Chapitre 12

1775 Words
La ligne venait d'être coupée. Fèmi déposa son téléphone et se redressa du canapé. Il éteignit la télé et déposa la télécommande sur la petite table qui était devant lui. Il ressentait encore d'énormes courbatures. Il rejoignit la cuisine pour prendre un verre d'eau et alla rejoindre sa mère pour trouver des anti-douleurs. Il lui annonça qu'il devrait recevoir une visite tout à l'heure, ce qui étonna un peu sa mère. - Hum, c'est un truc spécial ? - Non Mummy, juste une amie qui s'inquiète pour moi. Je lui ai dit que ça pourrait aller, mais elle a insisté pour passer. - Je pense que ça va te détendre. C'est pas tout le temps qu'il faut rester enfermé. Au même moment, la sonnerie retentit dans la maison, quelqu'un était au dehors. - Je vais ouvrir. - Non, laisse, je vais m'en occuper. Tu ne devrais pas trop bouger normalement. Mme Jasmine déposa Vignilé, la petite sœur de Fèmi dans son berceau. Elle avança vers l'entrée d'un pas rassuré. Elle ouvrit la porte à moitié et inspecta qui était là. Un jeune homme d'environ une trentaine d'années aux cheveux courts était devant la porte d'entrée du salon. Il portait des boucles d'oreilles en argent et le chewing-gum qu'il mâchait dans sa bouche lui permettait de dégager une haleine fraîche. Il avait mis un gros pantalon et un débardeur blanc. Une chaîne en argent pendait à son cou. - Bonjour madame. - Bonjour mon fils, comment tu vas ? Merci beaucoup pour hier. - Je vous en prie madame. C'est la moindre des choses que je pouvais faire. Il est là ? - Oui, entre, je t'en prie. Il est là. Sans toi, je ne sais même pas dans quelle situation on serait actuellement. Les parents vont bien j'espère ? - Oui oui, ils vont très bien madame. Merci. Mme Jasmine accompagna le jeune homme au salon. Elle le fit asseoir et l'invita à patienter pendant quelques instants. Elle entra dans sa chambre pour informer Fèmi qu'on était venu le voir, puis elle ressortit de la chambre et alla apporter un verre de jus d'orange au jeune homme. "Frérot, c'est comment ? Infiniment merci pour hier. Je te dois beaucoup", fit Fèmi en entrant au salon pour rejoindre le jeune homme qui l'avait aidé hier suite à sa mésaventure. - Je t'en prie frère. Comment te sens-tu ? Ces gens-là sont devenus plus agressifs qu'avant. Ils ne veulent rien faire, mais ils veulent tout gagner. - Je ressens toujours la douleur, mais plus comme hier nuit. Je viens même de prendre des anti-douleurs. Et vraiment merci encore d'avoir été là pour moi. Je ne m'étais même pas rendu compte de ce qui se passait. Tout est arrivé en une fraction de seconde et me voilà à terre. Jusque là, j'ai toujours de vagues souvenirs sur ce qui s'est réellement passé. - Tu as pu faire une déclaration de perte au commissariat déjà ? - Non pas encore, je me disais que je le ferais d'ici ce soir. A vrai dire, je ne suis pas encore sorti de la maison depuis hier nuit que tu m'as ramené. - Tu n'as pas pu reconnaître quelqu'un parmi tes agresseurs hein ? - Non, pas vraiment, tout est allé vite. - Ce serait très judicieux de vite aller déposer une plainte, si tu as un peu de chance, les policiers pourraient vite te retrouver ta moto. Mais là maintenant, ta santé avant tout bien sûr. Faudrait que tu puisses être capable de mieux te sentir et bouger sur une longue distance. - Tu as raison, je vais un peu me reposer et aller au commissariat du 10ème tout à l'heure. - Je peux peut-être t'emmener si tu veux. Tu auras moins de tracasseries pour toi seul. - T'inquiète frérot, je vais y arriver seul. Je suis un homme. Après tout, faudrait quand même que je sois plus fort que ça n'est-ce pas ? Fèmi fit un clin d'œil et les deux éclatèrent de rire. - Dis-moi, tu as pu informer Mr. Vigan déjà ? - Non, pas encore. Il doit être très occupé actuellement avec toutes ses occupations du travail. Je pense l'informer d'ici peu, dès qu'il nous contactera. Fèmi et sa mère n'avaient informé personne que Mr. Vigan était en prison. Ils avaient tous l'habitude de dire aux gens qu'on l'avait affecté ailleurs pour son travail et qu'il ne reviendrait pas de sitôt. La vérité est que Monsieur Vigan avait été emprisonné pour une histoire de détournement d'argent. _____FLASHBACK_____ En effet, autrefois, après avoir perdu sa femme et sombré dans une grosse dépression qui a failli lui coûter la vie, Mr. Vigan fit la rencontre de Mme Jasmine dans le supermarché où il était allé acheter des produits de premiers soins. Mme Jasmine avait insisté pour le soigner et il rentra ce jour avec une nouvelle lueur d'espoir dans son cœur. Sa femme, sa moitié était décédée, mais il voulait désormais vivre pour lui même. Il avait pris certaines résolutions et s'était juré d'accomplir des actes qui honoreraient sa femme depuis l'au-delà. Les jours qui suivirent, il devient moins distant avec l'extérieur. Il restait sur sa terrasse pour regarder les gens passer devant sa maison. Il regardait les enfants jouer et il prenait peu à peu plaisir à recommencer une nouvelle vie. Il sortait des fois certains soirs