elle ne me répond pas… Nikolaï non plus, je crois qu’ils l’ont emmené mais ne veulent pas s’en mêler, ce qui me laisse penser qu’elle leur a demandé de l’aide pour partir…
- Je ne sais pas quoi te dire mon pauvre… Maugrée Bill en me donnant une accolade tandis que je me roule un joint.
- Elle t’aime Gabriel, elle te donnera rapidement des nouvelles, ajoute Scott pour tenter de me rassurer.
Mais ça ne fonctionne pas du tout.
- Si elle m’aimait, elle ne serait pas partie comme ça… Elle ne m’infligerait pas une telle souffrance, pas après ce qu’on a vécu ces derniers mois.
Je tire quelques bouffées pour tenter d’apaiser la béance de son absence, le tourment que provoque son abandon…
Puis sur un coup de tête, je bondis sur mes jambes et fonce à son bureau perché à l’étage. Je commence à fouiller partout, ses tiroirs, ses placards, son mini-bar, son ordinateur… Mais il n’y a rien. Pas le moindre indice susceptible d’expliquer sa fuite improvisée.
J’abandonne mes recherches avant de redescendre en trombe et je déboule dans le bureau de Jimmy qui n’a pas de sursaut lorsque j’ouvre la porte et reste parfaitement concentré sur la tâche qu’il effectue.
- Sors-moi les images de Serena depuis hier, s’il te plaît.
- Devon me l’a déjà demandé, grommèle-t-il en laissant ses affaires de côté.
- Est-ce qu’une information alarmante aurait pu lui parvenir d’une manière ou d’une autre ?
- Tout se passait comme sur des roulettes.
- Il y a forcément une explication ! M’envenimais-je en sortant de mes gonds.
- Essaye de te calmer Gabriel, exploser ne servira à rien, on en a déjà un qui pète les plombs…
- Ma femme est partie sans me donner d’explication et je devrais rester calme ?! Mais p****n vous ne comprenez rien ! J’en ai marre d’être toujours là à apaiser tout le monde et encaisser !
- Je m’en doute, tiens, le retour au ranch…
- Avance jusqu’au moment où elle me rejoint ici, avant d’aller se coucher.
Je suis le défilé aux caméras nerveusement, elle entre à la maison, parle avec Maria quelques instants avant de disparaître dans les étages, elle avait l’air nonchalant.
- Avance jusqu’à ce matin, quand elle ressort…
J’observe attentivement son départ tranquille… Elle savait comment s’en aller facilement… Elle est en pleine possession de ses moyens, et elle part… Comme ça… ça ne répond à aucune de mes interrogations.