Chapitre 98 : Meredith. Ce matin, mon palais semblait déserté de toute saveur. Chaque gorgée, chaque bouchée m’apparaissait sans relief, une sensation d’insipide persistante qui semblait s’être installée pendant la nuit. Il fallait dire que j’avais enchaîné les tasses de cette infusion étrange : une hier soir, une autre dès le réveil. Mon corps, visiblement en état de guerre contre ses propres limites, digérait encore les excès et la trahison de la veille. Pourtant, la faim me tenaillait avec acharnement. Une faim brutale, mécanique, comme si un vide intérieur avait avalé mon dîner et réclamait sa part de vengeance. Je m’avançai dans le couloir, tentant de retenir un bâillement qui menaçait de m’échapper, et faillis percuter Dennis. — Parfait timing, lança-t-il, sourire aux lèvre

