Chapitre 8 — Sa cousine 8

725 Words
Éric Elle est restée longtemps dans la salle de bain. L’eau coule au-delà de la porte, comme un rappel lointain à la réalité, mais ici, dans la chambre, tout semble suspendu. Les draps encore chauds du corps de Jade. L’odeur de sa peau qui flotte dans l’air. Et moi, assis au bord du lit, le torse nu, encore frémissant. Je regarde mes mains. Elles tremblent légèrement. Ce n’est pas de la fatigue. C’est de l’avidité. Un manque qui revient aussitôt l’acte fini. Une dépendance nouvelle, insidieuse, silencieuse. C’est elle. Elle me consume. Elle m’entraîne dans un jeu où je suis perdant à chaque manche, et pourtant, je veux rejouer. La porte s’ouvre dans un souffle. Une buée légère envahit la pièce, suivie de son corps : Jade. Son corps encore humide, mi-dieu mi-démon. Les gouttes glissent sur ses hanches, sa poitrine, son ventre. Elle a noué une serviette à la taille, mais elle ne couvre rien. Au contraire, elle souligne. Accentue. Rend fou. Ses cheveux tombent en mèches lourdes autour de son visage. Elle ne me regarde pas tout de suite. Elle avance. Déposée dans le décor comme une évidence, comme une sentence. Chaque pas est lent, assuré, pesé. Elle sait ce qu’elle fait. Elle sait ce qu’elle est : une épée qui ne tremble pas. Puis elle lève enfin les yeux. — T’as cru que c’était fini ? murmure-t-elle. Sa voix est plus grave. Presque rauque. Plus lente aussi. Saturée de cette énergie étrange, dominante, possessive, maîtresse. Elle avance vers moi, impitoyable. Je ne recule pas. Mais je baisse les yeux, sans m’en rendre compte. Un frisson remonte le long de mon échine. — T’as joui et tu penses que ça suffit ? Elle s'arrête à quelques centimètres. Tu crois que c’est toi qui diriges ici ? Elle m’étudie comme on jauge un animal. Pas un amant. Un jouet. Un corps soumis à ses règles. Un homme déchu. — Lève-toi. Sa voix claque comme une gifle. Je me redresse. Instinctivement. Comme si je n’avais jamais eu d’autre choix. Elle pose une main sur ma nuque. Sa paume est chaude, ferme. Elle ne caresse pas. Elle prend possession. D’un geste brusque, elle serre. — À genoux. Je vacille. Mon souffle se coupe. Mon cœur cogne. Une partie de moi hésite. L’autre… l’autre est déjà à terre. Je plie lentement. Les genoux touchent le sol. Le contact froid me réveille à peine. Je suis nu. Exposé. Fragile. Mais terriblement vivant. Elle me surplombe. Je suis à la hauteur de sa serviette. Et elle… elle est le sommet. L’absolu. L’inatteignable. Sans un mot, elle défait le tissu. Le laisse glisser à ses pieds. Et me regarde, nue, sans cligner des yeux. — Tu veux me mériter ? Alors vénère-moi. Sa main plonge dans mes cheveux. Elle m’attire vers elle. Je ne résiste pas. Je me laisse guider. Mieux : je le veux. Ma bouche frôle sa peau. Mon souffle s’écrase contre sa chaleur. Lentement, je l’embrasse. Je la goûte. Je la respire. Chaque frisson qu’elle émet m’encourage, m’emprisonne davantage. Elle se cambre. Soupire. Garde ses doigts dans mes cheveux pour m’orienter, me dresser, me tenir. Ses cuisses m’enserrent. Sa voix devient rauque. — Plus bas. Plus fort. Tu veux que je t’appelle mon chien, c’est ça ? Je ne dis rien. Je m’applique. Je me perds. Sa respiration s’accélère. Ses jambes tremblent. Elle ondule contre moi, se tend, m’écrase presque. Et moi, je la tiens, la soutiens, la bois. Jusqu’à ce que son corps se tende tout entier. Jusqu’au cri étouffé qu’elle pousse, le souffle coupé, les ongles enfoncés dans ma nuque. Elle jouit sans réserve. Sans masque. Comme une impératrice qu’on célèbre. Et je suis son prêtre, son soldat, son suppôt. Elle recule, me regarde. Une lueur d’orgueil dans les yeux. Et quelque chose de plus profond, plus dur. De la jouissance, oui mais aussi une forme de supériorité, presque cruelle. Elle me pousse d’une main. — Regarde-toi. Je lève les yeux. Je suis à genoux, nu, le visage encore luisant, haletant. Elle est droite, puissante, intouchable. — Tu vois ? Ce n’est pas un adultère. C’est une descente. Et je suis ton point de chute. Je ferme les yeux. Elle a raison. Ce n’est plus du désir. C’est de l’adoration. De la dépendance. Et je n’ai jamais été aussi vivant qu’en me perdant sous elle.
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