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Cécile ou les Passions

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Extrait : "Tu crains, dis-tu, de me fâcher, ma bonne petite Pauline, en continuant à te moquer de ce comte de Montford, que tu t'imagines devoir être un jour mon époux. Tes craintes sont mal fondées; tu peux te livrer tout entière à tes pensées malignes ; poursuis, ma bonne amie, et souviens-toi qu'il y a deux choses décidément impossibles : la première, que Cécile cesse d'aimer Pauline ; la seconde, qu'elle s'appelle jamais comtesse de Montford."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN

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Préface-1
Préface Jean-Jacques publia la Nouvelle Héloïse, parce qu’il connaissait son siècle, et que les mœurs de son temps l’engageaient à faire paraître un roman d’amour, sous les auspices d’une cour galante et d’un public frivole. Si je livre à l’impression les Lettres suivantes, c’est au contraire malgré les mœurs qui m’environnent ; c’est, j’ose le dire, contre le mouvement même du siècle et la tendance des esprits. Une marche rapide, violente, a entraîné, depuis trente années, la société entière à travers tous les écueils. Deux passions dont le prix est de valeur inégale, mais également séduisantes pour les âmes élevées, la liberté et la gloire, ont enivré tour-à-tour le peuple le plus mobile et le plus passionné de l’Europe. Les évènements se sont pressés ; les chutes, les triomphes, les revers des partis, les défaites inattendues, les espérances trompées, les regrets amers, les dévouements héroïques, les défections, les bassesses surprenantes ; tout ce que madame de Sévigné nommait ces grands étonnements des peuples, se sont multipliés sous nos yeux. Cette éducation politique donnera ses fruits plus tard ; et tout porte à croire que ses leçons ne seront point perdues. Mais dans le moment où j’écris, un sol si longtemps agité n’a pu se rasseoir encore ; les esprits ébranlés violemment ont conservé quelques traces de l’impulsion fébrile que la révolution leur avait communiquée. On peut le dire sans exagération, la négligence de l’avenir, la précipitation des jugements, la légèreté des actions, le besoin de jouir vite, l’impatience enfin, sont les principaux caractères de cette époque, qui succède immédiatement à la plus grande secousse que le monde moral et politique ait éprouvée. Il semble que l’on redoute un nouveau caprice de la fortune, et que l’on se hâte de vivre. Les entreprises qui demandent de la patience et de longs travaux ne trouvent plus d’hommes assez courageux pour s’arracher aux délices du présent, et préparer les succès futurs. On ne gagne plus l’opulence ou la renommée, on veut les conquérir. Cette précipitation inquiète envahit tout le corps social et domine toutes les intelligences. Les jouissances de l’esprit elles-mêmes se sont empreintes de ce caractère de l’époque. Si madame de Sévigné faisait ses délices de la lecture aride du métaphysicien Descartes ; si les têtes les plus frivoles de son temps connaissaient la philosophie de Gassendi, dont Ninon de l’Enclos était la première prosélyte ; c’est qu’une certaine stabilité dans l’état social, achetée il est vrai par une humiliante compensation, la servitude, engageait les esprits à se nourrir d’aliments solides, et favorisait le besoin d’étudier et de connaître. Les loisirs des grandes dames acceptaient pour amusement les détails fastidieux dont La Calprenède remplissait ses romans in-quarto ; la patience des lecteurs du dix-septième siècle ne peut se comparer qu’à l’avide impatience des lecteurs du dix-neuvième. Aujourd’hui tout développement fatigue ; les incidents doivent se succéder comme les vagues de la mer, pour que le livre ne soit point rejeté à la dixième page ; à peine permet-on à un caractère de se dessiner, à une passion de se montrer, que l’on veut de nouvelles passions et de nouveaux caractères. L’analyse des sentiments paraîtrait insupportable ; l’éloquence du cœur n’arriverait elle-même à l’esprit que si, à force d’art ou d’audace, on la jetait pour ainsi dire à l’improviste, au milieu du fracas des évènements. Le public ne demande aux écrivains que de tromper son ennui par cette variété de tableaux qui frappent l’imagination, comme les décorations de l’Opéra frappent les sens. Étrange situation de la littérature, dont une sévère misanthropie accuserait la vieillesse d’un siècle blasé, mais que je me contente d’observer comme le résultat nécessaire des longues inquiétudes, du déplacement de tous les intérêts, de l’incertitude de toutes les existences. Le roman par lettres était précisément le genre d’ouvrages dont la vogue devait s’affaiblir davantage, au milieu d’un public ainsi disposé. Ces détails de mœurs, ces peintures de sentiments, ces analyses de passions qui constituent la perfection du genre où Richardson et madame Cottin ont excellé, échappent au coup d’œil rapide qu’une attention fugitive accorde maintenant à ce genre d’ouvrages. C’est cependant, je l’avoue, une série de lettres que