Josephine

Promesse tenue

PDV Abraham

Je suis réveillée par la lumière du jour qui traverse les fenêtres de ma chambre. Je reste couché un moment le temps que mes yeux ne s’habituent à la violence de cet éclairage naturel. Je jette un coup d’œil à mon cellulaire. Il sonne 8 heures 34 minutes. Je vais devoir me préparer afin de me rendre au supermarché. Je compte prendre des vivres pour Josephine et sa grande mère, de quoi tenir six mois au moins. Je compte aussi leur prendre des cellulaires, un petit cellulaire pour grande mère et un androïd pour Josephine. Je me lève lourdement de mon lit pour la salle de bain. Je me débarbouille, je brosse mes dents et prends mon bain. Après quoi, je m’habille, je fais mon sac de voyage. Cette fois-ci, c’est une grosse valise et un énorme sac, je m’en vais pour un bon moment. Trente minutes après avoir fini, je sors de ma chambre.

Mohamed est déjà assis devant la télévision. Il se rend compte de ma présence puis retourne la tête dans ma direction.

-Bonjour grand frère.

-Ouais ça va ?

-Oui bien. Tu t’en vas à quelle heure ?

-Je sais pas encore exactement, et d’ailleurs j’aurai besoin de ton aide. Je dois d’abord me rendre au supermarché pour prendre quelques trucs avant d’y aller.

-Okay, si t’es prêt dis moi , on part.

-Déjà prêt alors je t’attends. Et tu me sortiras s’il te plaît mon sac et ma valise, de ma chambre, en venant. Lui consignai-je en m’asseyant sur le canapé.

-D’accord je vais me préparer. Fait-il en s’en allant.

-Surtout, prends tout ton temps. Ai-je répondu ironiquement.

Je l’attends donc en manipulant mon cellulaire. Quelques minutes après il revient puis nous embarquons mes sacs, avant de nous rendre au supermarché.

* *

*

Je suis en route à présent pour le village avec ma voiture pleine de vivres. Mohamed a pris un taxi pour la maison, une fois que nous avions terminé les courses. Il m’a été d’une grande aide. Je décide de rompre le silence avec un morceau de Fally Ipupa. C’est tout ce que j’adore comme style musical, la rumba. Je chantonne et me balance de gauche à droite en suivant le rythme de la chanson. Pour dire vrai je suis plus qu’heureux à l’idée de revoir Josephine. J’espère vraiment qu’elle se porte bien. Je le saurai dans quelques instants de toutes les façons.

PDV Josephine

Comme tous les matins depuis peu, je suis réveillée par les gargouillements de mon ventre. Je mange beaucoup plus chaque jour. Grande mère et moi sommes assises sous le manguier, comme d’habitude lorsque nous n’avons rien à faire.

-Mami, j’ai l’impression que mes seins ont pris deux fois plus de volume qu’avant.

-C’est normal, c’est le déroulement d’une bonne grossesse. Et si tu l’aurais pas remarqué, tes hanches se développent également.

Je me lève instantanément, je me retourne sur moi en m’observant, et Mami a totalement raison. Elle me rit au nez à cause de ma réaction.

-Ce n’est que le début , tu seras encore plus grosse dans quelques mois.

-Mais je n’en ai pas envi Mami.

-Tu n’as pas le choix ma chérie. Rigole Mami face à mon ignorance.

La dernière fois lors de mon rendez-vous pour la consultation, le médecin a dit que tout se passait bien pour ma grossesse. J’en suis à mon troisième mois. J’ai déjà des nausées, vomissements et quelques fois des vertiges me prennent. Tout cela fait partie de la grossesse, d’après ce que Mami m’a expliqué. Tout ce que je ne supporte pas par dessus tout, ce sont les courbatures. Mais grande mère a une petite astuce pour ça, un bon massage avec une pommade à base de menthe. Sans elle, je n’aurais pas pu m’en sortir, c’est clair. Mes yeux commencent à s’alourdir alors je décide de m’allonger près de grande mère.

* *

*

PDV Abraham

Je suis déjà à l’entrée du village. J’arrive dans les appartements que Monsieur Diouf m’avait attribué la dernière fois. Je ramène mon sac et ma valise a l’intérieur. Je prends un bon bain, avant de me rendre chez elles.

Je vois au loin, sous le manguier, Grande mère assise sur une natte et Josephine est juste à ses côtés, endormie je crois bien. Alors je gare près d’elles. Dès qu’elle m’a aperçu, grande mère se lève immédiatement et se dirige vers moi. Je sors de la voiture pour la rencontrer.

-Abraham!! Quel plaisir de te revoir!!

