*** Trois jours après mon entrée à l’hospice, un inspecteur de l’Assistance est venu me chercher, il m’a dit de faire mon ballot, que j’avais été placé chez une nourrice à la campagne, que nous partions tout de suite. Je m’en souviens très bien, c’était le 13 juin 1922. Malgré l’heure matinale, il faisait déjà chaud pour la saison. On a pris le train à la gare de Nantes, direction Châteaubriant, et on est descendu au Pavillon, la halte de Saffré-Joué, un passage à niveau au milieu de nulle part. Après, il a fallu marcher sous le soleil pendant des kilomètres. Pour protéger sa calvitie déjà bien avancée, l’inspecteur s’est protégé le crâne avec son mouchoir à carreaux noué aux quatre coins. Moi, j’ai enduré sans un mot malgré la soif qui me tenaillait. Par bonheur, à mi-chemin, on a traver