je publie : s’il y a quelque témérité dans cette tentative, ce n’est pas sans avoir réfléchi à cette espèce d’imprudence, et au goût particulier de mon temps, que j’ai osé la commettre. Après avoir examiné comment l’état moral de l’Europe avait influé sur les plaisirs de l’esprit, cherchons, dans la nature même du roman, si l’antipathie que j’ai signalée contre le roman épistolaire est fondée sur la raison ou née d’un caprice du public. Je ne me permettrai pas de remonter, comme l’évêque d’Avranches, jusqu’à Mathusalem pour trouver l’origine des romans ; mais il ne sera pas inutile à la question que je traite de chercher comment s’est établi, chez les nations modernes, le succès de ces fictions que le génie inventa, et que l’ancienne civilisation ne connaissait pas. La vie des nations fut d’abord héroïque et mythologique. Quand la société grossière se formait, les dieux étaient sans cesse présents à ces imaginations ardentes et crédules, et l’intervention des êtres surnaturels dut se mêler à la narration des faits sublimes, au récit des exploits accomplis par les hommes. L’épopée d’Homère est le roman de ces vieux âges. L’homme, aidé par une industrie naissante et luttant avec la nature, n’avait pas encore assez de confiance en ses forces pour être le héros de ses propres récits. Minerve, Apollon, Vénus, protégeaient sa faiblesse et planaient sur le champ de bataille, sur le palais des rois, sur l’autel des sacrifices. Les mœurs, les passions, les vices des hommes, dépendaient de la volonté toute-puissante des divinités. Si la vertu ou le courage élevaient un mortel au-dessus de ses semblables, aussitôt il cessait d’être homme, il était dieu. La société politique naquit ; et le roman ne put éclore, ni chez les Hellènes, ni chez les Romains. La vie civile absorba tout. On ne fut spécialement ni orateur, ni poète, ni jurisconsulte, ni sophiste, ni général ; on fut citoyen. La maison devint l’asile des plus vulgaires nécessités de la vie ; le Forum ou l’Agora étaient la véritable demeure de tout citoyen de Rome ou d’Athènes. L’existence des femmes, sans éclat et sans intérêt, se bornait aux soins du ménage et à l’éducation des enfants. Plus il y avait de simplicité, peut-être de grandeur dans cette manière d’envisager la civilisation, plus elle s’éloignait de celle qui devait donner naissance au roman. La peinture des mœurs privées aurait paru puérile, dans un temps où Ion ne connaissait que les mœurs publiques. L’imagination des poètes enfanta des fictions épiques, dont les dieux et les demi-dieux étaient les acteurs ; ils ne pensèrent jamais à choisir pour texte exclusif et particulier les peines et les plaisirs de l’homme, ses joies domestiques, encore moins l’observation délicate de ces nuances de passion, qui s’effaçaient dans le grand mouvement des esprits et des affaires. Cependant le luxe, en s’étendant, éteignit peu à peu cette flamme patriotique qui animait la société. C’est quand la vie civile des sociétés antiques commence à disparaître, que le roman commence à se montrer. Les Asiatiques, dans leurs fables milésiennes, racontent les aventures d’amants malheureux, que le sort sépare et réunit tour à tour. Pétrone, qui semble avoir écrit son ouvrage sous les Antonins, et non pas sous Néron, s’amuse à retracer, avec la naïveté du vice et l’élégance d’un homme de cour, les scènes d’une vie dissolue. Le platonicien Apulée, dans une allégorie à laquelle il mêle des récits de mœurs populaires, et dont le fond est emprunté aux Grecs, se moque des sorciers et des prêtres. Au temps où florissait Lycurgue, où tonnait Démosthène, où Rome écoutait Cicéron, qui aurait prêté l’oreille à ces narrations ingénieuses ? On n’a pu trouver quelque plaisir dans ces premiers essais de l’art du romancier, qu’au moment où les peuples, voyant leur existence sociale détruite, perdirent de vue les intérêts de la liberté et de la patrie, et se réfugièrent au sein de la famille. Le roman fut, pour ainsi dire, le dernier produit, le résultat définitif de la civilisation. Le christianisme changea le sort des femmes, et rétablit l’égalité entre elles et le s**e plus fort qui n’avait cessé de les tenir dans une servitude domestique. La passion de l’amour se développa sous toutes ses formes. Les mœurs antiques, si simples et si grandes, furent remplacées par une Complication d’intérêts que la féodalité vint encore embrouiller. C’était un mélange de liberté tyrannique, de servitude oppressive, de platonisme et dépassions brutales, de dévotion et de crimes, un chaos qui n’était pas sans quelque grandeur, et dont la nuit profonde fut sillonnée par des vertus éclatantes. L’étude des hommes devint plus difficile et plus intéressante, comme une matière plus complexe et plus hétérogène offre plus d’attrait aux expériences du chimiste. Quand tous ces éléments disparates se confondirent, quand la société reprit une situation fixe, sous la monarchie absolue de Louis XIV, les souvenirs et leur influence modifièrent la littérature. Il n’y avait plus pour les sujets, ni patrie, ni esprit national, ni intérêt