-Mama, comment vous allez? Lui ai-je demandé en m’inclinant par signe de respect.

-Je vais très bien et toi?

-Ça va mama.

-D’accord et à Libreville, ils se portent bien les gens là-bas?

-Très bien, ils vont bien.

Je regarde Josephine endormie.

-Dis toi, qu’elle est endormie depuis plus de deux heures. Et elle n’est pas prête de se réveiller maintenant.

Nous rigolons face à ces mots. J’ai l’impression qu’elle a pris énormément pris du poids.

-C’est normal, c’est la grossesse.

-Oui mon fils, allez assieds toi, je vais t’apporter de l’eau. Elle me pose un tabouret près de la natte et s’en va chercher de l’eau.

PDV Josephine

J’entends des voix au loin dans mon sommeil. Alors je me réveille très lentement. Mes yeux sont à présent ouverts. Je sens une présence juste près de la natte, derrière moi. Ça ne peut pas être Mami alors je me lève pour vérifier. Je me redresse puis je tourne pour apercevoir: Abraham. Je rêve? Ou ce n’est pas un rêve? Il est là, assis prêt de moi. Il me sourit. Il n’a pas changé mais il est encore plus beau. Sa barbe a un peu poussé et ça lui va.

-Bonsoir Josephine, bien réveillée?

-Euuuuh.. oui ça va et toi?

-Je vais bien aussi. Je viens juste d’arriver.

-Oui je constate cela.

-Tu m’excusera parce que mon retour a pris plus de temps que prévu, je devais gérer deux trois petits trucs.

-Non ce n’est pas du tout grave, l’important c’est que tu sois vraiment revenu.

-Oui.

-Et Mami?

-Je suis là, j’apporte de l’eau à Abraham.

Mami vient vers nous un bol d’eau en main. Elle le remet à Abraham.

Il pose le bol au sol après avoir bu.

-Merci grande mère.

-Je t’en prie.

-Hummmm..! Mama, j’ai ramené des vivres de la ville de quoi vous ravitailler pendant quelques mois. J’aurai donc besoin qu’on me prête main forte pour tout décharger.

-Mon fils ce n’était pas la peine de te déranger. Oui, je vais de ce part appeler quelques jeunes du village.

* *

*

Après que quelques jeunes aient aidé Abraham à tout décharger, grande mère leur a servi de l’eau à boire, et Abraham leur a donné de l’argent pour l’aide.

Nous sommes à présent assis sous le manguier. Mami et moi sur la natte et lui il revient de sa voiture avec deux sachets en main. Il s’assied en face de nous.

-Étant donné que c’est difficile qu’on se joignent et tout, alors j’ai décidé de vous prendre deux cellulaires. Mami ça c’est pour toi et ça c’est pour toi Josephine. En remettant à chacun ce qui lui était réservé.

J’ai un énorme téléphone à la main, comme ceux de la ville.

-Un grand cellulaire comme on voit à la télévision, comme ceux que les filles de la ville ont??

-Oui Josephine, tu as vu juste, c’est cela.

-Merci beaucoup mon garçon pour tout ce que tu fais pour nous. Que Dieu te le rende. Merci infiniment.

-Je vous en prie, c’est rien tout ça.

-Oui merci énormément pour tout ça.

-Je t’en prie Josephine.

-Alors tu reste où dans le village? Demande grande mère.

-Je reste au niveau des résidences près de l’école.

-Ah les belles petites maisonnettes la? Demande grande mère.

-Oui c’est à ce niveau.

-Et en parlant de cela, j’aimerais que Josephine m’aide désormais pour la cuisine. Elle sera payée à la fin de chaque mois, le temps de mon séjour. Mais si sa grossesse l’empêchera de le faire, je vais-

-Josephine? Me demande grande mère.

-C’est d’accord, en plus je ne fais absolument rien à la maison.

-Super, nous allons mieux en reparler demain. Je suis très épuisé donc je vais demander à partir.

-D’accord, mais mon fils tu sais au moins ce que tu pourra manger ce soir?

-Non pas encore mais je verrai quoi faire.

-Et si tu revenais plutôt chercher ta nourriture ce soir? Nous allons le faire.

-Ne vous déran-

-Tu veux peut être me vexer?

-Non mama.

-Alors accepte, au coucher du soleil, aux environs de 19 heures.

-D’accord, je profiterai pour vous apprendre à utiliser ces cellulaires donc.

-C’est compris.

-A plus tard. Fait-il en me regardant.

Nous l’avons raccompagné à sa voiture avant qu’il ne s’en aille.

Je cache très bien ma joie en ce moment, il a tenu à sa promesse. Il est revenu.