Le silence de la maison était lourd lorsque Camille entra dans le salon. Victor, assis sur le canapé, venait de rentrer du travail. Il avait desserré sa cravate, son visage fatigué, mais calme.
Camille s’arrêta devant lui, les bras croisés, les yeux chargés d’un mélange de colère et de défi.
— Victor, regarde-moi.
Il releva les yeux, surpris par son ton.
— Tu me trompes déjà, n’est-ce pas ? Tu as une maîtresse.
Victor fronça les sourcils, pris de court par la violence directe de l’accusation. Il ne répondit pas tout de suite. Il se contenta de la fixer, les lèvres entrouvertes, comme s’il cherchait les mots justes.
— Pourquoi tu ne dis rien ? lança-t-elle plus fort.
— Tu crois que je suis stupide ? Tu rentres tard, tu souris tout seul, tu es distant. Et maintenant tu veux jouer au muet ?
Victor soupira doucement, puis prit son téléphone sur la table basse.
— Camille, je crois qu’il vaut mieux qu’on parle calmement…
Mais à peine avait-il effleuré son téléphone que Camille s’interposa violemment.
— Tu ne vas nulle part avec ce téléphone ! cria-t-elle en le lui arrachant des mains.
— Tu vas appeler ta pouffe, c’est ça ? Tu crois que je ne vois rien ? Depuis quand tu caches ton téléphone, hein ? Depuis quand tu fais attention à ton apparence ?
Victor la regardait toujours sans mot dire. Pas parce qu’il n’avait rien à dire. Mais parce que le tumulte de cette femme, autrefois si chère à son cœur, ne lui inspirait plus ni peine ni colère. Juste du vide.
— Tu crois que tu es un homme ? continua-t-elle en ricanant.
— Tu n’as même pas le courage de me dire en face que tu es allé voir ailleurs. Tu es pathétique, Victor. PATHÉTIQUE !
Elle lança le téléphone sur le canapé et recula, haletante.
Victor se leva doucement, récupéra son téléphone sans dire un mot, puis la regarda droit dans les yeux.
— Tu m’as demandé si j’avais une maîtresse… Moi, je vais te poser une seule question, Camille : est-ce que ça changerait quelque chose ?
Un silence glacé s’abattit entre eux.
— Parce que toi, tu m’as trompé depuis longtemps… Mais pas avec un homme. Tu m’as trompé avec ton téléphone, ton indifférence, ton absence, ton mépris.
Camille détourna les yeux, serrant la mâchoire. Elle semblait prête à répliquer, mais aucun mot ne sortit.
Victor récupéra ses clés, enfila son manteau et se dirigea vers la porte.
— Je sors. Et ne t’inquiète pas, je ne te volerai pas ton précieux silence.
La porte claqua doucement derrière lui.
Voici le chapitre développé avec tension et émotion :
Victor quitta la maison sans se retourner. Le poids des paroles de Camille pesait encore dans l’air, mais lui, dans sa tête, il était déjà ailleurs. Il démarra calmement sa voiture, prit la route en direction du centre-ville. Là-bas, il savait qu’il trouverait un peu de paix. Et un sourire sincère.
Lyna.
Elle l’attendait à sa boutique d’habillement, comme souvent à cette heure-là, en train de discuter ou de ranger les rayons avec son amie de toujours, Djeneba.
Quand Victor arriva, il gara sa voiture juste devant la boutique. Lyna, depuis la vitrine, l’aperçut et son visage s’illumina.
— Regarde qui est là ! dit-elle à son amie avec un sourire complice.
— Le fameux Victor ? plaisanta Djeneba.
— Lui-même. répondit Lyna en riant doucement.
Victor entra dans la boutique, salua Djeneba poliment, puis s’approcha de Lyna. Elle lui prit doucement la main.
— Tu vas bien ? Tu as l’air fatigué…
— Maintenant que je te vois, ça va mieux. répondit-il avec une sincérité qui toucha Lyna.
Ils s’assirent un moment sur le petit canapé du fond, dans l’espace prévu pour les essayages. Djeneba les laissa discuter seuls, occupée à refermer quelques cartons.
Pendant ce temps, Camille, dans sa voiture garée un peu plus loin, observait la scène.
Elle était là depuis plusieurs minutes. Son regard était fixé sur la boutique. Quand Victor était sorti de la maison, quelque chose l’avait poussée à le suivre. Curiosité ? Doute ? Jalousie ? Peut-être tout à la fois.
Elle vit Victor entrer. Puis elle vit Lyna lui prendre la main. Les rires. Les regards. Et elle sentit quelque chose en elle se briser. Mais ce n’était pas de la tristesse. C’était de la rage silencieuse.
— Donc c’est elle… murmura-t-elle, les doigts serrant le volant jusqu’à en blanchir les jointures.
— C’est elle, la petite princesse qui te fait sourire alors que moi je ne vois plus tes dents depuis des mois ?
Elle ne descendit pas de voiture. Elle n’avait pas besoin de scandale. Pas maintenant. Pas là.
Au lieu de cela, elle redémarra doucement, ses pensées se bousculant.
— Tu vas voir, Victor… Tu veux jouer ? Très bien. Mais elle, elle ne sait pas encore à qui elle a affaire.
Elle rentra chez elle, silencieuse, glaciale, méthodique. Dans sa tête, un plan se formait déjà. Un plan qui n'avait rien à voir avec l’amour. Un plan construit par l’orgueil blessé et la jalousie amère.