* * * Comme un hôte qui traîne les pieds, peu pressé de quitter un lieu hospitalier, l’été avait tardé à s’en aller, s’éternisant jusqu’en octobre. Et puis, en quelques jours, l’automne lui avait ravi la place. En une semaine, les feuilles virèrent du vert au jaune et, rapidement, à l’orange brûlé. Les arbres des collines flambaient d’or, de cannelle, de safran et de pourpre. L’air matinal piquait le bout du nez. On ressortit vestes et chandails des armoires. Le jour de la foire, un ciel blanc, frais et lumineux, accueillit les marchands et les badauds. Les paysans comme Lucien et ses voisins de Régaussou, partis aux aurores, avaient guidé leurs vaches, leurs taureaux et leurs veaux sur les routes tortueuses. Docile, la vache Aubrac ne rechigne pas à cheminer sur de grandes distances. Une

