Chapitre 20 : Point de vue de Meredith. Le médecin venait à peine de franchir le seuil que Madame Béatrice, droite comme un pieu, annonça d’une voix qui claquait : — Le petit-déjeuner vous attend. Son ton avait la froideur d’un ordre militaire. Je me levai sans un mot et suivis les pas mesurés des domestiques jusqu’à une table soigneusement dressée près de la fenêtre. L’un d’eux tira ma chaise, un autre posa une serviette immaculée sur mes genoux. Chacun de leurs gestes semblait réglé à la seconde, presque mécanique, comme s’ils dansaient une chorégraphie qu’ils connaissaient par cœur. Les plats alignés devant moi formaient un tableau de perfection : crêpes dorées, fruits luisants, pain grillé encore fumant, théière argentée d’où s’élevait une vapeur fine. J’inspirai profondément

