Lettre VII CHARLES À ANATOLE. Rennes, 1786 Tes lettres, mon ami, ont fait un moment diversion à l’impatience que j’ai de te voir, en me faisant partager tes plaisirs ; mon cœur s’est mis à la place du tien, je n’ai pas perdu la moindre des impressions que tu as ressenties. Te voilà, mon cher Anatole, à la source de ce bonheur après lequel tu cours depuis si longtemps ; tu le cherchais bien loin, il t’attendait sous le toit paternel. À la lecture de ta dernière lettre, j’ai été tenté de faire un feu de joie de toutes les paperasses de mon procès, et de planter là juges, notaires, et procureurs, pour t’aller joindre quelques semaines plus tôt ; mais mon frère m’a tant répété qu’en abandonnant mes affaires dans l’état où elles sont, je compromettrais non seulement mes propres intérêts, ma