pour se promener dans le quartier, histoire de faire quelques petits achats et aussi changer un peu d'air. Il avait passé trop de temps à éviter ses connaissances et proches que même en cet instant et vu son état émotionnel, il lui serait difficile de retourner vers certains sans recevoir en retour un rejet de leur part aussi. Il devait s'habituer à une vie solitaire désormais et peut-être plus tard, il essaierait de recoller les morceaux avec ses plus proches connaissances. Ce ne serait pas facile, mais dans la vie, il faut toujours essayer avant de ne plus rien espérer. Trois semaines plus tard, il se rendit dans le supermarché qui n'était pas loin de chez lui. Il vit Mme Jasmine entrain de nettoyer le sol. Au premier regard, il pensa acheter une fleur pour cette dame qui l'avait soigné la dernière fois, mais cela ne lui avait pas traversé l'esprit jusqu'à ce qu'il fasse son entrée. Devrait-il se retourner ? Devrait-il trouver quelque chose d'autre à offrir en guise de remerciement ? Il hésitait et était sur le point de ressortir quand Mme Jasmine se redressa et les regards des deux se croisèrent. Mr. Vigan avança et fit quelques détours dans les rayons de chocolats et il s'offrit quelques uns avant de s'approcher de Mme Jasmine. Il n'avait pas voulu attirer l'attention du caissier qui était en même temps le propriétaire du supermarché. C'était un risque qu'il ne fallait pas prendre, puisqu'une mauvaise interprétation de la part de ce dernier pourrait entraîner le renvoi systématique de Mme Jasmine, ce qu'il voulait à tout prix éviter. Il s'approcha à pas sûrs et lents de Mme Jasmine qui s'était remise à nettoyer le sol. - Bonjour madame. Vous allez bien aujourd'hui ? - Bonjour monsieur, je vais bien et vu votre bandage qui n'est plus à votre poignet, je pense que ça va en mieux chez vous aussi. Elle lui offrit un sourire. Depuis la dernière fois que Mme Jasmine lui avait soigné sa blessure, les deux ne s'étaient pas encore revus. Cela a pris quelques jours et la blessure se cicatrisa petit à petit jusqu'à ce que Mr. Vigan n'ait plus besoin de bandage pour la couvrir. Il s'était occupé de ça seul et à vrai dire, il n'était plus revenu dans le supermarché depuis. Même s'il avait pris un peu goût aux promenades en soirée des fois, sa solitude se manifestait toujours ; ne serait-ce qu'un peu. - Vous êtes très minutieuse vous, on dirait. - Je suis une personne qui s'occupe du nettoyage et de l'entretien, que voulez-vous que je fasse ? Elle ria timidement, un grand sourire se dessina sur le visage de Mr. Vigan. - Je voulais vous remercier pour votre aide de la dernière fois et pour vos gentilles paroles. Vous avez refait vivre en moi une personne qui était sur le point de mourir. Merci infiniment. - (Toujours entrain de nettoyer le sol) Vous n'avez pas à me remercier dis donc. Je n'ai fait que m'occuper d'un client du supermarché. Ça me fait plaisir de vous voir en bon état comme le supermarché en ce moment. C'est ce qui fait mon bonheur, que les gens que je rencontre soient heureux. - Et vous avez réussi cela. Il y a t-il d'autres clients envers qui vous avez eu ces attentions sympathiques ? Je devrais les rencontrer pour qu'ensemble on décide d'organiser une soirée pour la personne la plus humanitaire qu'on connaisse. (D'un air taquin) Elle ria. Mr Vigan remarqua le léger écartement entre ses deux dents de devant. Elle n'était en aucun cas mal à l'aise pendant leurs discussions. Bien qu'en travaillant, elle ne semblait pas avoir un quelconque gène ou un sentiment d'inconfort comme certaines femmes auraient pu avoir en présence d'un homme qu'elles ne connaissaient pas bien. Surtout sur leur lieu de travail. - Je pense bien que vous me devrez plus qu'un dîner de Gala. Puis on profitera pour collectionner des fonds aux orphelins et autres... (Elle ria) Je plaisante. Vous n'avez rien à me devoir je vous assure. C'est gentil de votre part, merci. - Okay... Si Mme ? - Mme Jasmine. - Pardon, j'avais oublié. Si Mme Jasmine veuille bien, j'ai un petit cadeau à lui offrir. - Je suis désolée, mais là je suis sur mon lieu de travail. Je ne peux rien accepter de votre part. Et aussi, si le patron ne vous voit pas sortir d'ici une minute ou deux, il va commencer à se douter de quelque chose. Ça pourrait porter préjudice pour nous deux s'il se ramène ici tentant de savoir pourquoi vous ne circulez plus dans les rayons. - Oups, pardon ! J'ai failli oublier où on était. Je ne vais pas vous déranger encore plus. Disons à la prochaine. J'étais venu faire quelques courses et profiter pour vous remercier. - D'accord, ravie que vous alliez très mieux maintenant et que vous ayez tenu compte des choses que je vous avais demandées. Passez une agréable journée, Mr ? - Mr. Vigan. - Vous voyez, moi aussi je l'ai oublié. Vous n'êtes donc pas le seul à avoir oublié le nom. (Elle afficha un grand sourire) Bonne journée Mr. Vigan. - (Mr Vigan avec un léger rire) On est quitte maintenant. Agréable journée à vous aussi.
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