public : le roman véritable, celui qui retrace les faiblesses et les passions de l’humanité, s’éleva naturellement du sein de la société même. Je ne m’arrêterai point sur les essais des écrivains diffus, qui commentèrent, en style de plaidoirie, les chroniques anciennes des exploits de Roland et d’Amadis. La chevalerie était éteinte ; son souvenir avait du prestige ; les romanciers essayèrent de s’en emparer. Ce genre devait avoir quelque succès sous le règne d’un monarque dont le despotisme s’environnait encore d’une sorte de majesté chevaleresque. L’empire des femmes n’avait cessé de s’agrandir ; elles furent les créatrices du roman de passions. On n’avait pas tenté d’analyser le cœur humain, dans ses émotions les plus tendres, de donner pour seuls mobiles à une fiction les développements et les combats de l’amour, avant madame de La Fayette. D’Urfé, peintre fade d’une passion monotone et fausse, n’avait donné au public qu’un tableau sans vie, et pour ainsi dire monochrone, d’une seule teinte langoureuse et fatigante : le besoin de ce genre d’ouvrages se faisait dès lors si vivement sentir, que tout cet ennui, distribué en douze volumes, avait joui d’une grande réputation, et trouvait partout des lecteurs, avant que la femme spirituelle que je cite n’eût publié sa Zayde. Telle est, je crois, la naissance du roman. C’est de la vie privée qu’il s’occupe, c’est dans les secrets replis du cœur qu’il descend. Madame de Tencin et plusieurs autres écrivains de la même époque montrèrent un rare talent d’observation, une extrême finesse de vues, dans le genre que madame de La Fayette avait créé. Cependant il était réservé à un homme de reproduire toute la société moderne dans un roman : cet homme est Le Sage. Aucune émotion du cœur, aucune des variétés de la passion de l’amour, n’avaient échappé aux femmes dont je parle : aucun des vices de nos mœurs, aucun des ridicules de nos sociétés modernes, ne restèrent cachés à l’auteur de Gil-Blas. Il créa le roman des mœurs. Ce La Fontaine des romanciers, naïf par la force même et la franchise de son génie, varié comme la vie humaine, instructif comme l’expérience, est à la fois triste et plaisant comme elle. Les Anglais, qui avaient combiné par un singulier bonheur l’esprit national et le patriotisme antique, avec l’aristocratie née de la féodalité, eurent à la fois des mœurs publiques et des mœurs privées, mélange inconnu aux anciens. Un climat sombre les forçait de se réunir plus souvent sous le toit de la famille, et leur inquiète indépendance se serait révoltée contre l’inquisition hardie qui eût osé v****r le secret de ce sanctuaire. Ils créèrent un mot pour exprimer tous les plaisirs du coin du feu, tout le bonheur de la propriété, toute la liberté d’action qu’ils voulaient conserver dans leur vie privée ; c’est le home, le chez soi, terme ignoré du reste de l’Europe, et qui ne pouvait être que l’idiotisme spécial de ces insulaires. Le roman consacré à retracer les mœurs intimes se développa rapidement chez ce peuple ; et il faut avouer qu’il excella dans un genre qu’il aurait créé, quand même les nations étrangères n’en eussent pas conçu la moindre idée, et ne lui en eussent pas fourni le premier exemple. Aussi vit-on paraître en Angleterre des peintures sans nombre de ces coutumes privées, de cette intimité domestique à laquelle on attache tant de prix ; et tandis que Le Sage renfermait en trois volumes les leçons les plus plaisantes et les plus profondes de l’expérience sociale, les portraits les plus frappants de tous les travers de nos mœurs, Richardson, certain de plaire à ses concitoyens, écrivait l’histoire d’une famille comme on écrivait l’histoire universelle : n’oubliant aucun détail, ne faisant grâce au lecteur d’aucune particularité ; vrai et minutieux comme la nature, bavard et incorrect comme la passion ; ne vivant pour ainsi dire que de la prolixité même de ses détails, et trouvant le secret d’attacher ceux qui le lisent en délayant en huit volumes le simple récit d’une séduction. Diderot, dont le génie brûlant s’enflammait comme la lave et roulait comme elle des torrents de feu, mêlés de scories, a consacré à Richardson un dithyrambe en prose dont l’exagération a rendu moins plausibles les justes éloges qu’il renferme. Si l’on veut entrer pour ainsi dire dans le génie des mœurs anglaises, et considérer la famille comme le théâtre le plus intéressant pour l’homme, comme un drame dont la plus petite scène a du prix, on admirera chez Richardson la sagacité de l’observation, le coup d’œil vaste et varié du peintre, l’imitation exacte des tons les plus divers, la fidélité parfaite des détails, l’admirable unité des caractères, la vérité de tous, la profondeur de quelques-uns. C’est Richardson qui a donné au roman de mœurs, non la perfection la plus haute sous le rapport du goût, mais le plus de portée et d’étendue : c’est chez lui que se sont reproduits avec le plus d’exactitude et de variété ces détails de mœurs intimes, qui constituent le roman moderne.

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